Fils et khalife du fondateur du mouridisme et de Sokhna Fty Diakhaté, Serigne Saliou Mbacké a vu le jour à Diourbel (ou Ndiarème dans le jargon mouride) environ 4 années après que Serigne Touba y soit assigné en résidence surveillée, soit vers 1915.
« As-Salih » est le nom que le Cheikh a ordonné qu’on lui donne, à travers un manuscrit, après son apparition un Vendredi 14ème jour du mois lunaire de zul-khihda.
Il était doté d’une grande intelligence et fut un érudit et un soufis exemplaire à tous les niveaux, social comme religieux.
Un jour à Ndiarème le Cheikh demanda à son Seigneur s’il existait encore une voie qui mènerait à Dieu qu’il n’a pas déjà emprunté. « Il en reste un » lui fit savoir le Seigneur : il s’agissait de celui qui implique l’orientation des jeunes. C’est alors que Serigne Touba fit appel à un dénommé Serigne Malick Ndiaye et lui confia comme mission de faire savoir à chaque parent qu’il requiert la présence à son domicile de tout enfant qui n’est pas encore en âge d’apprendre et qui a dépassé le stade l’allaitement. Les disciples et habitants de Ndiarème s’exécutèrent et la maison où résidait le Cheikh était ainsi plein à craquer, rempli d’enfants. Serigne Touba passa la journée avec ces enfants en prenant soin d’eux toute la journée durant. C’est en effet cette voie inspirée par le Seigneur que le Cheikh a conféré à Serigne Saliou Mbacké qui s’y est distingué de la plus belle des manières durant son séjour terrestre. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut un engagement exhaustif de sa part pour la jeunesse comme en atteste ses propos légendaires : « qu’on me donne les jeunes et je ferai en eux ce que Serigne faisait en ses grands disciples ».
Serigne Saliou Mbacké a accédé au khalifat du mouridisme le 13 mai 1990 après la disparition de Serigne Abdoul Khadre Mbacké.
C’est ainsi dans cette perspective pédagogique accompagnée d’une éducation spirituelle permettant à celui qui y a été initié de vivre dignement et paisiblement dans un monde aussi vicieux, que Serigne Saliou Mbacké a créé des Daaras qui abritent jusqu’à présent des milliers de jeunes. Parmi ces sites de recueillement à des fins éducatives et spirituelles, Khelcom reste sans conteste la plus célèbre et la plus illustre parmi ces lieux de perfectionnement humain par excellence.
De ce fait, Serigne Saliou était également un acteur économique convaincu de la nécessité pour son pays de réaliser l’autosuffisance alimentaire. Premier agriculteur du Sénégal, il exploitait un domaine de 49 000 hectares à Khelcom, un village du bassin arachidier, et cultivait de l’arachide, du mil, du maïs, des produits maraîchers dans diverses localités du pays : Ndiouroul, Ndiapndal, Ndoka.
Le cinquième khalife de Serigne Touba a également été un être universel, ayant fait l’unanimité autour de lui à tous les niveaux, aussi bien social que religieux. Ses relations avec les autres confréries étaient plus que fraternelles, il en était de même pour l’église catholique.
Au-delà de toute ces considérations en rapport à l’appartenance religieuse, Serigne Saliou était universel en ce qu’il témoignait envers l’humanité toute entière une mansuétude sans précédent d’où sa fameuse affirmation : « Nul n’est plus magnanime que moi envers les créatures, si ce n’est le Créateur lui-même ».
Nous pouvons nous rappeler que dans ses discours, Serigne Saliou prônait toujours la crainte révérencielle. Il rappelait toujours à son auditoire les piliers de l’Islam. Il demandait aux gens de faire l’aumône à tout moment et en tout lieu. Il prônait l’amour du prochain et rappelait tout le temps la volonté de Serigne Touba tout en demandant aux fidèles d’appliquer strictement ses conseils et d’éviter ses interdits.
Ses déclarations ont toujours été des leçons de vie qui garantissent assurément une issue glorieuse ici et dans l’au-delà. Nous pouvons ainsi en citer : « Le chemin qui mène au Paradis est parsemé d’embûche contrairement à celui qui mène à l’enfer. »
« L’homme a deux « greniers » à remplir, son estomac et sa tombe. Pour ce qui concerne son estomac, le Seigneur lui a déjà attribué le contenu, par contre il ne trouvera dans sa tombe que ce qu’il y aura mis lui-même. »
« Celui qui ne craint pas Dieu, craint forcément un des créatures de Dieu. »
Ceci étant, le mois de décembre représente pour la communauté islamique et particulièrement pour la communauté mouride un évènement à jamais gravé dans les mémoires et dans les cœurs. En effet c’est au 28ème jour de ce mois en 2007, que disparut le dernier fils de Cheikh Ahmadou Bamba, en l’occurrence Serigne Saliou Mbacké.
Plus d’une décennie après sa disparition, l’émotion liée à son absence est toujours vive et l’affection envers son être ne cesse de s’accroitre, surtout au niveau de la jeunesse de Khadimou Rassoul qui voyait en lui, Serigne Saliou, le sauveur et le protecteur.
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