De même (à l’instar de Cheikh Ibrahima Fall), le Cheikh avait dit à son grand Mouride Adama Gueye, quand il était venu lui prêter serment d’affiliation : « Si tu aspires à Dieu, abandonne ta famille, renonce à tes biens, détourne-toi de la vie d’ici-bas et tourne-toi vers Dieu et le Vie future ». Adama obéit, et à peine s’attacha-t-il au Cheikh que son cœur s’apaisa et qu’il fut entraîné vers Dieu… D’autre part, Adama fut parmi ceux à qui étaient dévoilés des secrets de l’univers. Souvent il envoyait quelqu’un à un de ses disciples pour lui interdire (de répéter) un acte qu’il avait commis à l’insu des gens. Il leur parlait également de leurs dépôts secrets et de ce qu’ils mangeaient dans leurs maisons. Il révélait souvent des pièges qui lui étaient tendus en son absence. Il fut en plus doué à guérir des maladies et des douleurs par simple toucher ! Du reste, certains Cayoriens m’ont dit que quand le Damel Samba Laobé Fall se rendit aux Français à Saint-Louis et que ces derniers saisirent ses armes et ses chevaux et l’exilèrent dans l’île où il ne pouvait ni réaliser un profit pour lui-même ni faire du mal (à personne), on lui indiqua ce cheikh mouride, Adama GUEYE, afin qu’il le sauvât par ses prières… Adama leur dit : « Cela est facile à Dieu, amenez-moi une poignée de sol du Cayor ». On la lui amena, et après l’avoir conservée pendant la nuit, il leur déclara au matin : « Votre affaire est accomplie, votre désir est réalisé, vous rentrerez au Cayor investis du gouvernement de la part de cet État (les autorités coloniales) ». Quelques jours plus tard, l’État trouva un compromis avec eux et le déclara Damel du Cayor. Certains de ces frères Mourides lui dirent : « Par quoi as-tu pu leur obtenir ceci ? – Par rien, répondit-il, sinon par le fait que je me suis représenté l’esprit de notre Cheikh et m’y suis adressé en ces termes : « Ô mon Seigneur, ramène ceux-ci à leur pays, investis du pouvoir ». Ensuite se passa ce qui se passa, et il ne fit jour que je fusse sûr de la satisfaction du désir grâce à la baraka de notre Cheikh ».
Tel fut également le cas de Cheikh Ibrahima Fall sous la direction de qui se réunirent, quelques années après son affiliation à la Voie du Cheikh, des milliers de postulants soumis à lui ainsi que d’autres dizaines de milliers. C’est d’ailleurs grâce à lui que des milliers de scélérats appartenant aux familles royales du Cayor, du Baol et du Sine et leurs suites se convertirent à l’Islam.
Que Dieu est Transcendant ! Lui Qui donne ce qu’Il veut à celui qui Lui plaît ! (…) Cheikh Adama Gueye et Cheikh Ibra Fall avaient renoncé aux biens de la vie d’ici-bas bien que Dieu les leur eût offerts ; ils aspiraient à Dieu Qui leur fit oublier leur propre personne et les éternisa grâce à la connaissance gnostique.
Cheikh Ibra Fall et Cheikh Adama Gueye étaient les premiers Mourides à qui le Très-Haut, par Sa Grâce, a donné des richesses sans qu’ils les eussent demandées. C’est d’ailleurs pour leur renoncement qu’ils ont réussi, grâce à l’Assistance de Dieu, à Le remercier par des dépenses (au profit des besogneux), par de généreuses œuvres de bienfaisance, par la réconciliation (des adversaires) et par des présents destinés aux pieuses gens, faits dans lesquels personne hormis les Compagnons et leurs successeurs immédiat n’a pu les égaler…
Le Prophète (PSL) a dit au sujet du pouvoir : « Est abandonné à ses propres forces quiconque cherche le pouvoir. Cependant, celui qui le recevra sans le demander, sera assisté par Dieu à le bien exercer ».
Extrait minanoul Bakhil Khadim
Khadimrassoul.net