Jar Jaari Serigne Touba

La destruction de l’ordre monarchique et ses conséquences

Aujourd’hui, dans votre rubrique « Jar Jari Serigne Touba » ou l’histoire de Cheikh Ahmadou Bamba, khadimrassoul.net vous propose une étude préalable de l’ordre monarchique des royaumes du Sénégal et la genèse des confréries et leurs attitudes face à la colonisation.

Sénégal : La destruction de l’ordre monarchique et ses conséquences

Plusieurs facteurs ont favorisé la poussée de l’Islam au sénégal; le plus décisif a été la destruction de la monarchie qui constituait l’obstacle majeur au développement de cette religion. Le vide politique créé par la conquête, avant la mise en place et la consolidation de l’administration coloniale, toujours considérée comme étrangère, a permis l’installation du système religieux dont les chefs qui avaient déjà acquis un grand prestige auprès du peuples qu’ils défendaient sous la monarchie, étaient devenus les guides, non seulement spirituels mais temporels de la société wolof. Les marabouts prenaient ainsi en charge cette société, lui permettant de traverser cette crise majeure provoquée par la destruction violente du système monarchique en la restructurant dans le cadre de l’ordre religieux. C’est sous forme de confrérie que l’Islam se diffuse après la conquête et organise les populations qui s’affiliaient ainsi à leur ordre.

Il existait et il existe toujours, en milieu wolof, plusieurs confréries dont deux principalement, tidiane et mouride, qui ont joué des rôles complémentaires dans l’expansion de l’Islam à l’époque immédiatement postérieure à la conquête, et, après, ainsi que dans l’organisation des populations. La troisième confrérie, quadir, a beaucoup moins d’importance, en partie, à cause de son origine étrangère, maure, et de ses dirigeants; elle comprend beaucoup moins d’adeptes. Elle n’est pas, cependant, fondamentalement différente des autres, dans son organisation, sa hiérarchie, ses institutions.

Les attitudes des confréries vis-à-vis de la colonisation (au lendemain de la conquête tout au moins) sont différentes…

La confrérie tidiane, dont l’incarnation confrérique était El Hadji Malick Sy (1855-1922), entretient de bonnes relations avec les conquérants et administrateurs français, malgré la brutalité des méthodes de ces derniers pour contrôler et dominer les populations. Elle adopte ainsi, en grand stratège, une attitude réaliste, devant la puissance militaire des colonisateurs qui a détruit la monarchie de tradition guerrière.

Le fondateur du tidianisme en milieu wolof n’était pas originaire du Cayor, où il s’est installé à la fin du siècle dernier, venant du Walo, il lui était difficile de mobiliser, dans une action périlleuse, les populations de cette région, comme le fera le mouvement Mouride, au Baol, à la même période. Mais la principale raison de collaboration Tidiane avec l’administration coloniale réside dans l’origine des adeptes qui font, généralement, partie des anciens islamisés s’étant opposés au pouvoir monarchique à cause de ses abus et ont vu d’un œil favorable sa défaite. Parmi les membres de la confrérie se trouve la majorité des cadres auxiliaires de la colonisation, issu des villes et esclaves de la côte, de la voie ferrée Dakar-Saint-Louis et du bas fleuve: employés de l’administration et des maisons de commerce, traitant surtout, dont les activités servaient directement ou indirectement l’entreprise coloniale et qui avaient intérêt à l’établissement et au maintien de relations confiantes entre celle-ci et leur organisation religieuse. Le rôle de collaboration avec le pouvoir colonial et, après, avec l’Etat indépendant du Sénégal sera une constante de l’attitude de la confrérie tidiane…

 (NB:contexte de la création du mouridisme et présentation de Serigne Touba)

La confrérie Mouride s’est constitué et a commencer à se développer, à cette même époque de la fin du XIXe siècle, au lendemain de la défaite des monarchies wolofs. Cette période de crise sociopolitique profonde a été favorable à la naissance d’organisations religieuses fondées par de fortes personnalités, réputés pour leur science et leur sainteté. Celles-ci prenaient, d’une certaine manière, la relève du pouvoir politique miné par de grandes faiblesses se traduisant par l’oppression des populations, des guerres et des conflits internes incessants, avant d’être détruit par la conquête. La confrérie mouride est apparue comme un lieu de résistance passive à la colonisation, contrairement à la confrérie Tidiane qui avait une autre lecture des événements.

Momar Talla Kane

khadimrassoul.net

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