Le Cheikh poursuivit ses activités jusqu’à ce que l’ordre de Dieu lui parvint. Ses deux disciples, Muhammad Ibn Ar-Rahman Al-Tanfughi (mort en shawwal de l’an 1372) et Muhammad Lamine Diop l’auteur de ces lignes furent désignés pour préparer les funérailles. La dépouille mortelle du Cheikh fut secrètement transportée à TOUBA dans la nuit du mercredi. Cinq personnes dirigées par Muhammad Al-Bachir, fils du défunt, accompagnèrent le cercueil. Bachir dépêcha des émissaires à frères Muhammad Al-Fadil, notre actuel Calife qui se trouvait alors à son fief de Ndindi près de TOUBA et Cheikh Ibrahim qui se trouvait à Darou Mousty et au Cheikh Mbacké BOUSSO qui se trouvait à son village de Guédé près de TOUBA. De même-il averti les principaux talibés présents à TOUBA qui, à leur tour, se firent rejoindre par leurs principaux compagnons. Ainsi, dans très peu de temps, vingt-huit personnes se réunissent et accomplirent la prière mortuaire à la mémoire du Cheikh sous la direction du cheikh Mbacké BOUSSO. Tout cela se passa à l’insu de la masse par crainte de désordres. Les funérailles furent achevées avant l’aube et une baraque fermée à clef fut installée sur la tombe. Au matin, quand les gens apprirent la nouvelle de la mort du Cheikh, une panique indescriptible s’empara d’eux. Tout cela se passait alors que à Diourbel, le calife Muhammad al Moustapha informait les gens de la nouvelle et les tranquillisait…
A l’issu des obsèques, je rencontrai un de nos compagnons qui n’était pas au courant de ce qui venait de se passer. Il m’a dit: « Je t’ai vu hier en rêve et t’ai demandé où était le Cheikh. Pour tout réponse, tu m’as récité ce verset coranique: Muhammad n’était qu’un Messager précédé par des messagers, etc. (La récitation de ce verset (3:144) dans une telle circonstance implique l’annonce du décès du Cheikh. Jadis à la suite du décès du Prophète, Abu Bakr l’avait récité devant les compagnons affolés qui ne voulaient pas croire à la mort de Muhammad). Je lui ai dit: la situation est comme tu vois, entre; il entra, vit et se mit à exprimer son étonnement… Autour de la présente biographie, il a écrit à cette occasion l’élégie que voici:
Le Cheikh se rendit au Maître qu’il adorait;
Il savait certainement qu’il ne vivrait pas éternellement
C’est pourquoi il avait cherché l’agrément de Dieu en se
Conformant à ses prescriptions et en évitant ses proscriptions
Il interdisait le mal et prônait la bonne voie et pratiquait
Avec modération ce qu’il recommandait.
Pour atteindre la vérité, ses fils (les talibés) s’étaient confiés
A lui et lui reconnaissaient sur eux-mêmes les droits d’un père
Comme il leur reconnaissait les droits d’un fils
Qui donc s’occupera désormais des orphelins à qui il a fait
Oublier leurs origines? C’est par le bien que l’on éteint le mal
Pour les pauvres venus de tous bords solliciter et obtenir son aide
Il fut une source de prospérité et de quiétude
S’il était permis de le racheter, nous l’aurions fait,
Mais les Seigneurs disparus avant lui n’avaient pas été rachetés tous,
S’il est vrai qu’il a physiquement disparu, il est tout aussi vrai
Que les effets de sa bonne action nous profiteront toujours
Muhammad Ibn Al-Moucalla Al-Hassan lui a dédié une élégie qui tient lieu de toute les autres élégies.
Extrait Irwanu Nadim
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