Netali Borom Ndame

Les activités de Cheikh Ibrahima Fall durant l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba

« Cheikh Ibrahima Fall a fait preuve de bravoure durant l’exil du Cheikh au Gabon en lui faisant parvenir des « hidayyas » et en menant des démarches auprès de l’autorité coloniale afin de s’enquérir des nouvelles du Cheikh alors que beaucoup laissaient croire aux mourides qu’il n’était plus de ce monde. A cette époque, note Cheikh Anta Babou, la communauté mouride manquait d’information sur l’endroit où se trouvait le Cheikh… « jusqu’au jour où un certain Abdoulaye Ndour, un marin qui avait rencontré Ahmadou Bamba à Mayumba (Gabon), apporta des lettres de lui… ». Depuis lors Abdoulaye Ndour fut le messager de Cheikh Ibra auprès du Cheikh et par qui il acheminait lettres et « hidayyas » vers le Gabon.

« Sa ndaw da daa dem ba Gabon; Di yobou ay saaku yu ron; Di war ça gaal ya yori bon; Do dencc lëf ba muy maxe »

« Ton envoyé se rendait jusqu’au Gabon

Portant avec lui des sacs bien remplis

Au bord de bateaux qui sont mandatés

Tu ne gardes rien jusqu’à ce qu’il périsse. »

En outre, il envoyait de nombreux cadeaux (hidayyas) à Cheikh Ibrahima Faty, car le Cheikh lui avait recommandé de subvenir aux besoins de sa famille et d’aider ses proches et ses amis en religion.

Parallèlement, en fin diplomate, et manageant scrupuleusement le temporel et le spirituel, Cheikh Ibra Fall s’invite auprès des politiques afin d’obtenir des informations claires sur son guide. Il s’immisce dans les milieux administratifs et les cercles politiques animés par la classe métisse de Saint-Louis. Non sans critiques, Cheikh Ibra mena cela avec beaucoup de prudence et de sagesse, aussi bien pendant l’exil au Gabon que celui en Mauritanie où il parvint à obtenir l’autorisation de ramener le Cheikh au pays.

En effet, Cheikh Ibra Fall a subi les revers de la situation qui prévalait dans le pays, notamment à Saint-Louis, capitale de l’A.O.F. et carrefour des connaissances islamiques, où il s’était installé avec ses disciples dont le nombre augmentait de manière considérable. Ce qui lui a valu des dénonciateurs de la part de la société qui ne connaissait que belle apparence, douceur et souplesse. Ainsi, s’adressant un jour à ses baayfalls qui subissaient la marginalisation de cette société, Cheikh Ibra Fall les édifia sur les réalités de « la voie de l’aspirant » en leur disant ceci : « mes fils, j’ai tout entendu excepté Ibra Fall est enceinte ; donc ayez du zèle et sachez que vous entendrez du n’importe quoi ».

En dépit de cela Cheikh Ibra Fall entretenait d’excellente relations avec les grandes figures de l’islam du Sénégal, en particulier avec El Hadji Malick Sy. Un sérieuse et sincère entente qui se traduisait par des visite fréquentes et réciproques durant leur séjour à Saint-Louis. C’était soit chez Cheikh Ibra Fall, soit chez Maodo Malick, précise l’historien Serigne Mbaye Nguirane. »

Extrait du livre « Des hommes autour du Serviteur de l’envoyé »

Khadimrassoul.net

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