Si l’arbre se juge à ses fruits, alors le jeûne est un arbre d’une valeur inestimable. Quatrième pilier de l’Islam, le jeûne est prescrit dans le Saint Coran en ces termes :
« O les croyants! On vous a prescrit aS-Siyâm (le jeûne) comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété » Al-Baqarah verset 183, celle qui reflète la vrai taqwâ.
Toutefois, « pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter (qu’avec grande difficulté), il y a une compensation : nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui ; mais il est mieux pour vous de jeûner ; si vous saviez ! » Al-Baqarah, verset 184.
Ces jours sont « le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. – Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants! » Al-Baqarah, verset 185.
Ce 9ème mois lunaire pour lequel le jeûne est ainsi recommandé revêt un caractère particulier quant aux spécificités se rapportant à sa dimension sociale en termes de commun vivre. Que devrions-nous savoir sur les vertus dans l’observation du jeûne? Sa pratique conformément à la sunna du Prophète Mouhammad nous pousse-t-elle à mieux vivre?
Jeûner est non seulement une thérapie, mais elle régénère aussi le corps. Il est scientifiquement démontré que les cellules souches du corps humain se régénèrent après trois jours de jeûne et son système immunitaire est au top de sa performance. Jusqu’à nos jours il n’existe pas de remède plus efficace que le jeûne. Sa pratique régulière permet d’arrêter la production de l’enzyme-K ce qui ralentit nettement le vieillissement. Alors on comprend aisément les propos du prophète Mouhammad quand il disait aux musulmans : « jeûnez! Et guérissez »
Par ailleurs le but recherché dans la pratique du jeûne est de parvenir à la vrai taqwa.
Comme un individu se soumet à Allah à travers l’Islam, il ou elle développe une crainte d’Allah. La Taqwa est la conscience intérieure et globale de son devoir envers lui et la conscience de sa responsabilité envers lui.
L’essence de la taqwa réside dans une attitude de cœur et d’esprit plutôt que dans une forme extérieure. Lorsqu’il est imprégné de taqwa, l’état d’esprit d’une personne (ses pensées, ses émotions et ses inclinations) reflétera l’islam. Sa crainte d’Allah le conduira à être proactif et à éviter tout comportement qui pourrait être en dehors des limites prescrites. Ceux qui ont la Taqwa sont décrits comme ceux qui croient au Coran :
« C’est le livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux, qui croient à l’invisible et accomplissent la Salât et dépensent (dans l’obéissance à Allah) de ce que nous leur avons attribué, ceux qui croient à ce qui a été descendu (révélé) et ce qui a été descendu avant Toi et qui croient fermement à la vie future. Ceux-là sont sur le bon chemin de leur Seigneur, et ce sont eux qui réussissent (dans cette vie et dans la vie future) » Al Baqarah 2-5
La taqwa empêche un musulman de se comporter de manière non conforme à l’Islam. Le comportement de ceux qui ont la taqwa est décrit plus en détail dans le verset suivant :
« La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant ou le couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au jour dernier, aux anges, au livre et aux prophètes, de donner de son bien, quel qu’Amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la Salât et d’acquitter la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » Al Baqarah 177
Quant aux bienfaits du jeûne Khadim Rassoul dit dans Massalikal Jinân :
Quant à l’action de jeûner, elle est parmi les moyens les plus efficaces de chercher l’agrément et les faveurs d’ALLAH, Car il existe parmi les portes du Paradis une qui ne sera accessible qu’aux seuls jeûneurs ; sois laborieux dans les actions pieuses. Ces assertions méritent clarifications pour mieux en saisir la portée.
Autre part, si le jeûne prescrit par la religion consiste à s’abstenir de manger, boire et avoir des relations sexuelles entre l’aube et le coucher du soleil, le jeûne spirituel consiste outre cela, à protéger ses sens et ses pensées de tout ce qui est illicite. C’est abandonner tout ce qui est disharmonieux intérieurement aussi bien qu’extérieurement. La moindre infraction de cette intention rompt le jeûne.
Le jeûne religieux est limité dans le temps, alors que le jeûne spirituel est continuel et dure tout le long de la vie temporelle et éternelle. C’est le vrai jeûne.
Notre Maitre le prophète (psl) remarque :
« Ils sont nombreux ceux qui jeûnent et auxquels leurs efforts ne rapportent que la faim et la soif, et aucun autre bénéfice. »
Il y a aussi ceux qui rompent le jeûne lorsqu’ils mangent et ceux dont le jeûne continue même après qu’ils aient mangé. Ce sont eux qui gardent leurs sens et leurs pensées à l’abri du mal et qui évitent que leurs mains et leur langue ne blessent quiconque. C’est à ceux-là qu’Allah le très haut a promis :
« Jeûner est une action faite pour l’amour de Moi, et c’est MOI qui en accorde la récompense. »
A propos des deux formes de jeûne, notre Maitre le Prophète Mouhammad (PSL) dit :
« Celui qui jeûne a deux satisfactions. La première est lorsqu’il rompt le jeûne à la fin du jour. La seconde est lorsqu’il voit. »
Ceux qui connaissent la forme extérieure de la religion disent que la première satisfaction de celui qui jeûne est le plaisir de manger après un jour de jeûne, et le sens de la satisfaction exprimé par « lorsqu’il voit » correspond au moment où quelqu’un qui a jeûné tout le mois de Ramadan voit la nouvelle lune qui marque la fin du jeûne et le début des festivités. Ceux qui connaissent le sens intérieur du jeûne disent que la joie de rompre le jeûne se rapporte au jour où le croyant entrera au Paradis et y prendra part aux ravissements, et que la grande joie « lorsqu’il voit » signifie ce qu’éprouve le croyant en voyant la vérité d’Allah avec l’œil secret du cœur.
Encore plus précieux que ces deux formes de jeûne est le jeûne de vérité qui revient à empêcher son cœur d’adorer quoique ce soit d’autre que l’Essence d’Allah. On le fait en rendant l’œil du cœur aveugle à tout ce qui existe, même dans le royaume secret en dehors de ce monde, sauf l’Amour d’Allah. Car bien qu’Allah ait créé toute chose pour l’Homme, il a créé l’homme uniquement pour Lui et il dit :
« L’Homme est mon secret, et je suis son secret. »
Ce secret est une lumière venant de la lumière divine d’Allah. Il est le centre du cœur, fait de la plus subtile des matières. Il est l’âme qui connait toutes les vérités secrètes. Il est le lien secret entre la créature et son Créateur. Ce secret n’a ni amour ni inclination pour quiconque autre qu’Allah.
Il n’y a rien de précieux à espérer, il n’y a pas d’autre but, pas d’autre bien-aimé en ce monde ou dans l’au-delà, sinon Allah. Si un atome de quoi que ce soit d’autre que l’amour d’Allah entre dans le cœur, le jeûne de vérité, le vrai jeûne, est rompu. Il faut alors le rétablir, revivifier la volonté et l’intention, retourner à son Amour, ici et dans l’au-delà. Car Allah dit :
« C’est uniquement pour moi que l’on jeûne, et c’est moi qui en accorde la récompense. »
Ainsi nous pouvons sans ambigüité mieux saisir les propos de Khadim Rassoul quand il dit « diiniya houboul lahi …» ma religion c’est mon Amour en Allah.
Ces différentes facettes du jeûne qui est un des piliers de la religion prescrit aux musulmans pendant le Ramadan, 9ème mois lunaire, nous incitent à mettre en évidence une logique de moralités.
Nonobstant la ferveur dans la pratique et la communion dans les activités on peut déduire sans difficulté que la foi qui anime les musulmans en période de Ramadan est sans commune mesure. Dès lors que les savants musulmans nous enseignaient que la foi menait à la force.
Quand Allah dit, « il est de notre devoir d’aider les croyants », tout porte à croire que celui qui dispose de l’aide de son seigneur dispose également de sa force.
De la même manière la fraternité qui devient un vécu social nous conduit à l’entraide fortement recommandé par Allah entre les musulmans.
La taqwa quant à elle vient nous répartir et nous positionner sur l’échelle de la prééminence et nous dirige tous vers l’équité sociale.
Le ramadan constitue ainsi une période d’incubation pour le musulman afin qu’il puisse mieux se comporter au sein de la société pour les onze autres mois à venir et cette pratique qui dure toute une vie devrait nous libérer de tout ce qui entache notre foi, nos pratiques, et notre perfectionnement spirituel, cette liberté-là qui nous permet de garder notre dignité dans sa plus belle forme.
Ainsi nous pourrons atteindre la paix intérieure qui constitue notre source d’ascension vers la proximité divine, l’ultime but recherché.
Birane Ngom