En effet, la passion intervient dans tous les mouvements du serviteur, même dans son exercice ascétique et dans le combat qu’il livre à son âme charnelle.
Ne savez-vous d’ailleurs pas que certains Compagnons du Prophète se délectaient dans la vie solitaire au point de vouloir se rendre eunuques et renoncer totalement aux plaisirs de la vie profane ? Ces hommes eurent interrogé les femmes du Prophète sur les pratiques dévotionnelles privées de ce dernier. Ayant, semble-t-il, trouvé les pratiques décrites par les femmes insuffisantes, ils se dirent : « Qu’allons-nous faire » ? Un d’entre eux dit : « Pour ce qui me concerne, je passerai désormais la nuit toute entière en prière ». Un autre dit : « Quant à moi, je me passerai désormais des femmes ». Quand le Prophète apprit leurs décisions, il s’y opposa énergiquement, les somma et leur dit : « Est-ce bien vous qui avez dit ceci et cela ? Par Dieu, J’appréhende Dieu et le crains mieux que vous. Pourtant je jeûne parfois et épouse des femmes. Et celui qui ne se contente pas de ma Sunna, n’est pas de mes adeptes ».
(…) Si vous étudiez la vie de notre Cheikh, vous découvrirez qu’il a conformé toutes ses affaires à la Sunna du Prophète (PSL). En effet, il a soumis son âme charnelle, ses passions, sa vie toute entière à l’obéissance au Messager de Dieu (PSL), visant ainsi à complaire au Seigneur Puissant et Majestueux. Ceci l’a distingué de tous les autres chercheurs de la perfection.
De même, il se conformait à la Sunna, il veillait à discipliner ses adeptes et les exhortait à acquérir des biens licites. Car l’acquisition des biens licites équivaut aux yeux des Mystiques à la guerre sainte. Dans le Kût, Abu Tâlib dit : « L’épuration des œuvres consiste à se nourrir de biens licites ». Plus la nourriture est licite, plus l’œuvre est pure, car l’action est rendue possible par la nourriture. À ce propos, Dieu Très-Haut dit : « Mangez de bonnes nourritures et faites le bien » (23/51). Il nous recommande ainsi la nourriture licite avant d’accomplir de bonnes œuvres. Sahl Ibn Abdallah dit : « Nul ne saisira la réalité profonde de la foi tant qu’il ne se nourrira pas de biens licites ». Dans le Kût, il est rapporté de Fudayl Ibn Iyâd : « Le noble n’a pas acquis sa noblesse grâce au pèlerinage ou au jeûne ou à la prière. À nos yeux, seul est noble celui qui choisit bien ce qu’il introduit dans son ventre » …
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
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