Une fois le mois de Ramadan arriva alors que le Cheikh, confié par les autorités coloniales à l’homme sauvage, méchant et diabolique qui fut alors le gouverneur du Gabon, était installé à Mayombé, île obscure située dans une région reculée du globe terrestre sur la côte de l’océan Atlantique, où, dépourvu de tout sauf de ses livres. Ainsi le Cheikh souffrait à cause de son éloignement de son pays et de sa pauvreté avilissante. Comme l’islam était dans ce pays aussi étranger que le Cheikh, et qu’il n’y avait par conséquent personne qui religieusement compétent pour attester l’apparition de la lune, il ne pouvait connaître le début des mois lunaires que grâce à un calendrier établi par lui-même. Le Ramadan arriva alors qu’il ne disposait que des allocations que les autorités coloniales lui payaient. Mais comme il avait depuis son enfance l’habitude de s’abstenir d’utiliser l’argent des détenteurs du pouvoir temporel et que, par abstinence, il a maintenu cette attitude avant et pendant sa détention par les français, il a jeuné le mois de Ramadan sans utiliser, pour rompre son jeûne autre chose que l’eau pure. Par souci d’observer la Sunna, il cueillait parfois des feuilles fraiches pour en suçait la sève, et ce jusqu’à ce qu’il termina le mois.
Extrait Minanoul Bakhil Khadim de Serigne Bassirou Mbacké
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