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Le silence et ses interprétations dans la religion!

Il existe chez les ulémas une divergence d’opinion sur la question de savoir lequel est meilleur entre le silence et la parole. L’opinion décisive est rapportée par Al-Kushayri dans la Risala, d’après son maître (que Dieu ait pitié d’eux !). Il dit : « Le silence c’est la paix, il est primordial. Cependant, il en résulte parfois un remords. C’est pourquoi il est interdit. En l’observant, on doit tenir compte des dispositions de la Loi divine. Du reste, observer le silence au moment propice est le comportement des hommes dignes de ce nom. De même, parler au moment opportun est des plus nobles mérites ». Cela s’atteste évidemment dans l’aspect exotérique de la Loi divine et ses règlements. C’est donc clair aux yeux de tout homme assisté par Dieu. Concernant l’aspect ésotérique, il convient de tenir compte de ce que la situation du serviteur requiert en fait de règles de conduite réservées aux rapprochés de Dieu. Ainsi, le premier (celui qui observe l’aspect exotérique) se tait pour se protéger, pour s’abstenir de ce qui ne convient pas, tandis que le second (celui qui observe le côté ésotérique) se tait par révérence de Dieu et pour Lui demeurer attentif.

Les ulémas affirment l’existence de deux sortes de silence : un silence externe et un silence interne. Le premier c’est le refus par les hommes abandonnés à Dieu de recueillir les substances offertes par les autres, et le second c’est la soumission des savants gnostiques consistant à accueillir les Sentences divines avec satisfaction.

C’est à propos de ce stade de silence que notre Cheikh disait : « Je suis trop préoccupé de la reconnaissance pour me plaindre à Dieu ».

Ce qu’il exprime a été indiqué ailleurs tacitement lorsqu’un garde mandingue lui dit : « Applique-toi à la prière notamment à la demande de protection, car les autorités coloniales nourrissent à ton égard toutes sortes de mal ». Le Cheikh n’a pas répondu, bien que l’homme répétât ces propos plusieurs fois. Plus tard, ce dernier a demandé au Cheikh la raison de son refus de répondre à son conseil. « Allâh, lui dit le Cheikh, est Omnipotent et Omniprésent. Comment pourrais-je m’opposer à Ses Sentences alors qu’il ne peut se produire que ce qui Lui plaît ». Il se comportait de cette façon alors qu’il était conduit vers un lieu où allait être prononcée à son encontre une sentence variant entre l’exécution et l’exil à perpétuité. Il avait donc bien enduré la Sentence de son Seigneur à Qui il s’était confié, sachant qu’Il lui viendrait au secours : « … et Dieu le préserva de leurs méchantes ruses et ce dont ils se moquaient les enveloppa » (45/33). À ce propos le Cheikh dit : « Dieu m’a protégé des moqueurs à l’aide de “Il n’y a point de Dieu que Dieu” ».

D’autre part, je pense que le silence des gens de l’Amour privilégié parmi « les rapprochés » résulte de la disposition de leurs traces, de l’anéantissement de leurs propres personnes. Cette idée n’est pas de mon invention. En effet, Al-Khushayri dit dans la Risala : « Parfois le silence provient d’un éblouissement ; quand survient la brusque révélation d’une qualité wasf, la langue devient paralysée et l’on efface alors les propriétés de l’individu de sorte qu’il n’y a plus ni silence ni perfection individuelles » … Dieu Très-Haut dit : « Dieu dira, le Jour où Il rassemblera les Messagers : “Que vous a-t-on répondu”? Ils dirent : “Nous ne détenons aucune science. Toi seul, en vérité, connais parfaitement les mystères incommunicables” » (5/109).

Extrait Minanoul Bakhil Khadim Khadimrassoul.net