Serigne Bassirou Mbacké fils du Cheikh Ahmadou Bamba, est né en 1895 à Galla Yel (près de Kokki). Il fit ses études coraniques sous la direction de plusieurs maîtres dont le vénérable Cheikh Abdou Rahmane Lô qui assurait l’instruction de la plupart des enfants des cheikhs mourides pendant l’exil d’Ahmadou Bamba, et le très pieux cheikh Aboubakr Diakhaté, fils de Madiakhaté Kala, le célèbre cadi du Cayor au temps de Lat-Dior. Serigne Bassirou étudiera par la suite, la théologie et le droit islamique ainsi que la langue et la littérature arabes auprès d’un grand maître maure nommé Muhammad Ould Abi Bakr. Mais une importante partie de la formation de Serigne Bassirou Mbacké est due à ses propres efforts.
Toujours distingué par son intelligence, sa curiosité intellectuelle et sa soif de connaître, il consacrait la majeure partie de son temps à la lecture. En plus des disciplines islamiques traditionnelles et de la littérature arabe, ses lectures s’étendaient à la philosophie, à la psychologie, à l’astronomie, à la géographie et à l’histoire. À l’instar de tous les grands hommes de lettres de sa génération, il manifestait un grand amour pour la poésie. Ses poèmes, forts courts mais bien intéressants, révèlent d’une part, sa vaste culture islamique et sa parfaite maîtrise de la langue arabe et d’autre part, sa piété, sa grandeur d’âme et son humanisme.
Serigne Bassirou fut d’ailleurs réputé pour son attachement indéfectible à l’Islam orthodoxe et sa constante lutte contre toute innovation susceptible de déformer l’Islam. Il était un ascète et un Soufi, mais son soufisme était strictement orthodoxe et son ascèse modérée. Considérant le travail comme une part du culte, il soutenait que le renoncement prôné dans les textes sacrés ne consiste pas à se détourner du monde pour s’enfermer dans un monastère, mais plutôt dans un « renoncement du cœur » au superflu et au futile. « Il faut travailler inlassablement, prêchait-il, car nous ne récolterons dans la Vie future que ce que nous avons semé ici-bas ». Cette vie, pensait-il, constitue une monture qui amène à la Vie future. De ce fait, elle doit être bien entretenue afin que le voyage soit effectué dans des conditions optimales. Cette conception du renoncement marqué par un constant souci de concilier les exigences de notre vie matérielle et spirituelle, s’atteste dans l’unique ouvrage de Serigne Bassirou Mbacké, « Minanoul Bakhil Khadim », achevé en 1932, auquel il consacra plusieurs années de sa vie, le considérant comme le meilleur service qu’il pouvait rendre à l’Islam.
Cheikh Mouhamadoul Bachir naquit l’année même où son père fut exilé au Gabon par les autorités coloniales, et ne put le voir qu’à l’âge de 7 ans. L’on sait également que le retour du Cheikh Ahmadou Bamba de son exil renforça d’une manière particulière la foi de ses disciples en lui et accrut son prestige. Ceci, du fait que ces derniers considéraient ce retour comme un miracle d’autant plus que le Cheikh l’avait prédit.
Ayant grandi dans cette atmosphère et élevé de surcroît par les disciples des plus attachés à son père, Serigne Bassirou considérait ce dernier non seulement comme son père, mais également comme le plus grand maître spirituel après le Prophète et ses Compagnons. À l’instar d’un adepte parlant de son maître, Serigne Bassirou a mis tout son talent à démontrer la supériorité de son Cheikh qui, selon lui, s’atteste d’un part dans ses rapports avec Dieu, ses actes dévotionnels, et dans ses rapports avec les hommes, son action sociale et d’autre part dans ses sacrifices dans l’intérêt de la Religion musulmane. Mais après la démonstration de la supériorité du Cheikh, l’auteur de « Minanoul Bakhil Khadim », dans un souci de modération et de tolérance, prône le respect de tous les hommes de Dieu et de leurs Voies.
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