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La paix en Casamance : Une priorité selon Borom Ndame

A l’occasion du conseil des ministre de ce mercredi 05 février 2014, au titre de sa communication du jour, le Président de la République a abordé dans un premier point, la question de la consolidation de la paix et du développement durable en Casamance. Le Chef de l’Etat a rappelé l’espoir suscité par les actions annoncées lors du Conseil des Ministres délocalisé à Ziguinchor du 28 juin 2012, destinées à la prise en charge de la stabilité et de l’équipement de la Région ainsi qu’au bien-être de ses populations. Le Président de la République avait décidé, par la même occasion, de faire de la région naturelle de Casamance, le Pôle expérimental de l’Acte 3 de la décentralisation.

Nous lui rappelons par devoir les recommandations de Serigne Khadim Gaydel Lô Borom Ndame pour un règlement définitif de la guerre en Casamance. C’est un mémorandum rédigé à l’endroit des sénégalais particulièrement à la jeunesse chrétienne estudiantine  qui l’avait invité en 2012 lors d’une rencontre nationale à Thiès

Bismillahi Rahmani Rahim. (Au nom d’Allah, le bienfaisant, le miséricordieux).  

Loué soit le Seigneur de l’Univers qui nous a créés différentpour que nous nous connaissons et vivons en paix et harmonie!

Chers Frères de foi, chers compatriotes.

C’est avec un plaisir immense que j’ai eu écho de cette rencontre. Je vous en félicite car l’initiative se juge à l’aune de la jeunesse citoyenne et de la religion participative. N’eut été un calendrier extrêmement chargé, je me ferai l’obligation d’y assister personnellement. Etant empêché je ne pouvais néanmoins manquer de vous écrire ces lignes pour manifester tout mon intérêt à ce projet. En outre c’est un intérêt singulier que je porte permanent à tout ce qu’entreprend la communauté catholique à fortiori la jeunesse consciente de mon pays.

Au – delà même de ces augustes considérations, voila un thème ; une initiative de paix, qui me concerne au premier plan en tant que guide religieux soucieux du bien- être de

ses disciples et de ces concitoyens repartis aux quatre coins du Sénégal et donc habitant cette région si meurtrie.  

Chers responsables de l’église, sachez qu’en organisant cette rencontre, vous êtes en symbiose avec les écrits de la sainte Bible qui proclame majestueusement cette épigraphe : « bienheureux les artisans de la paix !… »

Au demeurant ; en invitant les autres communautés religieuses de ce pays vous posez les jalons d’une coopération qui si elle est poursuivie et maintenue peut être la solution des crises multidimensionnelles de ce monde à savoir le dialogue interreligieux. En effet la religion ne peut être pas confinée à la seule sphère privée. Bien au contraire, l’exercice de la foi en ce qu’il constitue forcément un phénomène de société est une partie composante de la sphère publique. Ainsi ce dialogue interreligieux trouve sa plénitude dans le processus de recherche de la paix en Casamance car il est l’expression et le reflet des concepts d’utilité sociale et de la citoyenneté participative.

En effet le principe de base qui soutient ce dialogue se trouve par ricochet être l’antidote de ce conflit c’est-à-dire que noussommes frères en humanité et au nom de cette fraternité, nous devons discuter …Bien plus que cela, nous devons agir ensemble pour l’harmonie de notre monde. C’est du reste, ce que nous apprend le Coran quand Allah proclame en la Sourate 5, verset 48: « …Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté. Cependant, c’est pour vous mettre à l’épreuve, eu égard à ce qu’Il vous a donné. Rivalisez de vitesse vers les bonnes actions. Vous retournerez tous à Dieu. Il vous informera sur ce qui vous divise. »Ou encore enla sourate49, verset 13: «Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. »

Chers frères et sœurs qui se réclament du Prophète Abraham (que la paix soit sur lui) !

Je trouve que ce mot « fraternité. » doit être le substratum sur lequel doit se poser toute initiative qui vise la paix en Casamance.

En effet, depuis 1980 ; soit plus de trois décennies, la belle région Sud du Sénégal est en proie à une violence ineffable et insoutenable. Que de vies humaines perdues ! Que de sang versé ! Et s’il est vrai que les conséquences au niveau socioéconomique sont dramatiques, il demeure que la détresse quotidienne des fils de l’enclave casamançaise est incommensurable. Des milliers de personnes ont quitté contre leur gré leur terre natale. Du fait des mines ; des compatriotes ont perdu l’usage de leurs membres et malgré le cantonnement militaire la crise perdure. Ce qui est sur c’est que la réponse ne saurait être militaire car force est de constater que la politique du tout militaire ou du tout répressif ne fit que renforcer la crise. Face à ce constat d’aucuns ont pensé que la régionalisation initiée dans les années 1990 pouvait être la réponse a l’irrédentisme identitaire. Nonobstant cette décentralisation poussée des collectivités n’a pas engendré les résultats escomptés. Ceci était prévisible du reste cartoute nouvelle transformation institutionnelle et politique qui n’est pas appropriée par les systèmes communautaires en place est vouée à un échec certain. En conséquence,ce qui, au départ, était perçu comme un conflit local est devenu une crise internationale qui affecte l’ensemble des pays des Rivières du Sud.

La solution à la crise casamançaise ne saurait être militaire ou seulement politique.  Pour une paix véritable ; un dialogue véritable et sincère doit s’instaurer et c’estàce niveau que votre initiative d’aujourd’hui trouve toute sa portée. L’aspect culturel pour ne pas dire socio-religieux a longtemps été négligé dans la dynamique de recherche de la paix et elle est pourtant sine qua none pour la réalisation d’une paix multiséculaire et permanente.

Il s’agira de regrouper tous les acteurs de cette crise sénégalo-sénégalaise autour d’une table pour un aboutissement final : c’est-à-dire l’Etat ; le Mfdc et ses branches, l’opposition, la société civile, les natifs de Casamance, l’église, les guides musulmans.

Certes pour amener la paix, l’aspect économique est non –négligeable. De même le désenclavement de la région ; ne serait ce par le biais de la construction d’un pont sur le fleuve Gambie pourrait contribuer de beaucoup a atténuer les frustrations.

Nonobstant il s’agit de prime d’abord d’initier un dynamisme de réconciliation sous l’égide des hommes de l’église et de la mosquée. Une paix durable passe toujours parla nécessité de réconciliation des cœurs et des esprits, afin de s’engager dans les tâches essentielles au développement et à la survie de la nation dans sa diversité culturelle et ethnique.

Au demeurant cette approchen’est pas seulement valable pour la verte région de Casamance mais en fin de compte pour la majorité des conflits contemporains. En effet faceàla montée des intolérances et de l’exclusion, il est nécessaire de faire appel au devoir musulman d’hospitalité etàl’esprit chrétien des béatitudes. En écrivant cela, je pense à cette anecdote de l’histoire musulmane relatée par Ibn Hicham qui affirme qu’un jour lorsque les chrétiens de Najran virent voir le prophète Mohammad (Paix et

Salut sur Lui), il leur autorisa à célébrer leurs prières dans la mosquée même de Médine. 

Aussi face au conflit casamançais et bien d’autres qui secouent l’Afrique, les religieux qui ont l’héritage commun du monothéisme doivent faire appel à leurs ressources spirituelles propres pour espérer à des lendemains meilleurs.

Auguste audience !

Soyez sur que mes Talibés et moi ne ménageront aucun effort pour la poursuite de la paix en Casamance et ailleurs. Nous sommes disposes à travailler de concert  pour l’application de toutes les décisions issues de ce colloque. La terre de Touba Bagdad où l’on réside se veut le creuset du dialogue islamo-chrétien car nous pensons que les religions monothéistes qui se réclament d’Abraham « père du monothéisme », ont sans aucun doute bien des choses à apporter dans ce monde privé de lumière et de certitude.

Aussi nous ne cesserons de prier pour que la belle Casamance retrouve son lustre et sa paix.

Que le Seigneur tout puissant sème l’amour la où il ya la haine.

Dans sa bonté Qu’il remplace la détresse des Sénégalais par l’espoir ; la tristesse des populations du Sud par la joie.

Les serviteurs de Dieu les plus gracieux sont ceux qui marchent sur cette terre avec humilité et quand nous leur parlons, nous disons « Salam. » Que Dieu bénis les artisans inlassables de la Paix.

Amen

Ceci par considération pour notre honorable Maitre ; Cheikh Ahmadou Bamba (RA)

Fait à Touba Baghdâd le Vendredi 21 septembre 2012.                                                                              

Serigne Khadim Gaydel Lô

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