Netali Borom Ndame

NETALI : Le Cheikh et la pension du colonisateur!

Un témoin oculaire m’a raconté que, au début de l’exil du Cheikh, quand il se trouvait dans une des îles sauvages de l’océan Atlantique et que les coloniaux ne le distinguaient pas encore des autres expatriés, ils le convoquèrent pour lui remettre sa pension. Il se rendit auprès du colonial qui l’avait convoqué, une tablette à la main. Quand le colonial lui tendit la somme, il baissa la tête par colère puis saisit violemment l’argent de la main du colonial et frappa la table de sorte que les pièces de monnaie qu’il tenait dans sa main se projetèrent sur le colonial et lui firent mal. Alors, il commença à écrire le vers : « J’ai écrit dans la mer » … Puis il regagna sa place. Le colonial resta bouche bée. Quand il retrouva son calme, il comprit que cet homme, qui se conduisait de cette manière alors qu’il était exilé et subissait les plus dures épreuves, était indifférent à l’égard de ce monde. Dès lors, les coloniaux lui envoyaient sa pension, et il l’offrait toujours à celui qui la lui apportait. Celui-ci s’en allait tout heureux de son gain. Ceci continua jusqu’à ce que le chef colonial en prît conscience et remarquât le désir ardent des expatriés de servir d’intermédiaires entre lui et le Cheikh pour remettre à ce dernier sa pension. Il décida alors de garder la pension et de se contenter d’en informer le Cheikh. Celui-ci disait : « Conserve-là ». Cette attitude lui était dictée par le désir de respecter son devoir de reconnaissance envers Dieu et de demeurer fidèle à son engagement envers Lui.

Ensuite, il se mit à évoquer les Bienfaits pour en remercier Dieu après L’avoir loué, glorifié et Lui avoir renouvelé sa soumission et son obéissance alors qu’il se trouva dans l’état de la pudeur et dans la Station de l’intimité uni avec Dieu où il dit : « Ma main, mon corps et mon cœur appartiennent à Dieu, Qui m’a accordé des Dons incomparables aux miettes d’un subalterne ».

Extrait Minanoul Bakhil Khadim

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