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LES CASTES EN AFRIQUE !

Depuis la nuit des temps, l’homme a toujours réfléchi à des moyens et à des systèmes lui permettant d’améliorer sa vie en société. Nul n’étant parfait, l’organisation des sociétés humaines a eu autant d’impacts positifs que de conséquences fâcheuses sur celles-ci.

Aujourd’hui plus que jamais, cette organisation de la société en général et africaine, en particulier, est un enjeu plus que jamais stratégique pour le développement du patriotisme africain tant souhaité. 

La stratification de la société en castes a toujours existé en Afrique. En effet, les rois et empereurs ont érigé le système de castes pour avoir une meilleure organisation sur la gestion de la Cité.

L’Empereur Soundjata Keïta (13ème siècle) est reconnu officiellement comme le premier monarque à avoir érigé les castes en Institutions officielles, avec des statuts bien définis.

Au 13ème siècle, l’empire du Mali encore appelé Empire du MANDE qu’il a créé, s’étendait alors sur une grande partie de l’Afrique de l’ouest et regroupait les pays suivants : Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Mauritanie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire. L’empire avait comme capitale NIANI, située au nord-est de la Guinée.

Le commerce y était très développé et les échanges commerciaux très denses, s’étendant de la zone du Sahara à l’Afrique équatoriale. L’économie de l’empire était aussi caractérisée par l’agriculture et l’artisanat.

L’empereur Soundjata Keïta, conscient que toutes ces activités devaient être mieux organisées et catégorisées, a fait appel à ses conseillers afin d’affilier chaque activité sociale, religieuse ou économique à un groupe social bien précis.

C’est ainsi qu’à partir du 14ème siècle, la société Mandé est subdivisée en trois grands groupes sociaux, à savoir les nobles (appelés Horon), les artisans (les Nyamakalan) et les captifs (les Djons).

A – LES HORONS

Les Horons sont les familles royales, avec trois subdivisions :

  • Les Massalen à la tête, familles royales, propriétaires terriens en général, sont des agriculteurs, éleveurs ou pêcheurs ;
  • Les Tonjon, qui sont exclusivement des chasseurs loués pour leur bravoure et leur dextérité ;
  • Les Mori, qui sont les marabouts détenteurs du pouvoir spirituel.

Ces différentes classes de la noblesse sont détentrices du Pouvoir terrestre, temporel et spirituel. Pour préserver leur lignée et la pureté de leur sang, il leur est interdit de s’unir en mariage avec les « castés », lesquels seraient à une échelle inférieure.

  • LES NYAMAKALAN

Ces « castés » appelés Nyamakalan sont en général des artisans et sont détenteurs des secrets de beaucoup de métiers. Ils comprennent :

  • Les griots communément appelés les Djélis sont de grands historiens, conteurs, détenteurs de la mémoire collective. Les Djélis sont le socle de la tradition orale africaine et c’est par leur science que l’histoire de l’Afrique est préservée et transmise de génération en génération. Ce sont également les spécialistes de la généalogie des familles ;
  • Nous avons ensuite les Noumous ou forgerons, qui sont détenteurs de la science du feu et du fer depuis des millénaires. Le patronyme Noumou vient de leur ancêtre NOUM Fayri, qui a découvert le secret des forges avant de le transmettre à ses descendants. Ce sont les Noumous qui fabriquent les armes les plus puissantes qui garantissent les victoires aux armées ;
  • La 3ème et non moins importante est celle des Garankés, qui sont les cordonniers et autres bottiers ;

Nous avons enfin, au bas de l’échelle des castés, leurs serviteurs appelés Finos. Ils accompagnent souvent les castés et sont à leurs services exclusifs.

  • LES CAPTIFS OU DJONS

Comme le nom l’indique, les captifs le sont devenus lors de guerres entre tribus ou entre royaumes. Ils sont au service exclusif des castés et de la noblesse, sans contrepartie obligatoire.

Il est important de noter que beaucoup de familles pauvres ont préféré se déclarer Djon pour offrir leurs services et bénéficier par exemple de nourriture.

Les Djons sont au bas de l’échelle de la société Mandé. 

Comme nous l’avons dit au début, il est important de mettre en place une bonne organisation de la société pour optimiser sa gestion. Seulement il y a toujours le revers de la médaille.

En effet, le système des castes, depuis des siècles, a accentué les inégalités sociales. Il a continué à enrichir les riches familles, les nobles, et a appauvri les classes inférieures.

Au Sénégal nous retrouvons le même système de castes avec les nobles appelés Guèrs, les castés tels que les griots ou Guéweuls, les bijoutiers Niénios, les cordonniers ou Oudés

Il est une assertion qui dit qu’au Sénégal, nous aimons imiter, mais faisons tout pire que les autres.     

En réalité, au début de la mise en place du système, la classification des couches de la société était faite sur la base des activités courantes de chaque couche ; il n’a jamais été question au début d’admettre que chaque couche avait un sang plus pur qu’un autre.

Cet état de fait s’est glissé dans la croyance populaire et a fini de s’y encrer. Malheureusement, nous sautons de dérives en dérives telles que : 

  • Les discriminations à la limite raciales avec l’exemple de cette fille à Pikine Guinaw Rail en 2018 qui avait besoin d’une perfusion sanguine. Elle était du groupe AB+ de même que son copain. La famille a refusé le ‘’sang’’ de ce dernier du fait qu’il était Niénio (bijoutier) alors que la fille est Peuhl. Elle finit par mourir du fait de l’absurde croyance de ses parents.
  • L’inhibition de la créativité. Cela me rappelle ce jeune de 14ans en 1998 habitant Sébikotane, brillant qui a réussi à fabriquer une voiture télécommandée, et s’est vu refusé tout soutien de son patron par qu’il était casté. Le pire c’est que sa propre famille a donné raison à son patron. Le jeune ne verra jamais son rêve se réaliser.
  • La dernière en date et qui a secoué tous les cœurs épris d’humanisme, est le scandale de cette bonne dame décédée, à qui on a refusé un enterrement décent au village de Pout Dagne parce qu’elle est griote.

Aujourd’hui, avec l’évolution du monde, les conséquences de la colonisation, nous avons remarqué que les nobles d’alors ont perdu la majeure partie de leurs biens et se sont appauvris. 

Quant à certaines castes telles que les forgerons (bijoutiers au Sénégal) et les cordonniers, elles ont pu, grâce à leur savoir-faire, s’enrichir depuis la fin de la colonisation et devenir les classes supérieures et les classes moyennes. La classe jadis noble n’est devenue reconnaissable que de par ses noms de famille.

 CONCLUSION

L’Afrique peut être fière d’avoir une grande civilisation et des peuples structurés qui ont fait la grandeur de ce continent. Il a été démontré que les plus grandes inventions qui ont révolutionné le monde (telles que les mathématiques) sont le fait des fils de ce continent.

Les castes existent toujours dans nos sociétés ‘’modernes’’, elles sont la cause de beaucoup de problèmes sociaux tels que les grossesses non désirées, les viols, les séparations de famille, l’inhibition de la créativité, etc. Nous constatons aujourd’hui que certaines classes jadis moyennes ou au bas de l’échelle sont aujourd’hui les décideurs et plus grands influenceurs de la société.

Aujourd’hui, plus que jamais l’Afrique en général et l’Afrique noire occidentale en particulier, doit sa stabilité sociale à la grande spiritualité de ses nations avec la forte influence de la religion. Cette dernière en effet, a énormément contribué à lutter contre les inégalités sociales par la promotion de la solidarité.

La religion a également aplani toute différence entre les couches sociales et mieux, entre ces castes. La preuve la plus palpable est la communauté Layenne qui a attribué le patronyme ‘’Lahi’’ (relevant de Dieu) à tous les membres de la communauté.

L’Islam nous le savons tous, a toujours promu l’unité, la solidarité, la tolérance surtout. Si une religion comme l’islam permet à un musulman d’épouser une femme d’aune autre obédience telle que le Christianisme ou le Judaïsme, c’est dire à quel point la religion bannit et punit sévèrement toute forme de croyance et discrimination ethnique ou raciale de quelque ordre que cela soit.

Cela prouve à suffisance que les vraies valeurs à promouvoir sont celles de la foi, de l’honnêteté, du culte du travail, de la tolérance entre les peuples.

Moussa Gueye

Consultant khadimrassoul.net

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