« (…) Le Cheikh avait bien maîtrisé son âme ; il l’avait même possédé. Pendant son séjour à Diourbel, une mouride, qui vivait dans sa maison, lui a préparé une boisson avec du gingembre sucré et bien frais, et la lui envoyait par l’intermédiaire d’un des mourides.
Parfois, il en buvait un peu.
Un jour, le mouride apporta la boisson fraîche, alors que notre Cheikh se trouvait dans la partie de la maison où nous vivions. Notre Cheikh a demandé de l’eau ordinaire et y a ajouté du sel et en a bu et nous a offert la boisson faite avec du gingembre et dit : « il ne convient pas d’accoutumer son âme à une seule chose, car le temps (al-Dahr) est trompeur ». Par la suite il a continué à boire de l’eau salée, puis il l’a abandonné et s’est contenté de l’eau qu’on lui offrait (douce ou salée) conformément à la Sunna.
Voyez ce refus extérieur et intérieur de se laisser tromper, refus motivé de sa volonté d’exercer sur son âme un contrôle constant et strict en la réprimandant quand elle penchait vers un plaisir ou en évitant un déplaisir. Le Cheikh se conduisait ainsi estimant que : « seuls les gens perdus se sentent à l’abri du stratagème de Dieu » (sourate 7, verset 99). Il en était de même pour son mépris de la vie matérielle et son dédain du clinquant qui le faisaient substituer des nourritures désagréables aux nourritures agréables, malgré sa richesse.
La moitié des biens qui lui avaient été apportés lui aurait permis, s’il avait cent ans, de distribuer des boissons délicieuses à des centaines de personnes chaque jour, matin et soir, durant sa vie !
En dépit de sa richesse, le Cheikh ne se croyait pas à l’abri des vicissitudes de la vie qu’il savait trompeuse. C’est pourquoi, après avoir abandonné « les biens douteux », il s’est contenté des choses bonnes parce que licites qui lui étaient offertes par le Donateur éternel. Cependant il ne trouvait plaisir dans ces choses que par reconnaissance à leur Créateur qui les lui avait offertes. »
Extrait minanoul Bakhil Khadim de Serigne Bassirou Mbacké
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