« Cheikh Ahmadou Bamba avait l’habitude d’attendre, après avoir accompli une prière rituelle à la mosquée, la prière suivante. Où qu’il se trouvât et à tout instant, il attendait l’heure de la prière et écoutait attentivement l’appel à celle-ci. Il tenait toujours à se faire accompagner d’un muezzin qu’il prenait d’ailleurs en charge. Pour ponctuel que pu être le muezzin, le Cheikh le précédait toujours à la mosquée. Suite à ses fréquents séjours dans la mosquée, il finit, dans les dernières années de sa vie, par avoir dans le mur de la mosquée une fenêtre devant laquelle il s’installait pour recevoir les foules de mourides et de visiteurs, de quêteurs et demandeurs de fatwa de toutes les races. Pendant les quelques heures où il apparaissait devant les foules, le Cheikh satisfaisait les besoins de tous avec une admirable familiarité, une extraordinaire générosité et une étonnante distinction des questions abordées qui faisaient croire à chacun qu’il n’était là que pour lui. Sans la bénédiction divine, il n’aurait pas pu continuer à satisfaire les besoins de ces foules nombreuses de toute contrée et de toute obédience. La Baraka divine accroît l’importance et l’efficacité des bonnes actions menées avec la seule intention de complaire à Dieu. Pour sa piété et son amour de la dévotion, Cheikhoul Khadim habitait tout près de la mosquée. L’expression « il habitait » est sans doute inadaptée, car il n’a jamais construit de maison ni installé un lit pour s’y reposer. Pour nombreuses et luxueuses qu’elles fussent, ses maisons construites et meublées par des mourides riches, étaient réservés à la conservation des exemplaires du Coran et des livres de science. Il disait à ses fils : « Si je ne craignais pas que vous ne dormiez trop et que vous ne vous accoutumiez au repos, je vous offrirais ces tapis ». Il s’asseyait souvent par terre, et pendant ses brefs moments de repos, il s’étendait sur un lit en bois dur. Quel repos se donnerait un homme qui préfère une vie de mortification à une vie de confort ?
Abdoul Wadud Ibn Sidi Abdallah, le savant pratiquant, m’a dit qu’un jour il avait rendu visite à notre Cheikh et que celui-ci, assis à même le sol où les puces sautaient sur lui alors que tout près de lui se trouvait un lit luxueux et moelleux, touchait le lit de sa main et s’en moquait en disant : « Tu es certes moelleux, mais les lits du paradis sont plus moelleux que toi » ! (… ) »
Extrait Minanoul Bakhoul Khadim de Serigne Bassirou Mbacké, Chapitre 5, SA CRAINTE DE DIEU
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