Netali Borom Ndame

Le Silence et l’abstention des inanités : des aptitudes de Cheikhoul Khadim jamais égalées !

« Le Cheikh observait le silence tout le temps sauf quand il pratiquait le Zikr et le shukr ou les actes qui lui servent de préparatifs ou en relèvent tel le sermon, l’enseignement, les conseils ainsi que tout ce qui est nécessaire en fait d’actes bons et licites et de pratique habituelles liées aux actes de dévotions. Cheikh Ahmadou Bamba ne préoccupait pas sa langue a fortiori ses autres membres des futilités. Son silence constituait une méditation. Souvent on l’entendait murmurer ou émettre un gémissement suivi d’une glorification et d’une sanctification de Dieu. À la suite de sa méditation il expliquait, s’il se trouvait en public, les choses étonnantes et étranges que recelait l’Objet de sa méditation, ou entretenait ses auditeurs de ses souvenirs relatifs à des gens qui s’accrochaient à la vie et qu’elle avait trompés. Parfois, au lieu de parler, il se contentait de la récitation des adhkâr (Zikr) quand il s’apercevait que l’état de l’auditoire rendait la parole inutile puisqu’il (l’auditoire) était incapable de comprendre ce qu’il voulait dire ou qu’il était insuffisamment attentif ou indifférent. Voilà le comportement que l’on entend par silence. 

En dehors de ses audiences privées, il se vêtit d’un boubou dont une partie était couverte par son turban qui entourait sa barbe et dont une partie pendait sur son épaule gauche. Il dirigeait son regard vers ses pieds, et se plongeait, quand le lieu était propre, dans la récitation, le zikr ou la prière sur le Prophète (PPSSL), sans rien dire d’autre. Tel était son comportement notamment quand il se trouvait en dehors de sa maison avec des étrangers, quand les autorités coloniales réunissaient la population ou les dignitaires pour leur communiquer un ordre ou pour une affaire semblable, et au cours des voyages qu’il effectuait au début de sa vocation de chef spirituel et avant que la croissance de ses adeptes n’atteignît ses proportions pendant la deuxième moitié de sa vie, quand elle (la croissance) l’obligea à se fixer et amena les autorités, pourtant à l’abri de tout mal, de tout acte de vengeance de sa part, à lui imposer la résidence surveillée afin de parer à une perturbation de l’ordre… 

Cette adhésion massive à la confrérie naissante était une de ces faveurs que Dieu accorde à celui qu’Il veut. Ce n’était donc nullement recherché par le Cheikh qui demeurait dans sa maison partagée entre la méditation du Livre Saint, la composition de poèmes au service du Messager de Dieu, la direction, l’éducation, l’assistance morale et matérielle, le rappel des devoirs religieux, la méditation des sermons et le rappel des Bienfaits de Dieu et la nécessité de s’imposer une stricte droiture. À vrai dire, il surpassait tous les autres en son silence et en son abstention des inanités comme il les surpassait dans son exercice quasi délirant du Zikr et du prêche. 

Aux yeux des Mystiques, le silence prôné dans les traditions prophétiques devient une obligation personnelle quand il consiste à s’abstenir des paroles oiseuses. La droiture implique le maintien de l’équilibre entre des obligations et des bienséances. De sorte que l’on se soustrait à tout ce qui est vain et qu’on s’adonne au Zikr du cœur et de la langue jusqu’au délire et au tafrîd ou incessante répétition du Nom divin préconisée dans le Hadith du Muslim cité précédemment où il est dit : « …Ceux qui pratiquent le tafrîd ont surpassé les autres en mérite. » Le Prophète entend ainsi donner à ses Compagnons l’ordre de s’occuper plutôt du zikr. Or, ordonner une chose, c’est interdire son contraire selon les règles de la jurisprudence musulmane. 

Cependant, le silence qui n’est pas accompagné de zikr ou de méditation relève plutôt de l’inadvertance ou de la taciturnité. »

Extrait Minanoul bakhil Khadim de Serigne Bassirou Mbacké

Khadimrassoul.net

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