« (…) A tout moment Cheikhoul Khadim était prêt à proclamer l’unicité de Dieu. C’est dans ce cadre qu’il faut analyser la prière devant le conseil privé ou la lettre magistrale qu’il servit en Mai 1903 à l’administration coloniale qui le convoqua dans un délai de huit jours pour s’expliquer sur ses présupposés agissements de rébellion armée. Dans cette lettre conservée dans les archives du Sénégal, on note de sa réponse sèche que les sept ans d’exil n’avaient en rien attiédie sa constance. Il écrit à cet effet : « de la part d’Ahmadou fils d’Ahmadou au commandant Diourbel, c’est le captif de Dieu qui rend cette réponse. Un captif de Dieu qui se suffit de son Maitre. Il fait connaître au commandant de Diourbel que paix soit sur celui qui marche dans le sentier droit. Après ceci, il fait connaître qu’il a reçu sa lettre et lui fait savoir comme réponse qu’il est le captif de Dieu et ne reconnaît pas d’autre maitre que Lui et ne rend hommage qu’à Lui seul, le Très Haut, le Vénéré, le Riche, le Grand. Paix soit à celui qui marche dans le droit chemin. »
Une telle lettre équivalait au peloton d’exécution à l’époque. Mais il avait fini de démontrer du reste que s’ils tentaient de nouveau, la garde rapprochée de Badr n’était jamais loin comme les îles du Gabon en furent témoins.
Aussi l’assurance dans la démarche est symptomatique de cette constance. Étant certain que Dieu n’abandonne jamais celui qui est sur le droit chemin, le Cheikh des cheikhs fit preuve d’une assurance extraordinaire. Cette maîtrise, basée sur le concept Abrahamique du « Hasbounallah wani’emal Wakil », Serigne Touba en fit étalage dès les premières heures de la rencontre de Djewol. Seul un homme armé d’une confiance totale à Dieu pouvait aller à l’encontre des agents de la mort avec un tel flegme. D’ailleurs sur la route de Louga vers Saint-Louis il se mit à éperonner son cheval si vite que les fantassins eurent du mal à le suivre. Quand ces derniers lui firent la remarque de marcher doucement pour ne pas se fatiguer, il leur rétorqua : « Mais venez! Comment des hommes dépêchés par leur chef pour accomplir une mission se permettent-ils de marcher doucement ? »
Il était monnaie courante chez lui de se remettre à chanter le Prophète par des écrits de reconnaissance après avoir fait subir une sanglante défaite aux ennemis qui juraient de sa perte. Pendant la crise de 1903 par exemple lorsque la rumeur d’une invasion pour détruire ses terres construites pour l’adoration de Dieu se répandit ; Serigne Mouhamadou Lamine Diop Dagana un témoin oculaire de l’époque note dans l’abreuvage du commensal que ce qui était étonnant c’est que « le Cheikh demeurait si tranquille et leur répétait : Rassurez-vous, je jure au nom de Dieu qu’il n’y aura pas de mal » (…) »
Extrait Discours Serigne Khadim Gaydel Lô, Magal 2017
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