Jar Jaari Serigne Touba

«Procès » du 05 septembre 1895 : De la rumeur à la consécration par Serigne Khadim Gaydel Lô

A l’heure de la commémoration du 125ème anniversaire des Rakkas de Ndar (Saint-Louis), il me semble important de dépasser le simple émotionnel, pour nous interroger sur le sens du procès du 05 septembre 1895. Le nom de Serigne Touba est apparu pour la première fois en mars 1889 dans une correspondance officielle, lorsque le Département des Affaires Politiques écrit à l’Administrateur de Kajoor son inquiétude au sujet des rumeurs sur le « marabout appelé Amadou Bamba » installé entre Baol et Kajoor et qui ralliait de nombreux adeptes. L’on demanda à l’administrateur Angot de procéder à une enquête très discrète.

En avril 1889, il rapporte « Au cours de ma mission, j’ai réalisé des enquêtes dans différents endroits sur les activités du marabout. Partout…j’ai entendu grand bien à son sujet. Il s’agit d’un homme pieux et tranquille dont la seule faute est qu’il s’occupe d’un grand nombre de « moins que rien » dont il fait des élèves marabouts et si ces gens ne sont pas étroitement surveillés, ils causeront progressivement des difficultés ».

En juillet 1895, Leclerc, administrateur du cercle de Saint-Louis, dit que Serigne Touba avait tenu une réunion devant 700 hommes, dont de nombreux anciens partisans de Lat Dior. Lisons ensemble ce qu’il rapporte « Je ne connais pas les mots exacts de son discours, mais il est certain, pour quiconque connaît la prudence d’Amadou Bamba, qu’il n’avait pas dit de choses répréhensibles. Mais il n’en a pas moins certain que dans la soirée, alors que le marabout parlait dans sa hutte…ses talibés circulaient de groupe en groupe, donnant des instructions pour un soulèvement plus tard dans l’année ».

Le mois suivant de la même année, le même Leclerc avertit « Tous les anciens partisans du Damel, tous les tiédos qui vivent uniquement par la guerre et le pillage et que l’actuelle administration a réduit à la misère, se sont regroupés autour du mahdi marabout, le destructeur de l’homme blanc… ». « Arrêté » le 10 aout 1895, son procès ouvert le 05 septembre 1895, sans preuves avérées, le Conseil Privé décida de déporter Serigne Touba au Gabon pour une durée de plus de 7 ans.

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