Netali Borom Ndame

Chemin de l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba : le procès de Saint-Louis !

« Durant son procès, c’est avec hardiesse et maîtrise de soi, et tout absorbé dans sa récitation du Coran et son dhikr, et très attentif à ses heures de prière, que Cheikh Ahmadou Bamba se contenta de demander à rencontrer les plaignants sans lever le regard vers les représentants des autorités coloniales ni leur disputer la parole. Cette conduite était d’ailleurs son habitude aussi bien avec un ami qu’avec un ennemi, avec un faible comme avec un fort. À vrai dire, rien ne le préoccupait hormis ses obligations cultuelles.

Chaque fois qu’ils répétaient l’accusation et lui demandaient de la confirmer ou de l’infirmer, il se montrait peu enclin à engager la discussion avec eux tant qu’ils ne feraient pas comparaître les calomniateurs. Sûr du soutien de son Seigneur, le Très-Haut, tout soumis à Lui, et ayant une foi sincère en l’Unicité de Dieu, il croyait que, en présence des calomniateurs, le vrai serait distingué du faux.

Quand certains des calomniateurs assistant au conseil se rendirent compte que la violence verbale n’impressionnait pas le Cheikh, que les intimidations à lui adressées ne le troublaient pas, que son intérêt était constamment porté vers son Seigneur et que seul Dieu suscitait sa crainte et son espérance, ils considérèrent cette indifférence à l’égard des choses de la vie d’ici-bas et ce mépris de ces épreuves comme un manque de respect pour les hommes du gouvernement, voulant ainsi leur faire croire que le Cheikh n’avait de l’estime ni pour eux ni pour leur autorité.

À cause de la grandeur de sa vénération pour son Maître et de l’intimité dans laquelle il se trouvait avec Lui, il ne voyait absolument rien que Lui : qu’il s’agît d’un bienfaisant ou d’un malfaisant. Il se trouvait, en effet, dans l’étape mystique de la Complaisance réciproque de l’âme et de Dieu et de l’intimité avec Dieu.

Quand la stupéfaction s’empara des membres du conseil, l’un d’entre leurs hommes intelligents, jeta un regard contemplatif sur le Cheikh et dit : « C’est un homme de Dieu indifférent à l’égard des choses d’ici-bas et exempt de vanité. Relâchez-le » ! Certains membres s’abstinrent de se prononcer. Ensuite, un des membres du conseil, furieux comme une panthère, s’écria : « Il faut qu’un homme qui s’enhardit, ne respecte pas le conseil et méprise toute chose autre que ce qui l’intéresse, soit exécuté ou exilé éternellement » ! Son avis fut approuvé par Merlin, le président du conseil. Colérique, haineux et vaniteux, cet homme-là émit la sentence concernant le long bannissement, la dure expatriation du Cheikh, après avoir passé deux mois à Saint-Louis pour étudier le cas du Maître et rusé pour le détenir, le tuer ou l’exiler, à l’instar de son guide le Prophète (PPSSL) avec les groupes d’idolâtres Kuraychites de la Mecque, la Sacrée. Mais Dieu est le Meilleur de ceux qui usent de subterfuges.

Cela se passa en l’an 1313 H (1895) où fut exécuté l’ordre de l’expatriation vers la terre noire, vers des îles obscures situées dans l’océan Atlantique d’où ne revenait souvent pas celui qui s’y rendait. »

Extrait Minanoul Bakhil Khadim

Khadimrassoul.net

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