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PASS-PASS : Le Soufisme et ses rouages, par Serigne Khadim Lô

Le soufisme permet à l’être humain de se purifier de toutes les vices afin qu’il puisse avoir accès à l’enceinte sacrée du Seigneur et ainsi prétendre bénéficier des privilèges de l’Éternel.
Les principes fondamentaux de l’école du soufisme ont été lancé par le Prophète Mohamed (PSL), qui dixit un jour à ses compagnons après de nombreuses guerres saintes livrés : « s’en est fini de la petite bataille (le djihad par les armes). Nous nous dirigeons vers la plus grande bataille ». Les compagnons de l’élu le plus pur s’impatientèrent alors de savoir en quoi cela consisterait. Le Prophète Mohamed (Saw) leur répondit : « il s’agit du combat contre l’âme charnelle. » Nous savons qu’en islam le croyant qui tuait un infidèle au champ de bataille ou mourait au combat avait pour récompense le paradis. Par contre dans son combat contre son âme charnelle, s’il triomphe le croyant aura le salut mais s’il perd, il ira en enfer.  Dans ce combat qui nécessite obligatoirement l’assistance d’un guide spirituel, l’être humain doit savoir qu’il existe sept stations par lesquelles l’âme devra passer avant d’atteindre la perfection à la phase ultime. Il s’agit de : « nafsu amâratou bi sou i », « nafsu lawâma », « nafsu moulhima », « nafsu mut ma ina »,  « nafsu râdiyah », « nafsu mardiyah », et le « nafsu kâmilah ».
La première station, « nafsu amâratou bi sou i », est celle au cours de laquelle l’être humain devra combattre l’âme qui, en question, l’incite à faire le mal ; comme en atteste d’ailleurs le verset coranique suivant : «Je ne m’innocente cependant pas, car l’âme est très incitatrice au mal » [S12, V53]. Si le croyant surmonte les épreuves de la première étape, il évolue vers la suivante.
C’est le « nafsu lawâma » qui est la seconde station spirituelle du djihad nafs, et qui tire sa source du verset suivant : « Mais non ! Je jure par l’âme qui ne cesse de se blâmer. » [S75, V2]. Arriver à ce niveau il s’agit de fortifier l’âme qui nous prohibe tout ce qui est mal et nous réprouve lorsqu’il nous arrive de vouloir transgresser les lois de la Divinité. Cependant, à cette étape il reste à l’individu certains vices comme l’orgueil, l’ostentation, la fierté et la présomption qu’il devra combattre.

Celui qui a pu dépasser les deux premières étapes de la perfection de l’âme doit s’employer davantage dans la lutte pour se parfaire car les étapes qui l’attendent nécessitent beaucoup plus de dévotion et de perspicacité. Ainsi, la troisième étape, le « nafsu mulhima », s’appuie sur ce verset « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! « [S91, V8]. A ce niveau de perfectionnement, l’âme cache certains vices qui ne sont visibles que par les illuminés. L’individu devra trouver une meilleure protection en s’attachant davantage à un guide spirituel. Il devra également multiplier ses bonnes œuvres et se consacrer à la bonne conduite tout en restant éloigné des futilités de ce monde frivole. A ce niveau le combat est toujours délicat. Mais si l’individu en question ne cesse d’évincer les impuretés qui entachent son âme, il atteindra inévitablement la quatrième station spirituelle à savoir le « nafsou mout-ma inna ». C’est au verset suivant : « ô toi, âme apaisée, » [S89, V27], que se réfère cette quatrième station spirituelle durant laquelle le disciple acquiert la proximité divine : « AL WOUSOULOU ILA LAHI ». Cependant, même à cette étape, certains vices subsistent à savoir l’ostentation et la présomption. L’individu en question devra faire preuve de plus d’humilité pour se protéger contre l’échec et la honte car, à cette station, il pourrait se tromper en se croyant au sommet de la hiérarchie des adorateurs et ainsi considérer tout autre individu comme un être inférieur. Il ne se soumettra alors qu’à sa volonté et ce comportement fera de lui le prisonnier de son orgueil. Pour se prémunir de cette menace il doit d’abord combattre son âme et se plier à la volonté d’un maître spirituel d’un rang supérieur par rapport à lui, et lui vouer un amour sincère dans le seul but d’obtenir, par le service qu’il lui offre, l’agrément du Très Haut.

Ceci lui permettra à coup sûr d’atteindre la cinquième station du perfectionnement spirituel de l’âme appelée « nafsu râdiya » et qui tire sa source du verset coranique suivant : « retourne vers ton Seigneur, satisfaite… » [S89, V28]. C’est donc à ce niveau de perfectionnement spirituel que l’individu atteint ce que l’on appelle « la dissolution » (AL FAN NAOU FIL LAH). Il s’agit, en effet, de l’harmonisation et de la synchronisation de l’âme avec la volonté divine. L’individu qui atteint cette station ne fait plus de distinction entre louanges et diatribes à son égard. Il ne ressent rien, mis à part l’amour qu’il a envers son seigneur. Néanmoins il restera sous l’aile protectrice d’un guide spirituel car il aura à faire face à certains vices qui persisteront en lui comme : la fierté. L’individu en question devra mener à bien son combat et se protéger davantage. Il aura aussi à se repentir et à invoquer son Seigneur de façon permanente. Il doit également savoir qu’il ne peut se dissocier de la surveillance de son guide spirituel à de DIEU de la même manière qu’il ne pourrait se départager de son ombre. A ce niveau l’individu acquiert une amélioration de sa vision ésotérique et un développement de son ouïe : il devient un illuminé. S’il persévère dans son combat contre l’âme charnelle il atteindra le sixième niveau qui tire son origine dans la suite du verset coranique dernièrement cité : « retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ».

Une fois le « nafsoul mardiya » atteint, l’individu n’est sensible qu’à ce qui est directement en rapport avec son Seigneur. Son âme est agréée, donc affranchie des attaches terrestres. Il se voudra une personne sincère et auguste. Celui qui n’aura pas atteint cette étape ne devrait en aucun cas, s’aventurer à prendre en considération une quelconque allégeance ou se considérer comme un guide spirituel avéré. A ce niveau de perfectionnement l’individu sera vénéré. Le reste de ses repas de même que ses lieux de cultes seront très convoités car ils sont sources de bienfaits et d’élévation pour quiconque en dispose. Un objet qu’il aura touché sera une source de satisfaction pour quiconque veut voir ses besoins assouvis. Son âme est agréée et par conséquent de jour comme de nuit ses œuvres le seront.

Cependant, il faut insister sur le fait que l’on ne devient pas guide spirituel par voie d’héritage. C’est un titre que l’on acquiert à la fin d’un long processus de perfectionnement de l’âme charnelle et non une simple appellation nominale par référence à un nom de famille. Notre vénéré Maître Khadim Rassoul n’a-t-il pas été traité de déficient mental ? La cause de cette attitude étant le fait qu’il se soit très tôt démarqué de ses semblables par sa foi, son engagement et sa pudeur.

La dernière étape du processus de perfectionnement spirituel est le nafsou Kàmil. A ce niveau l’âme retrouve intégralement son état pur. L’individu qui atteint cette étape vit quotidiennement un état paradisiaque tout en résidant sur terre avec ses semblables. C’est l’étape ultime du perfectionnement spirituel car si quelqu’un le dépassait il deviendrait alors prophète ce qui, nous savons, n’est plus possible. Les péchés de celui qui partage le repas avec cet individu, seront effacés ; toute personne qui le croise et lui voue une sincère sympathie aura la même récompense. Celui qui se déplace pour aller lui rendre visite ou le comble de dons fera partie de l’élite de sa génération.
(…) En conclusion nous citerons ces vers composés par un des chantres du Grand Maître, Serigne Mbaye Diakhaté à propos du soufisme dont on parle dans cet exposé qui est loin d’être achevé.
« Sois  engagé ! Éprouve la faim ! Descends de ton lit ! Mets-toi au sol ! »
«   Enlèves tes chaussures ! Marches pieds nus, si ta voie est le soufisme ! »
« La richesse n’est pas un signe d’excellence, la pauvreté non plus n’est pas un signe d’imperfection. »
« Le critère qui détermine si nous sommes bon ou mauvais trouve sa source et réside dans le cœur. »

Discours Serigne Khadim Lô, Thiante Mbour1 2008

Khadimrassoul.net

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