Netali Borom Ndame

Cheikh Ahmadou Bamba : une supériorité multidimensionnelle (Partie I)

Le Cheikh et ses disciples furent sujet de crainte pour les autorités d’où l’objet de leur poursuite, de leur surveillance, de leur sévérité et des calomnies.

La nouvelle de cet incident se répandit après qu’il eût été réputé pour sa science et pour sa dévotion et que de nombreuses et pieuses gens, l’ayant rencontré, eussent deviné sa sainteté.

Mais certains des jeunes ulémas, enclins aux choses de la vie d’ici-bas commencèrent à se détourner de lui, car sa conduite envers les tenants de la vie d’ici-bas mettait à nu leurs défauts notamment la superficialité de leur foi.

D’ailleurs, ceux qui ne s’intéressaient qu’à la vie d’ici-bas le détestaient à cause de son intransigeance et répugnance qui caractérisaient également l’attitude de ses disciples à leur égard.

Cependant, ceux qui donnaient la priorité à leur vie future, notamment les ulémas les plus doctes, l’aimaient et le considéraient comme allié, comme vous l’avez déjà vu.

Ainsi les groupes adoptèrent-ils des attitudes différentes vis-à-vis de lui ; ce qui accrut sa réputation et favorisa l’empressement des hommes auprès de lui. Dieu décréta que, de toute tribu, lui vinssent ses hommes les plus chers : ses dignitaires et leurs fils. Ce fut là une des faveurs que Dieu lui avait exclusivement accordées. En effet, parmi les habitants de chaque province, les membres de chaque groupe et les pratiquants de chaque métier, ses disciples furent les chefs les plus considérés et suivis par les autres. Un vilain ne l’avait jamais suivi sans que son rang ne fût élevé aux yeux de son peuple. Dieu voulut, semble-t-il, fonder sa Voie grâce à l’aide des nobles.

Ses talibés ont été et demeureront toujours les plus nobles des hommes. Louanges à Lui dans les cieux et sur la terre ! Notre Seigneur crée et choisit ce qu’il veut.

Par ailleurs, depuis ce temps qui marqua la fin des jours de Lat-Dior et de Samba Laobé, il se distingua des cheikhs du pays du fait que ses disciples s’étaient engagés avec lui dans le chemin de l’irâda dont les règles leurs furent transmis par lui. D’où le nom « Mouride »qui leur furent donné et qui exclut les autres disciples des cheikhs tijanites, khadirites ou autres. Ils furent, en effet, le premier groupe réuni autour d’un seul Cheikh leur conférant l’éducation spirituelle des initiés en mystique et qui, pour mieux se vouer à Dieu, se débarrassa de tout souci ou de toute préoccupation mondaine, hormis le nécessaire.

Ils comprirent la signification de l’irâda, empruntèrent son chemin et marchèrent vers Dieu avec une parfaite conformité à la Sunna dans la pratique culturelle, dans l’état spirituelle et dans la morale.

Cependant, je n’ai pas dit que l’irâda ne s’appliquait dans le pays qu’à eux. Mais son adoption unanime et sa pratique accompagnée de détachement des choses mondaines et de l’attachement exclusif à Dieu qui, grâce à une force et une lumière divine, attirent les aspirants lointains, de même que les proches, ne s’étaient pas produits dans ces contrées avant Cheikh Ahmadou Bamba.car s’il en était autrement, la tradition ne leur aurait pas réservé l’appellation de «mourides ». Ce mot dérive d’ailleurs d’irâda (volonté).  Il s’applique à toute personne qui acquiert une des qualités qu’il implique. La tradition des anciens l’avait réservé à ceux qui se détachent des choses mondaines pour se consacrer à Dieu. Au Sénégal, parmi les gens du « détachement », qui se consacrent à Dieu et à son Prophète, la tradition n’a accordé l’appellation de « mourides » qu’aux disciples de Cheikh Ahmadou Bamba à cause de la primauté et de la supériorité de leur irâda.

Ainsi, au fur et à mesure que la chaîne des événements s’étalait, les grâces et l’assistance divines accordées à Cheikh Ahmadou Bamba et l’empressement des hommes auprès de lui devenaient plus importantes. Rien ne les détournait plus de lui.

Khadimrassoul.net

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