Il restera de toi ce que tu as donné : Un service inégalable et incomparable de Chamberlain. Il restera de toi ce que tu as offert : La preuve que des véridiques marchent toujours sur terre.
Vivre et croire à Allah, c’est de prime abord reconnaitre que la vie contient la mort et que la mort contient la vie. Alors nous acceptons d’emblée le décret divin qui tomba par rapport à Baay Ass Dia et nous proclamons ainsi : Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un. Nonobstant, c’est inondés de tristesse que nous avons reçu la nouvelle concernant notre condisciple. Pour chacun des membres de la communauté de Touba Baghdâd, si Ass Dia n’était pas considéré comme un frère, il était un père pour d’autres. Ainsi le perdre ce n’est rien d’autre que se séparer d’un être cher, d’un confident ou d’un compagnon. C’est que le disciple en question n’était toujours mû que par l’intérêt général et n’avait en orbite que le bien-être de tous. Au demeurant ses éminentes qualités humaines et son altruisme à tout égard font que sa compagnie était appréciée de tous et au premier chef, par le maitre des lieux.
Si son dévouement était parfait, sa dévotion auprès de Serigne khadim Lô se jugeait à l’aune de ces quatre paradigmes de Serigne Touba qui définissent la relation axiologique du maitre spirituel d’avec son disciple. C’est à dire pour l’aspirant par rapport à son maitre spirituel : « Ne pas s’opposer à lui, même discrètement (1), l’abandon de tout choix personnel et se contenter de celui du maitre par confiance à lui (2), la sincérité dans l’amour du guide (3), l’obéissance immédiate à ses ordres (4) ». Ass Dia fit de ces principes de la Mouridiyya sa raison d’exister et décida de les appliquer scrupuleusement !
L’homme, à force d’être l’antichambre de Serigne Khadim avait fini de faire partie du décor iconique et pittoresque de Touba Baghdâd. Ainsi tous ceux ou celles qui l’ont croisé vous diront quelle personne magnifique, lumineuse et gaie il a toujours été dans son commerce. Pour les jeunes, il servait de guide-conseil dans la marche de la vie. Il avait compris que pour diriger des juvéniles, « You have to lead by the exemple ». Alors il s’évertua dans ses actions quotidiennes à montrer le bon exemple. En ne demandant rien en retour mais tout au contraire donnant son tout à ce travail de Chamberlain, il semblait être né pour accomplir.
Fonctionnaire de l’Etat, il troqua promptement ses habits de commis dès qu’il rencontra Serigne khadim il y’a de cela une trentaine d’années. Mais il garda de l’administration étatique une dextérité et un sens du service qu’il apposa sans réserve à ses nouvelles fonctions. Il fut ainsi l’un des premiers à abandonner sa vie d’avant, la minute qu’il aperçut la lumière de sainteté de ce représentant de Serigne Touba. Et il vous dira si vous étiez un des proches qu’il gardait en secret bon nombres de miracles avec faits et dates précises qui montrèrent si besoin en était que « kènn dou Serigne Khadim », ceci avant de se taire diligemment. C’est parce que Baay Ass fut un témoin privilégié de l’odyssée de Serigne khadim Lô et cela bien avant l’édification de la cité Touba Baghdad. Nous entendons par là les randonnées de Nord Foire dans les années 1997, des séances de Tarbiyya au quartier Carrière (Thiès en 1995-1996) ou encore des nuits aux Parcelles Assainies de Thiès dans les étés de 1999. Autant de places et de lieux de rencontre où il eut à témoigner de sa loyauté infaillible au maitre des céans. Ainsi dans ce train qui l’emporte, il y’a tout un wagon de pensées que nous lui offrons comme le ferait un soldat de classe mais nous préférerons toujours garder de lui sa gentillesse, son sens du partage et sa générosité sans commune mesure. Au demeurant il savait cultiver l’amitié à merveille. Noble de caractère, il avait fini par devenir le grand-frère de tout un chacun qui eut à fréquenter les cours de Serigne khadim. Il y va ainsi même du président de la République actuel qui l’apostrophait toujours par le titre « Grand » à chaque fois qu’il le rencontrait. Oui ! Affectueusement Il était le « Grand » de tout un chacun, d’où même le surnom de « Grand Ass » qu’on lui donna tendrement. Par « Grand » nous entendons bien évidemment le stricto sensu du terme c’est-à-dire le grand-frère à qui l’on se retourne pour une protection, celui qui prodigue des conseils utiles et qui est présent quand le petit frère était dans des moments difficiles, ceci tout en tenant la main pour le guider. Ass Dia était tout cela !
Nous laissant sur le quai de la vie, il nous a quittés afin de partir en voyage vers des contrées paradisiaques car il ne fait l’ombre d’un doute que ses sacrifices au bénéfice de la communauté Mouride ne peuvent être vains. Mouride Saadikh dans l’âme et dans l’action, Baay Ass vouait avant tout un amour inégalable à Serigne Touba. Ce qu’il était facile de percevoir sur son front à chaque fois qu’il accompagnait Serigne khadim Lô Gaydel soit chez Serigne Saliou Mbacké, Serigne Sidy Moctar Mbacké ou encore chez Serigne Mountakha Mbacké. Ce dernier au demeurant lui a rendu un hommage mérité et lui décerna lors de l’enterrement à Touba des honneurs émérites qui feraient plus d’un mouride jaloux. Mais il ne pouvait qu’en être ainsi car pour qui connait Serigne khadim un tant soit peu, notera au premier chef toute l’importance qu’il donne à ce que chacun de ses talibes soit reconnu et remarqué dans les hautes cercles de décision de la Mouridiyya.
Ainsi la communauté de Touba Baghdâd présente ses plus sincères et respectueuses condoléances à notre guide éclairé. Les diawrign du Sénégal et d’ailleurs s’associent à moi pour lui témoigner toute notre compassion. « Kou bakh kii » Serigne Khadim, dans son humilité légendaire avait l’habitude de dire que Ass Dia c’était d’abord « son compagnon de lutte ». Et c’est d’autant plus vrai qu’il le considérait comme un parent proche, un frère et un allié de longue date. Il était aussi l’ami fidèle et le collaborateur discret.
Ass Dia laisse un vide immense et sa mémoire sera toujours gravée dans nos cœurs. Cependant ses bonnes actions et son service ne peuvent que lui amener à une vie d’après la mort faite de beauté, de soulagement et de repos serein auprès de Cheikhoul Khadim … Therefore Rest in peace brother in arms!
Boubacar N’diaye
Touba Baghdad New York
