Lundi, à l’occasion de la cérémonie solennelle du Grand Magal de Touba, M. Dramé, représentant du Khalif général des Mourides, a lu le message adressé par le Président Senghor à El Hadji Falilou M’Backé. En voici le texte intégral :
El Hadji,
L’intéret supérieur de la Nation a amené le Chef de l’Etat à rompre avec une vieille tradition et à confier au Ministre de l’Intérieur, tuteur des collectivités religieuses, la charge de le représenter dans toutes les cérémonies qu’elles organisent habituellement, particulièrement, aujourd’hui, au Magal de Touba.
L’attention qu’il porte donc aux familles spirituelles du pays reste soutenue et bienveillante. Comment d’ailleurs, pourrait-il être autrement, pour nous, qui avons convenu de nous référer à Dieu dans toutes nos entreprises, en refusant, énergiquement, toute doctrine qui l’en exclurait ?
El Hadji, votre ami Léopold Sédar Senghor vous remercie de l’amitié que vous lui portez. Il en connait la profondeur et la solidité. Elle ne lui a jamais fait défaut. Il répond par la même amitié, qui, vous le savez est, et sera, constante. Cette attitude d’esprit est, au demeurant, conforme à l’honneur sénégalais. Et puisque en ce jour bénit, les croyants ont coutume d’implorer Dieu, permettez-moi de le faire par votre intermédiaire. Ma prière montera dans deux directions : le bonheur que je souhaite pour tous les Sénégalais, et la paix que je désire pour eux.
Le bonheur des Sénégalais est, d’abord, entre leurs mains. Leur travail, leur ouverture au monde moderne, leur volonté d’agir, demeurent les principales clefs du progrès.
Les Mourides ont, depuis toujours, sanctifié le travail. Mais notre travail doit être productif. Aussi est-il étroitement lié à notre capacité d’innovation. Puisque nous sommes un pays agricole, nous devons, utiliser des methodes rationnelles, plus modernes, d’un mot plus efficace de production, afin d’en tirer le meilleur parti, c’est à dire le meilleur revenu.
Si notre volonté d’agir en ce sens se confirme, alors, Dieu nous aidera et nous pourrons LUI offrir le fruit de notre travail, qui sera sanctifié. IL répandra sur nous et notre pays, sa protection, faisant surgir des richesses – matérielles et spirituelles – Alors, les Sénégalais connaîtront les progrès et le bonheur.
Mais nous n’accèderons à un bonheur total que dans la mesure où, tout ensemble, nous aurons trouvé la paix. La paix qui doit habiter nos cœurs et nos esprits, en cette période difficile de notre histoire. Aussi est-il indispensable, puisque nous nous sommes, tous, retrouvés dans une seule et grande famille, de confronter pacifiquement nos idées. La passion que nous mettons, parfois, à défendre nos positions ne présente aucun danger …
SOURCE : Journal DAKAR-MATIN du Vendredi 2 Juin 1967
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