C’est dans son ouvrage intitulé « Irwahu Nadim » que Serigne Mouhamadou Lamine Diop nous cite les propos de Cheikh Ahmadou Bamba portant sur la célébration de l’aïd el fitr ou korité qu’il eut lui-même à effectuer dans une solitude inouïe.
Ainsi le Cheikh dixit à ce propos : « Étant donné que les habitants de ces contrées ne connaissaient que le calendrier chrétien, Dieu m’avait inspiré l’idée d’établir mon propre calendrier lunaire pour connaître l’arrivée du mois de Ramadan. Une fois, ce mois arriva, je jeûnai. Au lendemain de sa fin (du mois de ramadan), je rompis mon jeûne au matin, fis les ablutions rituelles ainsi que tous les actes cultuels que la Sunna prévoit dans cette circonstance, puis je sortis à la place publique, m’installais, regardais partout et fus sûr que personne ne me rejoindrait. Pourtant deux filles adolescentes apparurent, et se tinrent debout à proximité, histoire de me regarder. Je levai les mains en signe d’entrer en prière, et elles se mirent à rire. Et chaque fois que je levais les mains, elles éclataient de rire. Et il en fut ainsi pour tous les gestes de ma prière. Celle-ci terminée, je prononçai un discours puis je dis dans ma prière incantatoire: « Seigneur, Tu sais que j’ai jeûné le mois de Ramadan comme tu l’as recommandé et ai rompu mon jeûne, fait les ablutions rituelles et accompli la prière comme tu l’as recommandé. Mais je ne trouve pas de quoi faire l’aumône légale prévue, et même si je le trouvais, je ne verrais pas un besogneux qui le mérite… Accorde paix et bénédiction à notre Seigneur et maître Muhammad, aux siens et à ses compagnons. Agrée ce que j’ai pu exécuter de tes ordres et accorde-moi la récompense des ordres que j’ai l’intention d’exécuter sans en avoir les moyens ».
Cette solitude semblait cependant très loin lors de la célébration de l’aïd à Ndame Sanoussi tout juste après son retour d’exil en Novembre 1902. En effet c’est dans la chaleur communautaire de ses proches et disciples que Cheikhoul Khadim passa le mois de Ramadan durant laquelle il a été porté en triomphe par sa communauté. Ainsi sa grandeur qui est témoignée par ses disciples contraste grandement avec les conditions difficiles auxquels les oppresseurs le soumettaient à Mayombe. Cependant cela n’entachait en rien la grâce Divine qui résidait en ce « Captif de Dieu ». C’est d’ailleurs ce qu’affirme ce récit de Serigne Khadim Gaydel Lô à propos de ce séjour à Ndame Sanoussi : « Par la baraka du Cheikh, Serigne Siré Lô parvint à assurer un festin royal à tous les hôtes durant l’intégralité du séjour, à l’heure de la rupture du jeûne. De ce fait, chaque jour, le menu était composé de chameaux, de bœufs, de moutons et de chèvres.
Durant le séjour, l’ensemble des grandes familles de Ndame se sont retrouvé chez Serigne Siré Lô à Ndame Sanôssi, comme ce fut le cas d’ailleurs avec d’autres grands disciples du Cheikh.
L’allégresse qui animait le quotidien de ces peuples, en cette période était inexplicable, Serigne Moussa Ka le rapporte par ailleurs dans ses écrits.
A la nuit de la destinée (leylatoul Qadr) Serigne Touba rassembla l’ensemble de mes aïeuls de Ndame et leur dit: « Rendez grâce à Dieu le Tout-Puissant car Il m’a fait savoir que vous (qui portez le nom « LÔ ») et vos disciples n’aurait jamais à supporter les supplices de la tombe causés par les deux anges Mounkir et Nakir car ils vous reconnaîtront. »
Khadim Rassoul confirma ses propos le jour de la korité en ces termes : « Ô peuples des Ndames soyez heureux car les flammes de l’enfer ne vous verront jamais. »
D’ailleurs Serigne Moussa Ka en a fait un long récit dans lequel il atteste que leur fête de korité était plus agréable pour eux que le paradis… »
Khadimrassoul.net