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Souvenirs : Déclaration de Serigne Khadim Lo Gaydel à la suite des évènements du 23 Juin 2011

Le 23 Juin 2011 fut un tournant marquant dans l’histoire de la démocratie sénégalaise. Ce jour-là l’histoire a été écrite non pas par les politiques, mais plutôt par la jeunesse qui a exprimé son amertume vis-à-vis de la situation du pays en plus d’opposer son véto face à une réforme constitutionnelle qui changerai le visage de la démocratie sénégalaise et laisserai ainsi un encre indélébile dans l’histoire.

Au lendemain de cet événement inédit, durant laquelle le peuple a grondé pour exprimer entre autres l’injustice, la précarité des conditions de vie sociale et la dévolution monarchique du pouvoir qui est sien, Serigne Khadim Gaydel Lô s’est exprimé en faveur de la jeunesse en saluant leur courage à travers une contribution. Ainsi Borom Ndame s’exprimait :

« Nous  saluons la victoire de la Jeunesse Sénégalaise !

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux :

Ô les croyants! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l’ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu’] Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.

Sourate 4 verset Les femmes (An-Nisa’)

Il ne fait aucun doute que ce qui s’est passé hier au Sénégal le 23 Juin laissera des empreintes indélébiles dans la vie de la nation en ce qu’il est l’émanation d’une jeunesse éveillée, avertie et consciente de son avenir. Au-delà des dégénérations déplorables, de la revendication politique pour le retrait de la loi modifiant la Constitution, ce qu’il convient surtout de retenir c’est la détermination d’une jeunesse qui dit « non  » quand il le faut !

 Dès lors il me plait de féliciter cette jeunesse parce que sa conduite est l’expression de ce que j’appelle en tout temps « la jeunesse digne de Serigne Touba. »

Les jeunes du Sénégal, laissés à eux-mêmes dans un système économique et social où ils ne retrouvent plus, déçus par une classe politique qui fait de la lutte pour le pouvoir ou son accommodation sa seule raison de vivre, par une classe maraboutique qui est souvent en déphasage d’avec les souffrances des populations, semblent dire : « Moi aussi J’existe ! »

Encore une fois leurs actions se jugent  à l’aune de ce que doit être une jeunesse clairvoyante, patriotique et attachée aux valeurs intrinsèques de la Mouridiyya. Cette jeunesse-là, dans les rues de Thiès ou de Dakar pour dire « dou fi amm  » moi je la félicite car elle s’est dressée de la même manière que Cheikhoul Khadim l’a faite devant le conseil privé pour se prévaloir de ses droits inaliénables.

 Il va sans dire que tout doit se faire comme lui dans la non-violence et le respect de la loi. Au demeurant si la révolution en Tunisie ou en Égypte a réussi c’est parce que fondamentalement,  elle fut de prime abord, non-violente. Nonobstant, on ne saurait dénier qu’un  combat pour le droit à l’autodétermination et l’équité sont  bien garanties dans l’Islam comme je l’ai réaffirmé quelques mois auparavant  dans  un article « pouvoir et opposition,  la démarche islamique » (confère khamirassoul.net)

Aussi, lors du dernier  Gamou de Touba Bakhad,  j’avais attiré l’attention de l’opinion sur les changements qui secouent l’Oummah Islamique et corrélativement de la nécessité pour tout  gouvernant de prendre en compte  les aspirations intrinsèques de ces jeunes. Aspirations, du reste, qui ne sont que le reflet  du  « basic human rights. »  C’est-à-dire, rien de plus que le droit à être dignement traité, le droit d’avoir sa volonté et sa voix respectées en tant que citoyen d’un pays.

Le Prophète Mohammad (psl) a défini le nécessaire minimum qu’un État qui collecte des impôts se doit de fournir à ses populations. En cela et au-delà du problème de l’électricité par exemple, que j’ai d’ailleurs traité la semaine dernière (l’électricité même pouvant être considéré comme du luxe), il s’agit de  droits fondamentaux et aliénables en concordance avec la justice sociale et le fait qu’il ne faut heurter la conscience populaire par des décisions administratives impopulaires.

Encore une fois, comme dans mon analyse de la révolution arabe dans Khadimrassoul.net, tout tourne autour du même leitmotiv : La justice sociale. Quand elle défaut en ce que la politique du « ma teyy  » persiste, et que les remparts de la société à savoir les religieux, les leaders d’opinion se dérobent, la fracture sociale devient rentrante et source d’instabilités.

Le guide politique se doit d’être proche des citoyens qui l’ont élu et ainsi respecter ses vœux .Et qu’on ne me dise pas que c’est ce que l’Islam recommande ! Oumar (Ra)  lors de son Khalifat sur le naissant empire musulman errait toute la nuit dans les rues, anonymement, pour rencontrer les citoyens, leur parler et ainsi définir si les besoins des populations ont été satisfaits .On est certes loin de cette manière de diriger et ce qui prévaut le plus aujourd’hui c’est ce que le grand penseur de l’Islam Ibn Khaldoun  a défini depuis belle lurette en l’existence dans le monde musulman de khassah (privilégiés) et de ammah (citoyens ordinaires).

Si les arabes ont eu leur printemps et que la place Tahrir est devenue le symbole de tout un peuple en marche pour le respect de sa dignité, les abords de l’assemblée nationale sont devenus un symbole  depuis hier.

Faisant partie de cette jeunesse, ayant  80% de mes disciples comme jeunes, je réitère  mon constant message : Soyez une jeunesse digne et consciente ! Ne soyez l’otage d’aucune  personne politique ou religieuse ! Au contraire Soyez seulement l’otage de Chekhoul Khadim et de ses enseignements et quel bel état ! Car lui ne nous trahira jamais.

Fait à Touba Bakhdad  Le 24 Juin 2011

Serigne Khadim lo Gaydel »

Khadimrassoul.net

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