En ce début de l’année musulmane 1443, les esprits et les cœurs font le bilan de l’année écoulée avec beaucoup de sérieux et de gravité. La cause est simple : une année marquée par la crise sanitaire, cette catastrophe mondiale qui a changé le paradigme de la condition humaine en ce 21em siècle.
Catastrophe sanitaire dans le jargon populaire, ‘’Balaa’’ dans le jargon musulman si l’on peut s’exprimer ainsi. Cette pandémie soulève beaucoup d’interrogations tant sur le plan sociologique économique, sanitaire évidement que sur le plan religieux. Le monde a vu la Mecque en confinement total allant même jusqu’à annuler le pèlerinage annuel, un des piliers sacrés de l’islam. Beaucoup de mosquées dans presque tous les plus grands pays musulmans ont fermé pour éviter les rassemblements.
Le gouvernement du Sénégal a exhorté à la fermeture des mosquées (Recommandation très largement suivie par l’église et presque tous les foyers religieux) et demandé l’annulation de célébrations de quelque ordre que ce soit.
Mais c’est sans compter avec la confrérie Mouride avec à sa tête Serigne Mountakha MBACKE qui se distingue de fort belle manière face à cette pandémie :
- En étant la première autorité à sensibiliser sur les gestes barrières après avoir alloué une enveloppe de 200 millions CFA comme appui au gouvernement.
- Mais aussi en refusant de fermer la grande mosquée de Touba contre toute attente, et en incluant la distanciation entre les disciples dans l’enceinte de la mosquée lors des prières.
Ce fut ainsi le cas dans toutes les mosquées estampillées de la confrérie Mouride sur tout le territoire national.
Cela montre encore une particularité de Touba et de son guide : être à l’ère du temps et contribuer au développement socio-économique du pays mais aussi et surtout faire briller le drapeau de l’islam en toutes circonstances, fussent-elles de pandémie.
L’année dernière, à l’approche du Grand Magal de Touba 2020 (le plus grand événement religieux du monde en termes d’affluence avec plus de 5 millions de pèlerins) en pleine pandémie, tous les yeux et toutes les langues étaient dirigées vers la ville sainte de Touba.
Contre tous les pronostics, l’événement n’a pas enregistré un seul cas de covid. Le seul cas répertorié a été signalé dans le chef-lieu de région de Diourbel à 60 km de là.
Cette année 2021 ne fera non plus exception. En effet, des millions de pèlerins sont fin-prêts à aller célébrer l’islam par la lecture du Coran, la déclamation des Panégyriques de Cheikh Ahmadou Bamba et la distribution de nourriture à profusion.
Il va sans dire que le contexte de cette 3ém vague de la covid, avec son variant delta, est pris au sérieux comme jamais par les organisateurs du Magal, sous le Ndigeul (prescription) du vénéré Khalife Serigne Mountakha MBACKE.
En effet, ce variant est dix fois plus contagieux que le précédent et sa charge virale 1600 fois plus élevée. Mais ce n’est pas ce qui va faire reculer les disciples mourides à aller encore célébrer le départ en exil de leur guide. Il s’y ajoute que la vaccination est à un rythme soutenu avec pus d’un million de sénégalais vaccinés. Les mesures barrières sont exigées dans les lieux publics. Lors de la journée de prières demandée par le Khalife qui s’est tenue à Touba et partout ailleurs, autant il y avait du monde, autant chacun avait son masque bien fixé au visage.
Nul doute que ces consignes seront de rigueur lors du Magal 2021 tant attendu sur le plan religieux, que sur le plan économique avec un volume d’affaires pour le pays de 400 milliards en quelques jours seulement.
En définitive, le contexte de cette pandémie et son cortège conséquences terribles sur la société sénégalaise, nous aura appris beaucoup de leçons, sur la gestion de la cité par nos politiques, les comportements sociaux des sénégalais marqués par l’indiscipline et tant d’autres facteurs sur le plan géopolitique.
Mais la meilleure leçon que nous devons en tirer, est que la bataille, au-delà d’être sanitaire, est aussi et surtout communicationnelle. Et il n’y a pas meilleurs communicateurs que nos chefs religieux en qui nous croyons profondément.
Reste à espérer que nos dirigeants leur accordent la place qui est la leur dans ce monde que le capitalisme va perdre tôt ou tard.
Moussa Gueye/Chroniqueur khadimrassoul.net
