Les règles de la « tarikha », reçues du Prophète, furent transmises de prédécesseurs en successeurs jusqu’à ce qu’elles parvinssent à Junayd qui les développa parfaitement et les fixa telles qu’elles furent adoptées ensuite par les Soufis postérieurs. Dès lors, les Soufis eurent leurs propres termes et expressions techniques, leurs signes, leurs symboles et des wird particuliers ordonnés selon leur invention. Ils commencèrent également à se réunir autour de leurs cheikhs qui s’occupaient de leur éducation spirituelle. Grâce à leur connaissance de la physiognomonie, ces cheikhs donnaient à chaque postulant l’éducation qui lui convenait le mieux. C’est d’ailleurs à propos de cette sagacité que le Prophète disait : « Craignez les présages d’un croyant, car il regarde à l’aide de la lumière de Dieu ».
Ainsi, les règles précitées furent adoptées par tous les Soufis des territoires de l’Islam qui parlèrent de leurs « wujdaniyyât » (choses perçues par leurs sens intérieurs), établirent les exercices de mortification et la conduite du disciple à l’égard de son guide spirituel, et définirent les qualités prophétiques pures et parfaites. Les Soufis disaient que quand un débutant en mystique trouvait un tel guide, il devait se soumettre entièrement à lui.
D’autre part apparurent de grands cheikhs soufis envahis par des postulants et des chercheurs de connaissances gnostiques, qu’ils instruisirent et élevèrent à la connaissance mystique. Les fruits du travail de ces cheikhs se manifestèrent dans leurs disciples.
C’est d’ailleurs à la même époque qu’apparurent les rites d’initiation à la voie mystique tirés du Coran et de la Sunna auxquels les Soufis ont toujours été soucieux de se conformer dans leurs actes, paroles et états. Parmi ces rites figurait la prestation de serment par la pose de la main du fidèle dans celle de son maître. En effet, ils imitaient une vieille pratique des Compagnons du Prophète (PSL) qui lui prêtèrent de la même manière un serment de fidélité appelé « Bay’a tur-Ridwân » (le Serment du Ridwân) et à propos duquel le Livre Saint dit : « Ceux qui te prêtent un serment d’allégeance ne font que prêter serment à Dieu. La Main de Dieu est posée dans leurs mains » (48/10).
En effet, des traditions authentiques disent que quand les Compagnons voulaient prêter serment d’allégeance au Prophète, ils mettaient leurs mains dans la sienne, que le Messager de Dieu prêta serment à la place d’Ousmâne en mettant une de ses mains dans l’autre, et que Muhammad (PSL) insista pour que Salama Ibn Al-Akwa répétât son serment de fidélité plusieurs fois. Cette demande de répétition impliquait certainement un secret, étant donné que le Prophète ne parlait pas sans dessein et que le premier serment de ce compagnon exempt d’hypocrisie fut correct…
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
Khadimrassoul.net