Depuis plus d’un siècle, après sa disparition Sokhna Mariama Bousso demeure toujours un personnage emblématique et un exemple de piété pour la femme musulmane. Son séjour terrestre de 33 ans, aussi court qu’il puisse être, regorge un lègue incommensurable illustré en partie par le visage islamique que montre Porokhane ; un lieu qui lui doit toute sa considération et pourtant la sainte n’y aura pas vécu plus d’une année, mais elle y demeure. Nous voici en 2022 à la soixante-dixième célébration du Magal de Porokhane depuis 1952 par Serigne Bassirou Mbacké. L’influence positive de cette localité reflète toute la qualité de la sainte mère de Cheikh Ahmadou Bamba, qui de par son vécu a montré l’exemple d’une femme responsable qui s’est acquittée de ses devoirs aussi bien sociaux que religieux et spirituel, d’où l’attribut de Jâratul lahi (la voisine de Dieu) qui lui a été conféré.
Généalogie :
Née en 1833 à Golléré, dans le Fouta, Sokhna Mariama Bousso est fille de Mouhamed Bousso, fils de Hammad, fils de Aliou Bousso. Sa lignée maternelle remonte aux Mbacké et celle paternelle remonte aux Mboussobés. Venus tous du Fouta, Mbacké et Mboussobé sont deux familles unies par le sang et par la longue cohabitation. Mame Mahram Mbacké est le père d’Ahmad Sokhna Bousso et Mame Balla Aissa, les pères respectifs de Mame Astou Walo et Mame Mor Anta Sally.
Elle descend d’une lignée dont l’origine chérifienne attestée remonte jusqu’à l’Imam Hassan fils de Aliou, fils de Abu Talib et de Fatima fille de Mouhamad (PSL).
De cette ascendance, elle a hérité d’une piété tellement pure, qu’elle a acquis le surnom de Jâratul-Lâhi, c’est-à-dire la Voisine de Dieu. A sa vénérée mère Sokhna Asta Wallo, elle doit une très solide formation dans les Sciences Religieuses (Législation islamique, Théologie, Politesse légale, etc.) et une profonde maîtrise de la pratique du Soufisme, science que la plupart des musulmans de la sous-région ignoraient à l’époque.
Les vertus de Sokhna Mame Diarra :
La prière, le jeûne, la lecture du saint coran et le zikr occupaient une place importante dans sa vie. Elle a toujours trouvé des actes surérogatoires à faire pour échapper aux futilités de ce bas monde. Sokhna Mame Diarra avait aussi l’habitude de préparer des repas pour les servir aux disciples de Mame Mor Anta Saly et à quiconque étant dans le besoin. Et Dieu dit que rassasier une seule personne vaut mieux que la construction de mille mosquées, de même qu’une mosquée construite équivaut à une villa au Paradis.
Serigne Bassirou Mbacké, la nomme « femme de religion » et de « vertu » dans son fameux livre Minanoul Bakhil Khadim. Tandis que Serigne Massamba Maréma, apprenant au daara de Mame Mor Anta Sally justifie cette piété dans son poème en ces termes : « Ses riches origines : chérif du côté paternel et maternel font d’elle la meilleur de toutes. »
On se rappellera à jamais de son fameux engagement vis-à-vis de Mame Mor Anta Saly le jour de son mariage. Tombée sur le verset qui atteste que Mouhamad (PSL) est le dernier messager d’Allah, en ouvrant le Coran, elle dit : « N’eut été ce verset du saint coran qui témoigne de la fin de la liste des messagers d’Allah, je promets de compter dans ma progéniture l’un d’entre eux ».
Cet engagement s’est matérialisé à travers beaucoup de sacrifices consentis parmi lesquels on peut citer le plus célèbre : celui de la nuit où elle a tenu la palissade sous l’ordre de Mame Mor Anta Saly jusqu’à l’aube.
Malgré toutes les tâches qui pesaient sur elle, Mame Diarra trouvait toujours un temps pour s’occuper des enfants. Elle les regroupait le soir entre la prière du Maghreb et Icha pour leur parler de leur histoire ainsi que celle des hommes pieux, des prophètes et de leurs épouses. Il est même raconté que c’est à partir d’une histoire racontée par Sokhna Diarra sur les comportements des hommes de Dieu, que Serigne Touba tire ses habitudes à se tenir toutes les nuits debout sur la natte de prière.
Sokhna Mariama Bousso accomplissait pleinement son devoir maternel avec une discrétion hors du commun. Personne n’est sans savoir qu’être la mère de Cheikh Ahmadou Bamba, qui, dès son bas âge s’était démarqué des enfants « normaux », ne fut guère évident. Elle n’a jamais parlé du comportement miraculeux de son fils.
Sokhna Mariama Bousso s’est éteinte à la fleur de l’âge. En 1866, à 33 ans elle est restée à jamais à Porkhane, tandis que Mame Mor Anta Saly et le reste de la famille sont repartis après un séjour dans le Nioro.
Mame Diarra née Sokhna Mariama Bousso fut assurément un exemple de femme responsable, mature, obéissante, courageuse et pieuse à l’image de son homonyme, la sainte mère de Jésus.
Comité recherche scientifique FEEG
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