Le Cheikh (DSSL) n’avait connu la satiété ; il se contentait du strict nécessaire et avait accoutumé ses adeptes à la sobriété à tel point que, plus un d’eux était attaché à lui, plus on voyait les effets de la sobriété dans la maigreur de son corps. Car le Cheikh leur fixait des heures pour les repas et choisissait la qualité de ceux-ci. Au début de sa vie ascétique, sa nourriture consistait en des aliments peu agréables. Pendant la plupart des voyages qu’il effectuait dans le désert, il ne prenait pour viatique que très peu de viandes séchées et de couscous sec.
Souvent il jeûnait et ne rompait son jeûne qu’avec peu de nourritures comme je l’ai déjà dit.
Un des frères de l’éminent érudit Mbacké Bousso m’a raconté que ce dernier (qui était d’ailleurs maigre parce qu’extrêmement sobre) lui avait dit, pour lui expliquer la cause de sa maigreur, qu’étant jeune, il accompagnait notre Cheikh qui rédigeait alors son poème intitulé « Masâlik al Jinân », et « qui n’acceptait pas, dit le savant Mbacké, que je me séparasse de lui, même dans sa retraite. Notre boire quotidien consistait en une quantité inférieure au plein de deux mains moyennes, et notre manger en une poignée de couscous sec. Je suis resté longtemps avec lui dans cet état. Puis il m’a renvoyé. Depuis lors, je n’ai dépassé cette quantité de nourriture à laquelle je m’étais habitué sans que la nourriture me fît du mal. C’est pourquoi je m’en suis contenté. Ainsi, mon corps s’est depuis lors amaigri ». Que Dieu le récompense par le bien !
Ce très savant homme était devenu par la suite plus amaigri encore. Cependant sa crainte de Dieu, sa pudeur, son caractère scrupuleux et son dévouement à la science et l’exactitude de son savoir ont compensé sa maigreur. Je n’ai jamais rencontré parmi les ulémas et les chefs de voie mystique un seul qui soit plus correct ; plus droit dans sa pratique de la mystique et dont la foi soit plus saine, la conduite plus droite et l’état plus parfaits que lui. À ce que je sais, aucun savant n’est plus dévoué à la science ni plus versé en sciences religieuses que lui. Son ami intime, Al-Hâj Malik SY, le Cheikh des Tijanes du Sénégal a dit vrai quand il dit que s’il n’avait pour preuve de la perfection de notre Cheikh (Que Dieu soit satisfait de lui et de nous grâce à lui !) que la véracité de la foi de Mbacké Bousso en lui et son adoption de sa voie, cela lui aurait suffi.
Extrait minanoul Bakhil Khadim
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