Yoone Wi

Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké

Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké naquit le 10 du mois lunaire de Muharram de l’an 1306 de l’Hégire, à Darou Salam, correspondant au 17 septembre 1888 du calendrier grégorien. Pour lui annoncer la nouvelle, on nous rapporte qu’il fallut aller à la quête du Cheikh qui avait à cette époque l’habitude de s’absenter pendant assez longtemps dans la forêt avoisinante à la recherche du futur site de la ville de Touba.

Sa mère, Sokhna Aminata Lô est issue de la noble famille de Ndame.

Il fit ses études coraniques a Ndame auprès de son oncle maternel Serigne Ndame Abdourahmane Lo. A l’Age de 10 ans il calligraphie son premier exemplaire du Coran d’où l’appellation du surnom Kamal. C’est Mame Thierno Birahim Mbacké qui se chargea de ses études religieuses. Par la suite, le Cheikh en personne, se chargera de guider ses pas dans les arcanes de la formation mystique. Il fut notamment parti des disciples qui rejoignirent le Serigne Touba à Saout-El-Ma, en Mauritanie, et y demeura avec lui jusqu’en 1907. Il l’accompagna aussi à Thiéyène et ne s’éloigna significativement de son voisinage qu’après le retour définitif de celui-ci à Diourbel en 1912.

Durant toute la période de coexistence avec son père et maître, Cheikh Mouhamadou Moustapha se distingua par un dévouement et une détermination dans le service qu’il lui consacrait tels qu’il arriva souvent au Cheikh de mettre publiquement en exergue son engagement et son esprit de sacrifice que tout disciple lui enviait. On ne comptait pas les copies de mémoires du Saint Coran que le fils effectua pour le père ni les tonnages de récolte dont il lui fit don.

Il reçut l’ordre du Cheikh de fonder à 6 km de Touba le village de Husnu-l Mahâb qui n’était en ce temps qu’un petit hameau de Peulhs transhumants appelé Tindôdi. Il fut en 1921, partie de la compagnie du Cheikh à Dakar lorsque celui-ci y allait pour répondre à une invitation du Gouverneur Général de l’A.O.F. C’est à lui aussi que son père remit sa participation de 500 000 F au relèvement du Franc français.

Serigne Touba lui avait dit que quand il aura atteint ses 40 ans, il n’aura plus de guide sur terre. Arrivé à ce moment de sa vie, il entreprit un voyage pour aller voir le Cheikh à Diourbel. Il passa par plusieurs villages dont Gawane chez son oncle Mame Cheikh Anta. Une fois arriver à Diourbel on lui informa qu’il devait aller voir le Cheikh car ils le voyaient de moins en moins. C’est le lundi après la prière du crépuscule que Cheikh Modou Moustapha a pris conscience que la parole divine avait descendu sur le Cheikh et qu’il devait assumer ses responsabilités. Ce qu’il ne manqua pas de faire car aussitôt il informa le commandant de cercle de Diourbel pour qu’il vienne accompagner d’un médecin afin de constater le rappel à dieu du cheikh et d’obtenir les papiers leur permettant d’aller inhumer le saint homme. Ainsi il organisa dans une discrétion absolue son inhumation à Touba, selon les vœux du disparu.

Après sa désignation en tant que khalife des mourides le 25 Juillet 1927, il assura la relève en s’attelant particulièrement à la construction de la mosquée de Touba, qui tenait réellement Cheikh Ahmadou Bamba a cœur.

Malgré des débuts marqués par des difficultés de tout ordre, Cheikh Moustapha s’avéra rapidement être un khalife doté d’un grand discernement soutenu par une vaste culture et une conformité sans faille aux enseignements du Cheikh se traduisant notamment par un courage, une dignité et une générosité qui resteront légendaires.

C’est lui qui, à la disparition de leur père, s’était chargé de l’éducation de presque tous ses frères et sœurs. Beaucoup d’entre eux vécurent avec lui et le khalife n’épargna, selon les témoignages de ses frères mêmes, aucun effort pour leur bien-être allant même jusqu’à leur désigner, une fois devenus adultes, leur premier lieu d’installation en ne manquant jamais de leur fournir l’aide matérielle nécessaire aux premiers pas dans la vie.

Ce fut également un excellent administrateur, un authentique homme de terrain. En 1928, il obtint l’immatriculation d’un terrain de 400 hectares sis à Touba. Il demanda, au début de 1929, l’autorisation de reprendre la construction de la Mosquée dont l’irresponsabilité et la cupidité de l’Administrateur Occidental désigné avaient mis les travaux en cause.

A l’issue d’un long procès à rebondissements dans les tribunaux parisiens, l’Administrateur Tallerie eut injustement gain de cause et la communauté mouride se vit contrainte de lui payer la somme faramineuse de 250 000 francs comme dommages et intérêts pour dédit et préjudice sur rupture de contrat. D’autres obstacles auxquels le chantier de la Mosquée eut bientôt à faire face furent : l’acheminement du matériel de construction à Touba face à l’inexistence de réseau de communication. La rareté des matériaux tels que la latérite dans cette zone, la profondeur de la nappe phréatique (à plus de 25 m) posant de façon cruciale le problème de l’eau etc.

La découverte de la carrière de Ndock, à une dizaine de kilomètres au Sud de Touba, permit de résoudre le problème de la latérite. L’engagement total de dizaine de milliers de volontaires, le dévouement indescriptible de milliers de jeunes, femmes et adultes travaillant plus de 18 heures par jour, transportant dans des paniers posés sur la tête ou sur charrettes d’énormes blocs de pierres sur une dizaine de kilomètres reste à saluer. Toute cette formidable énergie déployée dans la sueur et dans le sang (car on ne compta pas alors les décès) accélèrent l’achèvement des fondations et l’empierrement de la plate-forme de la future mosquée. Pour résoudre le problème des voies de communication Cheikh Mouhamadou Moustapha entreprit, malgré l’incrédulité des autorités publiques, le financement et la réalisation sur fonds propres d’un tronçon d’une cinquantaine de kilomètres de voie ferrée qui allait relier Diourbel à Touba via Mbacké à partir d’un embranchement du Dakar-Niger.

Avec toujours la détermination extraordinaire de milliers de disciples, des « Baye Fall » sous le commandement de leur khalife Serigne Mouhamadou Moustapha Fall, fils aîné de Cheikh Ibrahima Fall, et des autres Cheikhs, la durée de réalisation de cette initiative inédite dans l’histoire pulvérisa toutes les prévisions et fut achevée en un an et quelques mois.

Ce succès éclatant accéléra de façon impressionnante l’unité et l’unanimité qui, déjà, faisait jour autour de sa personne façonnant ainsi durablement l’organisation de la Mouridiyah après la disparition du Cheikh.

Au point de vue économique, l’âme profondément paysanne de Cheikh Moustapha alliée à un esprit d’entreprise et d’organisation élevé, permirent à la communauté mouride de produire des résultats agricoles considérables. Ainsi la production arachidière qui était estimée aux environs de 20 000 tonnes au début des années 30 passera en 1937/38 à 75 000 tonnes soit une progression marginale de 275%. Le Chantier confié à la Société des DRAGAGES, il fut officiellement procédé à la pose de la première pierre de la Mosquée le vendredi 4 mars 1932.

Mais, malgré la célérité des travaux, les années de peste meurtrière, la récession mondiale des années 30 se conjuguant aux perturbations de la seconde guerre ralentirent considérablement leur progression. Et c’est dans ce contexte de profonde crise et de graves difficultés économiques que s’éteignit le vendredi 13 juillet 1945 (3 Sha’bân 1364H.) Cheikh Mouhamadou Moustapha confiant à ses suivants la perpétuation de l’œuvre colossale entreprise pendant plus de 18 ans.

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