Netali Borom Ndame

NETALI : Les relations tendues entre le Cheikh et les autorités coloniales du Gabon !

« Thahlân, le mont allongé ne peut être ébranlé », aurait dit le gouverneur de Mayumba, le persécuteur francisant qui détenait alors tous les instruments de torture. Ce fut un véritable diable revêtant la forme humaine, qui infligeait au Cheikh toutes sortes de peines : parfois il l’intimidait par la parole, parfois il le menaçait avec des armes, espérant que le Cheikh s’assouplirait, le respecterait ou lui reconnaîtrait une influence quelconque dans ses affaires ce qu’il lui fut impossible d’obtenir.

Il m’a raconté que, armé, cet homme se rendit un jour auprès de lui au moment où il rédigeait certaines de ses prières secrètes, et le menaça en ces termes : « Ne cesses-tu pas de résister ? Ne sais-tu pas qu’on ne me donne un ordre à ton sujet que je ne l’exécute » ? Il voulait par-là insinuer l’éventualité d’une décision relative à l’exécution du Cheikh. Ce dernier ne lui prêtant pas attention, il continua de hurler jusqu’à l’excès. Notre Cheikh leva alors son regard vers lui et lui répondit en utilisant le même langage que lui : « Et toi, ne sais-tu pas que j’exécuterai ton ordre provenant de mon Seigneur » ? Ébahi, le renégat eut alors les nerfs relaxés et, dissimulant sa déception sous un faux contrôle de soi-même, il dit à notre Cheikh : « Et quel ordre ton Seigneur t’a-t-Il donné ? – Mon Seigneur m’a ordonné de demeurer constant dans toutes les épreuves que vous m’infligez. – Éhonté, l’homme reprit : En effet, Dieu nous a tous ordonné de demeurer patient ; Dieu est avec les hommes patients. – Le Cheikh ajouta alors : Il est vrai que cet ordre nous concerne tous, mais c’est moi seul qui l’ai exécuté » !

(…) Notre Cheikh a dit qu’un jour il alla retirer auprès de lui des colis. L’ayant trouvé en train d’ouvrir les uns et de détruire les autres, il lui dit alors : « Ô un tel, tu t’es longtemps comporté injustement à mon égard comme si tu ne croyais au Jour du Jugement Dernier ». Furieux, l’homme se mit alors debout et commença à proférer des injures et à se comporter avec violence au point que ses collaborateurs s’agitèrent et lui dirent : « Laisse ce Cheikh tranquille ! Tu l’as trop maltraité, et nous en sommes tous indignés ».

Un autre incident se produit avec notre Cheikh et un autre des représentants des autorités coloniales au Gabon. À l’origine de cet incident fut le mauvais traitement réservé aux détenus sans distinction entre les vilains criminels entièrement pervertis et les braves adversaires politiques, les prédicateurs (les Mystiques) à qui des exercices ascétiques mal organisés avaient causé des troubles psychiques entraînant l’aliénation, et les véritables Soufis que la constante présence avec Dieu distrait des affaires terrestres de sorte qu’ils ne pensent qu’à la Vie future. Ceux-là trouvent un plaisir dans la souffrance qu’ils subissent à cause de leur attachement à leur Bien-Aimé, et méprisent et négligent tout autre que Lui. Voilà les gens des cœurs purs, ceux dont la spiritualité prédomine la matérialité comme notre Cheikh qui disait : « Tout ce qui ne dépasse pas la vie présente à la Vie future ne m’intéresse pas : tout périssable est négligeable ».

Un jour, le personnage en question passait en revue les détenus. Arrivé à notre Cheikh, il le trouva absorbé par ses actes de dévotion et inattentif aux hommes. À l’instar de ses prédécesseurs qui avaient observé le Cheikh sans comprendre ses préoccupations, il considéra son comportement comme un mépris à sa propre personne.

Quand le personnage a vu que le Cheikh ne s’occupait pas de lui, il a considéré cela comme une faute grave et, pour en punir le Cheikh, il se mit à l’agacer sévèrement.

Notre Cheikh dit : « Au cours de cette épreuve, un des supérieurs militaires vint me voir (observons que l’île était alors sous une administration militaire et que le Cheikh était logé avec les soldats sans aucun égard) et me dit : « Ce traitement me déplaît et je crois que tu dois ménager le chef en lui disant ceci et cela » … Le Cheikh dit : « Je lui ai dit que je n’avais pas besoin de me concilier avec lui, car son cercueil allait être achevé » ! Le chef en question avait quitté l’île où le Cheikh était détenu pour s’installer dans une autre île, mais peu de temps après, il tomba malade et les médecins de l’île furent incapables de le guérir. Ainsi fut-il transporté par bateau à Dakar où il périt. Le militaire qui conseillait au Cheikh de ménager cet homme vint alors le voir et lui dire : « Cheikh, par Dieu je ne sais ce que tu es ! Notre administrateur dont nous nous plaignions a été transporté par bateau à Dakar à cause d’une maladie qui l’avait frappé après son départ d’ici. Il est effectivement mort comme tu l’avais prédit ». Ce ne fut qu’une vengeance de la part de Dieu contre l’ennemi de Son serviteur…

Extrait MInanoul Bakhil Khadim

Khadimrassoul.net

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