« J’ai examiné les différents états spirituels de notre Cheikh et trouvé que, souvent, il demeurait avec les hommes tout en étant séparé d’eux : il accomplissait ses actes dévotionnels et s’occupait des actes habituels en rapport avec ses actes de dévotion.
Quand on le considérait attentivement pendant ce temps, on le trouvait doux mais grave et inaccessible aux choses, plaisantes ou déplaisantes, susceptibles d’affecter le tempérament. Quand il marchait, il le faisait d’un pas léger ; et quand il lisait, il le faisait de sorte que, seul le mouvement de ses lèvres l’indiquait. Quand il priait, il abaissait la voix. Dans ce cas, il se repliait souvent dans un coin obscur de sa maison. Dans cet état, on observait la disparition de cette gravité impressionnante qu’il revêtait quelquefois et qui faisait que ni un chef temporel ni un Saint privilégié ni un domestique familier ne pouvait l’aborder sans trembler ou lui adresser la parole sans appréhension. De même disparaissait cette luminosité éclatante et ce doux sourire devant lesquels aucun homme ne pouvait empêcher son cœur de le chérir ni ses sympathies d’aller vers lui. C’était là les deux états de « jamâl » (beauté) et de « jalâl » (majesté) que le Très-Haut Créateur faisait alterner sur le Cheikh. Du reste, ce sont deux états qui rendirent possible la déroute des ennemis de Cheikh Ahmadou Bamba et leur débandade, et l’adhésion massive des alliés qui ont tiré un grand profit de leur affiliation à lui.
Le cheikh Daoud Ibn Makhila dit : « Le Saint possède deux lumières, une lumière de tendresse et de pitié qui attire les bienheureux et une puissante lumière émanée qui lui permet de dominer et de chasser les damnés. Ainsi examine-t-il les choses à travers deux optiques qui sont la grâce et la justice. Quand il use de la grâce, il attire les hommes et leur procure des bénéfices. Mais quand il use de la justice et de la puissance, il dissuade les ennemis et les éloigne de lui. C’est pourquoi certains se rapprochent de lui tandis que d’autres s’en éloignent. Les changements qu’il opère par l’usage de la grâce ou de la justice sont opérés grâce aux états révélationnels « ahwâl tanzîliyya », tandis que les changements effectués grâce aux états du « jamâl » et du « jalâl » sont opérés à l’aide des épithètes spirituelles dérivées des Noms du Très-Haut » … »
Extrait minanoul Bakhil Khadim de Serigne Bassirou Mbacké
Khadimrassoul.net