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Habiter à Touba ou se faire appeler mouride ne veut pas forcément dire qu’on est Mouride !

Au-delà du fait qu’il soit un attribut du Seigneur au fils de Mame Mor Anta Saly, Touba a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba dans un contexte social assez précis et donc pour des objectifs définis. Ainsi selon Cheikh Mouhamadou Lamine Diop Dagana c’est devant l’hostilité croissante de ses voisins de Mbacké-Baol que Serigne Touba quitta ce village pour aller construire à l’Est une résidence baptisée Darou Salam où il s’installa au mois de Safar de l’an 1304 (Novembre 1886). Ses disciples observaient une conduite irréprochable, leur solidarité se renforçait et leur nombre ne cessait de croître. Les groupes de visiteurs se succédaient chez lui et des biens affluaient vers lui comme une pluie. C’est par la suite que le Cheikh construisit à 5 km au Nord-Est de Darou Salam un village baptisé TOUBA à la fin de l’an 1305 ou au débute de 1306 (1887-1888).

L’éducation religieuse dans l’éloignement et l’isolement par rapport aux futilités de ce bas monde, l’accomplissement spirituel et le fait de forger des hommes de Dieu pouvant mener des communautés entières dans la droiture vers le Seigneur, font partie des raisons pour lesquels Serigne Touba s’éloignait toujours métropoles pour créer des sites d’éducation spirituelle.

Ceci étant, celui qui venait résider dans ces sites d’éducation spirituelle tel que Touba ou Darou Salam, se faisant ainsi appeler mouride, le faisait suite à un engagement scellé par un pacte d’allégeance.

Ainsi la question à savoir, par quoi reconnait-on le mouride, qui, mieux que le fondateur du mouridisme pourrait y répondre?

Cheikh Ahmadou Bamba explicite à travers ses écrits notamment dans « Sifatou sàdikhi mouride », les caractéristiques qui permettent d’identifier le mouride véridique. Nous pouvons retenir dès lors que, selon le Cheikh, le disciple mouride doit éprouver envers son guide spirituel un amour perpétuel et sincère en plus de vouer une obéissance immédiate et inconditionnelle à son égard, en tout instant, peu importe les circonstances ou la finalité. Cette déontologie doit avoir comme fondement une confiance inébranlable du disciple en son marabout. Cheikhoul Khadim ajoute qu’il est formellement interdit au disciple mouride de s’opposer à la volonté de son guide spirituel, que cela soit secrètement ou ouvertement.

C’est d’ailleurs dans cette optique que Serigne Khadim Gaydel Lô affirme : « La reconnaissance de l’autorité du guide spirituel est ce qui confirme le statut du mouridoulahi ! »

Force est de constater qu’avec l’évolution démographique et le développement des foyers, ces sites comme Touba sont devenus des métropoles, pris d’assaut par des individus venus de partout et pour des raisons différentes. Au moment où les uns viennent pour y trouver un abri spirituel, d’autres y viennent pour des raisons lucratives etc. Donc, à la question, est-il mouride celui qui habite à Touba, la réponse par l’affirmative n’est certainement rationnelle ; ceci, ne serai- ce que pour le fait qu’ils sont nombreux à s’installer dans la ville sainte pour des raisons professionnelles, sociales ou autre que la volonté de vivre sa spiritualité par la voix du mouridisme.

Ceci dit, cette situation n’empêche en rien le fait que Touba soit une ville bénéficiant d’un statut spécial sous l’autorité suprême du khalife général des mouride.

Cependant, Touba revient souvent dans les sujets d’actualités mais il faut retenir que le khalife en tant que guides de millions de personne qui ne vive que pour son bon vouloir ne saurait faire autrement que d’entretenir des relations diplomatiques avec les détenteurs du pouvoir temporel, pour l’intérêt de ces même disciples au détriment de son propre besoin de solitude et de quiétude.

Il n’a besoin de rien, mais les âmes qui sont tournés vers lui ont besoin de tout. Sans lui les disciples ne sont que du néant et sans les disciples il serait assurément le plus libéré des êtres profitant ainsi de son paradis spirituel divinement Divin.

De ce fait, il ne serait pas trop demandé aux disciples de se conformer aux vertus de l’orthodoxie mouride ayant comme fondement la discipline et l’éthique religieuse à tout instant, et pour ce qui est des autres habitants de Touba de respecter la loi en vigueur dans leur ville de résidence, en l’occurrence la voix du Khalife.

  Khadimrassoul.net

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