Né à Gouye Ngoura en 1896, Cheikh Modou Awa Balla Mbacké est le fils aîné de Mame Thierno Birahim Mbacké, frère et bras droit de Cheikh Ahmadou Bamba le fondateur du mouridisme. Sa mère, Sokhna Awa Balla Diop est la petite fille de Serigne Koki Ndiaga Isseu Dièye.
Avec Serigne Modou Mamoune Mbacké de Darou Salam et Serigne Bassirou Mbacké, Cheikh Modou Awa Balla Mbacké fait partie du cercle restreint des privilégiés de sa génération qui ont bénéficié de la proximité de Cheikh Ahmadou Bamba et de ses enseignements ; ceci, sans intermédiaire. D’ailleurs, le statut dont il jouit au sein de la confrérie mouride lui a été en grandement conféré, en partie, par cette proximité avec Cheikh Ahmadou Bamba et par l’affection que ce dernier lui a toujours manifestée, en plus d’être l’héritier de celui qu’on nomme si affectueusement Ndamal Darou.
Les enseignements et la formation religieuse qui lui ont été inculqués très tôt lui ont permis de synthétiser les trois dimensions spirituelles de la doctrine Mouride à savoir le Tarbiya, le Tarkhiya et le Tasfiya.
Son détachement de ce bas monde apparaissait dans son mode de vie marqué par un renoncement presque total aux choses matérielles. C’est ainsi qu’il a toujours vécu dans une case malgré sa grande aisance matérielle.
C’est à la disparition de Mame Thierno Birahim MBACKE en 1943, que Cheikh Modou Awa Balla Mbacké, âgé alors de 47 ans, reprit le flambeau en tant que khalife de son père. Il fut ainsi le premier khalife de Darou Mouhty, la ville sainte fondé par Mame Thierno Birahim Mbacké et il en fut ainsi durant 38 ans.
Il succéda à son père à un moment où Darou Mouhty vivait des périodes sombres car n’ayant ni eau ni électricité, ni route. En plus le village de Darou connaissait des taux record de mortalité dus aux conditions climatiques (forte chaleur) et à la déshydratation.
Serigne Modou Awa Balla avait compris la nécessité de disposer des infrastructures de base pour fixer les populations et permettre le développement de la localité. A cet effet, il entreprit de doter Darou Mouhty de son premier ouvrage hydraulique.
Il réussit à obtenir la construction d’un forage d’eau grâce à ses démarches inlassables auprès de l’administration coloniale. Ce forage fût inauguré en grande pompe, le 28 Décembre 1949, par le Haut-Commissaire français Paul Béchard, en présence de tous les hauts dignitaires religieux et politiques du pays parmi lesquels nous pouvons retenir, entre autres, Serigne Fallou Mbacké, Serigne Bassirou Mbacké, Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma.
Les autres infrastructures suivirent rapidement. Il s’agit entre autres du lotissement de la ville avec l’attribution des premiers permis d’occuper, de la création d’un poste télégraphique et téléphonique, d’un service postal en 1952, desservi par du courrier régulier dont la distribution était assurée par un véhicule qu’il avait mis gracieusement à la disposition de l’administration, d’un marché équipé de cantines en 1954, d’une gendarmerie implantée sur sa demande pour assurer la sécurité des habitants et d’un centre vétérinaire.
Serigne Modou Awa Balla entreprit à partir de mai 1966, l’édification de la grande mosquée de Darou Mouhty qui aura coûté au moment de son inauguration plus d’un milliard Francs cfa entièrement financé par la communauté mouride.
Sa contribution dans le domaine de l’éducation aura été considérable avec l’implantation de « Daraas » réputés pour la qualité de leur enseignement et la philosophie de travail inculquée aux disciples qui les ont fréquentés. Ces « Daraas » sont devenus des localités importantes de leur zone d’implantation. Ainsi nous pouvons citer : « Madina » et « Yabal » qui sont dirigés par Serigne Moustapha Absatou Diakhaté Mbacké, « Karatièle » qu’il a confié à son fils Serigne Bassirou Astou Lô, « Darou-Rahmane » en 1944 qui devenu fief de Serigne Fallou Astou Dièye Mbacké, « Sarsara » village de Serigne Kosso Astou Lô, et « Ndiarème Yabal » village de Serigne Kosso Ganar.
Au-delà de ces réalisations matérielles, Serigne Modou Awa Balla a su se mettre au service de la communauté avec altruisme. Il a toujours vécu dans la simplicité la plus totale avec un attachement profond aux valeurs originelles du mouridisme.
Serigne Modou Awa Balla qui disparut en 1981, repose près de son père à « Baïtl Mahmoud », à Darou Mouhty, après une vie entièrement consacré au service de Cheikh Ahmadou Bamba, notamment, par le biais de Mame Thierno Birahim Mbacké.
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