(…) Le Cheikh riait et manifestait son étonnement des vicissitudes de la vie, quand il se souvenait de ce Ramadan passé à Mayombé. Il disait : « Pourtant nous avions célébré la fête du fitr de l’année qui précède l’année de l’exil dans un vaste désert situé à Touba ». Le nombre des gens désireux de se rapprocher de lui était extrêmement important. Ils se bousculaient violemment pour avoir l’honneur de déployer son tapis de prière. Cette foule constituée de délégations et de visiteurs provenant de différents horizons était tellement considérable qu’il lui était impossible de faire entendre sa voix de tous lors de la prière. « L’année suivante, disait-il également, j’ai célébré la prière de la fête du fitr dans un endroit où je n’avais même pas un poulet à égorger à cette occasion et, m’étant préparé à la prière, je n’ai vu aucune personne désirant prier. C’est là, à n’en pas douter, un des étonnants évènements de la vie » … Il disait enfin : « …Plus grand est mon étonnement de la Création de Dieu et de Sa Bienveillance, car, ayant effectué une introspection, je n’ai trouvé dans mon cœur aucune différence entre les deux prières ».
En effet, de même que le Cheikh ne se contentait pas de pompes et solennités, de même il ne s’attristait pas et n’éprouvait aucune douleur de son exil dans un endroit reculé. Les captifs de la vie mondaine, ennemis de la foi, se moquaient de lui – « Les criminels se moquent des croyants » … (83/29) – tandis que lui, à son tour, il se moquait d’eux qui, sans le savoir, étaient entraînés progressivement par Dieu vers leurs mauvais destins ; « Si vous vous moquez de nous, nous nous moquons de vous comme vous vous moquez de nous » (11/38).
C’est à ce degré de certitude et de confiance en Dieu que reflètent ces propos qu’il faisait allusion quand il disait : « Il se peut qu’une demande de secours adressée à Dieu de ma part constitue un acte d’impiété ! En effet, mon devoir est de perpétuer les remerciements ». Pourtant, les demandes formulées après l’atteinte de ce degré constituent des actes de dévotion. « Ceux qui demeurent près de ton Seigneur ne se considèrent pas trop grands pour l’adorer » … (7/206). Ce qui explique que ses invocations étaient des actes de dévotion, c’est qu’il ne demandait que ce que Dieu avait choisi pour lui et ne choisissait rien que Dieu ne le décrétât à son profit pour L’honorer et Lui répondre en toute situation.
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
Khadimraasoul.net
