Netali Borom Ndame

Magal 2015 : 18 Safar, l’option de paix devant une multitude d’agressions exposé par Serigne Khadim Lô

« Il est certain que le fait que nous célébrions le départ d’exil et non le retour du Cheikh, revêt un cachet bien singulier en ce que les évènements qui ont présidés au départ pour l’exil ont été déterminants dans la vie et l’œuvre de l’apôtre de Touba (33 ans de privation de liberté). Nonobstant jugés dans l’espace et le temps, ces mêmes évènements sont certes porteurs d’enseignements. Nous dirons même que comparés au monde contemporain, ils semblent apporter une certaine réponse quant à la conduite à adopter devant certaines questions religieuses et sociales de l’heure.

En tout état de cause un fait persiste : analysé sur tous les angles le départ pour l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba ne peut se définir que comme un plaidoyer pour la paix, une apologie de celle-ci.

(…) Malgré les agressions multiples et de l’environnement hostile, Cheikhoul Khadim demeura stoïque. De fait c’est sa croyance absolue au Décret irrévocable qui lui permit de battre en brèche les actions des hommes.

Ainsi ce fut ce jour de 18 Safar de l’an 1313 de l’Hégire qu’Ahmadou Bamba quitta la résidence qu’il avait construite dans le Djolof pour l’enseignement et l’éducation des masses pour se confronter au colonisateur. Ils se rencontrèrent à Djewol. Devant la furie des cavaliers, il se contenta de 50 « basmallah » qui firent bien l’affaire. Il se permit même de passer la nuit en ces lieux, de son propre gré. Les colonisateurs savaient trop bien que tous ces agissements avaient l’effet néfaste de les démystifier aux yeux de la population. D’ailleurs c’est ce qui semble expliquer la disproportion des forces requises lorsqu’il s’agissait de Serigne Touba.

Qu’à cela ne tienne ! Cheikhoul Khadim donnait un bon exemple de courage aux populations à chaque fois qu’il fut en face de ses ennemis. Et le peuple notait !  Par exemple lorsqu’ils quittèrent Coki vers Saint Louis, il se mit à éperonner son cheval si rapidement que les spahis avaient de la peine à le rattraper. Parfois un des gardes lui disait  » Marchons doucement, ne nous fatiguons pas. » Il répondait : «   Mais, venez! Comment des hommes dépêchés par leur chef pour accomplir une mission se permettent-ils de marcher doucement ? »

(…). On peut affirmer que le Cheikh fut Mohammadien par caractère et Abrahamien par préoccupation en ce qu’il fusionnait en parfaite symbiose l’application de la Sunnah du Prophète Mohammed (psl) à la pratique concrète de la confiance à Dieu telle enseignée par le Prophète Abraham (psl).   

Et pourtant devant ce tumulte impérialiste, des options s’offraient à lui !

L’une aurait été de continuer à s’esseuler solitairement tout en faisant fi des turpitudes de ce monde immédiat. Pour le Cheikh cela équivaudrait certainement à ne pas s’occuper des souffrances des populations. Ce qui n’était pas de son caractère. L’autre option aurait été l’application d’une certaine violence de fait qui du reste pouvait trouver sa justification dans la résistance face à l’oppression.

Dans la Sénégambie, par exemple, Lat Dior Ngoné Latyr Diop s’opposa vaillamment à la pénétration française, surtout à partir de 1875, date à laquelle le Gouverneur Brière De L’Isle décida de construire le chemin de fer reliant Dakar à Saint Louis. La résistance de Lat Dior ne fit pas long feu. De même El hadj Omar (RA) après un succès à Marcoya le 20 novembre 1859 puis  Niamina le 23 mai 1860  connut une fin d’épopée dans les falaises de Bandiagara le 12 février 1864. Son fils Ahmadou, après une série de rapports tumultueux faits de révoltes et d’alliances fut astreint à quitter sa capitale qui tomba en 1890 sous un déluge de feu. Aussi le Saint Samory Touré, le Napoléon noir de l’Afrique avec ses fameux Sofas finit par perdre son empire tout comme le roi Béhanzin est surpris le 19 janvier 1894 par la colonne expéditionnaire dirigée par Dodds.

Aussi entre 1885 et 1887 Hamadou Lamine subit l’échec, de même que Fodé Sylla, le Marabout Roi de Kombo. Ce sera de même pour Fodé Kabba, le chef Musulman de Niamina et des districts de Casamance et de Gambie (1898 et 1901). Que Dieu soit satisfait d’eux.

Malgré la défaite de ces d’éminents héros d’Afrique, l’option de guerre pouvait bien réussir dans ce cas-ci car la détermination de ses talibés était bien exemplaire et unique dans l’histoire. Il ne fait de doute que si le Cheikh avait pris les armes, le résultat serait bien différent. La différence étant ici la dévotion des Mourides à sa cause. Preuve de cela ne peut être plus probante que le témoignage de Lesselves qui dispose : “Les plus injustes des hommes et les plus ignorants de réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations à lui prêter I’ambition du pouvoir temporel.  Je sais que les Prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh.”.

Cheikhoul Khadim opta plutôt pour une autre forme de résistance en prenant sur ses épaules toutes les souffrances de son peuple. C’est en cela que le Magal aujourd’hui est l’expression de la réussite. »

Extrait discours Serigne Khadim gaydel Lô, Magal 2015

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