Nous voici réunis pour un jour de commémoration de la communauté musulmane toute entière. Chaque peuple a son jour de gloire. Par exemple les juifs celebrent le 10e jour du Muharram qui coïncide avec l’indépendance des Bani Israël en ce qu’il coincide avec le fait que Seydinna Moussa (psl) sauva son peuple de l’esclavage. Tel est le cas aussi pour beaucoup d’autres communautés de Dieu. Et la question candide aux pourfendeurs de cette action de grâces serait : pourquoi nous autres musulmans ne montrerions- nous pas notre gratitude au Prophète Mohammed (psl) en lui dédiant un jour ? En cela le Mawlid prend tout son sens, loin de la connotation négative de bidaa.
Aussi une communauté n’est éminente que par la valeur de ses hommes et femmes qui la composent. Qu’en est –il alors lorsque la gloire de cette dernière est dérivée d’un homme aussi parfait que Seydina Mohammed. La nature de l’Elu etant que son caractere fut apprecie des hommes certes mais de prime abord de son Seigneur qui proclame dans la sourate 68 verset 4 Sourate Al-Qalam : Wa-innaka la’ala khoulouqin ‘azim …Et tu es certes, d’une moralité éminente.
Si nous célébrons ce jour comme étant le plus important pour la communauté singulière de Touba Baghdâd, c’est qu’il correspond certes à une Autorisation Divine .Cependant on ne peut que s’en réjouir car ce jour a beaucoup de bienfaits qui y sont attachés.
Cette nuit de naissance fut bien singulière du point de vue du symbolisme .Ces symboles ont une signification bien certaine En effet llorsque Mère Amina donna naissance au Prophète Mohammed(Psl), elle raconte avoir vu une lumière qui éclairait les palais de Syrie. Cette lumière, son oncle Al Abbas (ra) en fait allusion dans un poème ou il écrit : «Quand tu es né, la terre brillait et l’horizon est illuminé par ta lumière. Nous voyageons dans cette lumière et dans les sentiers de la justice. ” Le sens de ce symbole de lumière qui illumina les palais de la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie, n’est rien d’autre que l’avantage que ces royaumes ont reçu de la lumière de Sayyidina Muhammad.
Au delà, le prophète fit face à tous les problèmes sociaux, économiques de son temps. Mais avec une telle accessibilité il se proposa se les résoudre. Il est clair que de sa démarche nous pourrons apprendre beaucoup de choses ici au Sénégal.
En effet il est clair que nous vivons des moments difficiles. Les crises sont de 3 ordres : économique, politique, de valeur et de personnalité. Les problèmes auxquels nous sommes exposés ont pour noms : manque de consensus politique, manque d’autorité, la faiblesse de la productivité, l’abandon de l’agriculture, le chômage, les inégalités économiques. Telles facteurs méritent une action vigoureuse à tous les niveaux. Cette action vigoureuse devra aussi être articulée pour éviter des contradictions comme la pauvreté́ face à l’opulence ; la faim et la famine en dépit de la croissance de la production, la désintégration de la famille et l’avilissement des valeurs humaines fondamentales en dépit de la révolution des connaissances.
C’est clair que Sénégalais devrons chercher et créer notre propre model. Ce model doit intégrer modernité et spiritualité. Et c’est en cela que l’histoire du Prophète trouve son sens. Par lui nous disposons d’un grand héritage qui peut nous permettre de juguler les problèmes. L’intégration de cet aspect dans notre modèle est d’autant plus nécessaire que la mise en œuvre de politiques empruntées aux modèles de croissance des écoles de pensée dominantes n’a pu aboutir à un développement socio-économique.
Pour pallier à ces crises multidimensionnelles il nous faudra élaborer un programme qui donne la priorité́ à l’éducation, à la promotion du capital humain tout autant à une répartition plus équitable des revenus et des richesses. L’objectif étant un Sénégal auto dépendant avec une paix durable.
LA Paix ! Du reste un mot cher à Cheikhoul Khadim. Que les Sénégalais cultivent la paix ! À commencer par ceux qui en demandent toujours dans les cérémonies religieuses c’est-à-dire le gouvernement et l’opposition. En dépit de la lutte saine pour la conquête du pouvoir, rien n’empêche qu’ils s’engagent dans un dialogue de paix ; gage de la réussite de tout projet de développement.
La paix n’est pas seulement la sécurité physique ou l’absence de guerre et de conflit mais c’est aussi, comme je le réitère, un ajustement et une orientation harmonieuse de l’individu, d’une part vers son Créateur et d’autre part, avec ses semblables. Personne ne peut être en paix avec son frère à moins qu’il soit en paix avec lui-même et personne n’est en paix avec lui-même, sauf s’il est en paix avec son Créateur.
Mais en conclusion, notons que tout cela ne peut se faire que par le travail comme l’a dit le khalife General lors du Magal. Ainsi il appartient à tout un chacun d’arrêter la politique politicienne et de se consacrer au travail : « En vérité́, Allah ne changera jamais l’état d’un peuple, tant que celui-ci ne se change pas lui-même » – (13 : 11)
Fait à Bagdad, Thiès – Gamou 2015
Serigne Khadim Gaydel Lô