Ces propos de Borom Ndame concernant une partie des sacrifices endurés par le Cheikh pour la liberté de ses semblables nous édifient sur la reconnaissance éternel qui incombe à tout un chacun vis à vis de Cheikh Ahmadou Bamba.
Après l’abolition de l’esclavage, la nation négro africaine était loin de se douter du nouveau plan concocté par les occidentaux pour continuer la domination et l’exploitation des ressources du continent à leur profit: il s’agit de la colonisation.
Si d’aucuns ont eu la liberté de penser que c’est un « mal nécessaire », il n’y a rien qui dédit le fait que cette nouvelle forme de domination s’avère être pire que la précédente. Car si la première consistait à user la force physique de l’homme noir, la seconde tend à le contrôler sur le plan comportementale, émotionnel et sociologique, ce qui se résume à un esclavage éternel qui s’accroît d’une génération à une autre.
Cependant ces colons ont trouvé sur leur chemin l’opposition la plus coriace qu’ils eurent à affronter, et pourtant il s’agissait d’un Homme sans arme, humble, pieux et pacifique comme le reflète sa tunique blanche si légendaire: il s’agit de Cheikh Ahmadou Bamba.
Ce Cheikh qui a redorer le blason de l’islam en Afrique noir a en même temps libérer son peuple par la science, l’éducation, le culte du travail, mais surtout par la paix et la tolérance.
Pourtant Cheikh Ahmadou Bamba a payer le prix fort pour cela, les propos recueillis de Serigne Khadim Gaydel Lô lors Grand Magal de Touba en 2014, à ce sujet nous édifient davantage sur ce qu’a pu subir le Saint homme pour notre cause, et sur les conditions à remplir pour avoir cette paix qui était si chère à Khadim Rassoul:
« C’est avec partialité qu’on l’arrêtât à Mbacke bari. C’est avec préjugé qu’on lui fit un procès d’intention devant le conseil prive. Suivirent des supplices atroces tels que, la cellule infecte de Ndakarou, la déportation a l’ile du Gabon (Jazira) ou pour un homme de Dieu il ne devait rencontrer personne qui fut en quête de Dieu ou de sa voie (sabil). Mais de cette solitude des iles, Dieu Merci, comme il le note dans son carnet de voyages « … les mois et les jours étaient devenus comme des personnes (ashkhas) qui lui tenaient compagnie » .Ses tourments furent certes énormes. A un moment entre les deux iles il se trouva dans un état d’épuisement (ta ’ab) tel qu’il ne lui reste plus qu’à rendre l’âme (khuruj ar ruh) (p 22). Cependant voici un pauvre expatrié (Mutagharib) qui mit à contribution ces moments pour se livrer à la guerre sainte des passions (mujahid li nafsi) . Et nul ne doute qu’il devint alors comme le soleil (ka sh shams) !
Et de ce voyage sur la mer il a redoré le blason de l’Islam, de l’Afrique des eaux troubles de la Colonisation, tout en nous donnant notre vraie place dans l’islam ; nous, aux peaux noircies. De plus il chanta notre prophète mieux que les anges poétiques, jusqu’à hériter seul du titre de serviteur agréé (Khadiman li rrasuli llah ! )
…. La paix n’est pas seulement la sécurité physique ou l’absence de guerre et de conflit mais c’est aussi, comme je le réitère, un ajustement et une orientation harmonieuse de l’individu, d’une part vers son Créateur et d’autre part, avec ses semblables. Personne ne peut être en paix avec son frère à moins qu’il soit en paix avec lui-même et personne n’est en paix avec lui-même, sauf s’il est en paix avec son Créateur. «
Serigne Khadim Gaydel Lô