(…) Le mois de Ramadan était pour lui une fête. De plus, il le considérait comme un ami intime ; comme s’il s’était personnalisé devant lui. Parfois il peut en être ainsi en réalité aux yeux de ceux qui jouissent d’une vue intérieure.
Dès qu’il arrivait le mois de Sha’bân, il prêchait avec ardeur et interdisait à ses disciples toute activité ludique et les préparait aux œuvres cultuelles devant être accomplies durant le mois béni.
Ainsi, il évoquait souvent les ruses de Satan et de ses suppôts. Il disait à ce sujet : « Perpétrez la scrutation de vos cœurs et la maîtrise de vos membres. L’ennemi, s’étant aperçu de l’approche de son emprisonnement – car on l’emprisonne à l’arrivée du Ramadan – s’efforce ardemment à rendre vos pratiques dévotionnelles nulles et à jeter dans vos cœurs les germes du mal afin qu’ils s’y développent de sorte que vous ne puissiez pas les extirper pour leur rendre la pureté nécessaire à la réception des Grâces. En effet, les portes du ciel demeurent ouvertes durant le mois de Ramadan, afin que les prières invocatoires montent et que les Réponses divines descendent. Méfiez-vous donc de l’ennemi, car il observe vos cœurs et cherche à profiter de leurs écarts pour y jeter les germes du mal ».
Par de tels conseils, il les sermonnait. De même le Cheikh chargeait ses disciples pouvant lire le Coran d’en assurer une récitation permanente tandis que d’autres talibés, plus aptes aux différents services dispensés dans la maison, en étaient chargés. Cependant, l’enseignement donné au cours de ses séances publiques était destiné à tous de sorte que nul ne se trouvait dans le désœuvrement favorisant l’action de Satan qui est le guide des désœuvrés. Dès l’arrivée du Ramadan, il entreprenait une action de bienfaisance qui satisfaisait tous, redoublait d’efforts pour accomplir le plus grand nombre d’œuvres surérogatoires, rassemblait les fidèles pour la prière des tarâwih et intensifiait son assistance en l’élargissant à tous et en la variant de sorte qu’elle comprenait tout ce dont le jeûneur avait besoin.
Le Cheikh présentait à la foule qui fréquentait sa maison de grandes écuelles remplies de couscous et de riz. En plus, la datte et le sucre étaient généreusement servis à des centaines d’étrangers et à des milliers de voisins. Les boissons distribuées chaque soir au moment de la rupture du jeûne étaient aussi abondantes que délicieuses. De plus, même un proche parent [du Cheikh] ne pouvait pas en priver un étranger, car elles étaient communes à tous les Musulmans. Du thé et du café étaient préparés dans des écuelles posées sur un feu constamment alimenté. La distribution de nourritures continuait de cette manière jusqu’à l’aube. Parfois, il réservait des repas spéciaux à chaque des hôtes de marque notamment les personnalités ; parfois, il réunissait autour d’un repas deux ou plusieurs personnalités du même rang, parfois enfin il les rejoignait pour manger avec eux ou, pour les honorer davantage, les invitait à aller manger avec lui. Cette invitation était pour eux plus agréable que les plus agréables des aliments.
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
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