Muhammad fils d’Ahmadou Makhourédia de Thilmakha, un de ses jeunes adeptes m’a raconté qu’une fois le Cheikh s’attarda à aller à la prière du matin. Comme il l’était l’imâm régulier de la mosquée, les fidèles l’ont attendu longtemps. Ensuite, ils ont envoyé Ahmadou Makhourédia pour savoir si quelque chose lui était arrivé. En effet, durant sa vie, le Cheikh n’accomplissait la prière qu’à la mosquée publique comme nous l’avons répété. « Quand je me suis rendu auprès de lui, dit le Mouride (Ahmadou), je pus connaître le lieu où il se trouvait grâce à la lumière de la lampe et au cri de sa plume. Quand je me suis approché de lui, je l’ai salué.
– Est-ce Ahmadou Makhourédia ? demanda-t-il alors.
– Oui, répondis-je.
– C’est pour la prière ? demanda-t-il.
– Oui, répondis-je.
Ensuite, il s’est vite levé en disant : “Je m’étais plongé dans des invocations secrètes de Dieu « munâja ». Mais la prière canonique est plus désirable que tout autre chose”. Puis j’ai repris le chemin de la mosquée. Mais avant même de pouvoir sortir de la maison, je l’ai entendu débuter sa prière dans la mosquée ».
En réalité, le Cheikh était durant sa vie en prière au sens le plus large de ce mot. Ni le plaisir d’une invocation de Dieu ni l’effet absorbant de la pensée à la Vénérabilité divine ni l’effet de l’état d’intimité avec Dieu ne pouvaient l’empêcher de donner la priorité à la prière canonique. Cela découle, d’une part du fait que Dieu Très-Haut a bien voulu maintenir la conformité de ses actions aux Ordres divins et d’autre part de la perfection de son dévouement vrai.
Un incident similaire lui arriva au cours d’une nuit, dans la ville de Diourbel. Cette fois-ci, après avoir accompli la prière canonique peu de temps avant le lever du soleil, il a écrit une note pour expliquer la raison de son ajournement de la prière jusqu’à la limite du temps réglementaire ; il a précisé dans sa note que ce n’était pas dicté par la passion ou par inadvertance, mais par un Ordre divin… En effet, quand Dieu Très-Haut Se révèle à une chose, elle se soumet à Lui.
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
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