Netali Borom Ndame

NETALI : La clairvoyance des témoins de l’aube de la vie du Cheikh!

Le caractère privilégié du Cheikh a été reconnu pendant les derniers jours de sa vie aussi bien par le fidèle adepte que l’ennemi hypocrite parce qu’attesté par ses conquêtes spirituelles exceptionnelles et l’adhésion massive des gens à sa confrérie et l’abondance autour de lui de toutes sortes de biens. Le même caractère est confirmé également par le témoignage d’un compagnon d’enfance, en l’occurrence Mbacké NIANG le patriarche d’Afé, qui m’a dit que lui-même et le Cheikh avaient été sevrés le même jour et avaient par la suite été envoyés à la même école coranique. Et Mbacké NIANG d’ajouter : « Depuis son enfance, votre père avait l’habitude de s’isoler. S’en étant aperçu, notre maître nous disait, quand nous allions apprendre nos leçons : “Allez apprendre avec application, mais éloignez-vous de Serigne Bamba ! Qu’aucun ne le rejoigne sous l’arbre où il apprend ses leçons, car il n’est pas comme vous” » ! Voyez cette différence déjà reconnue par ses parents ! Cette reconnaissance a été rendue possible grâce à sa politesse, sa douceur, son obéissance à leurs ordres et son refus de leur disputer un quelconque intérêt mondain, qualités qui ont écarté toute jalousie de la part de ses proches.

Voici du reste une curieuse anecdote racontée par Mbacké NIANG : « Par Dieu, le Cheikh est étonnant. Je me souviens qu’un jour durant notre enfance où nous sortîmes du village de Nioro (ancien fief de Maba Diakhou situé dans la province du Saloum) ; à peine avions-nous commencé notre marche qu’il s’arrêta et dit : « Reposons-nous un peu avant de poursuivre notre marche. J’ai l’impression qu’en ce moment les gens sont en train de se battre au Sine ». Cette province se trouvait à trois jours de route. Pourtant quand les soldats revinrent, ils affirmèrent que la bataille dirigée au Sine par Mahmud Ndari, le successeur du conquérant Maba cité plus haut, faisait rage à l’instant même où le Cheikh l’évoquait.

Un Mouride m’a rapporté que le Cheikh lui avait dit qu’il se rappelait un jour où son père reçut dans son hospitalité un pieu disciple de ses maîtres. Au moment du départ de l’hôte, son père le reconduisit jusqu’à la proximité de la chambre où le Cheikh se retirait pour apprendre ses leçons, et lui souffla à l’oreille : « Entre dans cette chambre où se retire un de mes fils dont le comportement diffère de celui des enfants de sa génération ; va prier pour lui, car je place un grand espoir en lui ». Notre Cheikh entendait la conversation mais faisait semblant de ne rien entendre. Les deux hommes pénétrèrent dans la chambre et l’hôte pria pour lui.

Voyez comment les témoins de l’aube de sa vie rejoignent ceux de sa fin pour confirmer la cohérence de sa conduite, notamment sa constance dans la poursuite de son objectif. Sa foi innée a impliqué l’authenticité de son espérance comme dit Abu Tâlib. La preuve de sa crainte de Dieu réside dans sa fuite devant les hommes et son mépris des tenants de la vie mondaine et des biens terrestres, à l’exception des bons croyants et de ce qui est nécessaire à la consolidation de la Religion. L’interconnexion de sa crainte de Dieu et de son espérance lui inspirait la méfiance de toute entrave au point qu’il avait honte de s’approcher de tout ce qui était susceptible de constituer un obstacle spirituel.

Extrait Minanoul Bakhil Khadim

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