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La fraternité dans l’islam

Si nous devions choisir un terme pour qualifier la nature des rapports entre les Hommes, nous choisirions sans hésiter : la fraternité. Les Hommes ont besoin les uns des autres pour exister, en plus une société sans fraternité serait semblable à une maison en ruine.

L’islam incite le croyant en ce sens, il l’appelle à entretenir des liens d’entraide et d’amour. Notre Prophète, paix et salut sur lui, tenait ces propos : « Le lien qui unit le croyant à l’autre croyant est comparable à celui qui existe entre les pierres d’un édifice; elles se maintiennent les unes par rapport aux autres », et pour illustrer son propos il croisa les doigts. (Muslim)

  • La fraternité dans le coran et la sunna

A travers le terme de fraternité, il faut entendre non seulement amour, entraide, compassion mais aussi secours et solidarité. De nombreux hadiths et versets évoquent la fraternité et nos devoirs réciproques. On peut citer celui-ci: « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde » (s.49 v.10). Ici, l’emploi du mot frère souligne la force du rapport, il est question carrément de liens familiaux autrement dit les croyants sont donc intimement liés.  

En outre, Allah déclare: « O Hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez » (v.49 s.13). La connaissance des peuples induit inéluctablement la naissance de liens fraternels, d’entraide.

Notre Seigneur nous dit également : « Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. » Sourate Ali Imran, « La Famille d’Imran » verset 103. En plus des obligations de notre religion, ce verset nous rappelle les règles de la fraternité et il nous informe que les sentiments de brimade, de discrimination et d’hostilité qui brisent de manière générale les liens de tous les individus et en particulier ceux des musulmans sont des comportements de la période préislamique et donc de l’ère de l’ignorance. Une partie d’entre elle diminue la valeur de notre foi tandis que l’autre partie diminue la valeur de notre spiritualité.

« Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. » Sourate Al-Hashr, « l’exode », verset10.

Est ton frère, celui qui a cru comme toi et être rancunier à son égard est un péché.  

 Noman Ibn Bachir rapporte que le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Les musulmans, dans l’amour, l’affection et la miséricorde qu’ils se portent, sont comparables à un seul corps. Lorsqu’un membre est affecté, c’est l’ensemble du corps qui ressent la douleur et s’enfièvre ». (Bukhâri). En d’autres termes, nous ne formons plus qu’une seule et unique communauté, sans distinction de couleur, de langue ou encore de pays. Les différences se retrouvant tout bonnement balayées par le lien de fraternité.

Il y a eu entre les compagnons du Prophète (PSL), Saad b. Ebi Vakkas et Salman al-Fârisi, un comportement contraire à l’esprit de la fraternité. Il a été demandé aux personnes présentes de citer leurs généalogies alors même que Salam al-Fârisi se trouvait parmi eux. Après avoir longuement parlé de leurs ascendants, voilà que le tour de Salam al-Fârisî était arrivé. Il répondit calmement à ceux qui essayaient de le mettre dans une position embarrassante quant à ses ancêtres: « Vous désirez connaitre mes ancêtres ? Mon Seigneur m’a permis d’accéder à l’Islam. C’est pourquoi, je suis Salman, fils de l’Islam. » Lorsque Omar entendit ce qu’il s’était produit, triste et en colère, il donnait le message suivant à toute l’humanité: « Comme le sait les gens de Quraysh mon père Khattab était l’une des personnes les plus éminentes de l’ère de l’ignorance (Jahiliyya). Dorénavant ne m’appelez plus avec le nom de mon père car je suis également le fils de l’Islam Omar et le frère de Salman.» Rapporté par Bayhaqi, Shu’ab Al-Iman, IV, 286-287. Voici en réalité le degré de vertu moral et de compréhension que devrait atteindre tout musulman.

Le Prophète (PSL.) a dit: « Aucun de vous ne sera croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » Rapporté par Al-Boukhârî, 13.

Dans un autre hadith, il dit: « Allah augmente la gloire du serviteur qui pardonne aux autres » (Rapporté par Mouslim). En vérité en pardonnant, nous purifions nos cœurs de la haine, du sentiment d’animosité et d’hostilité. De plus, nous accomplissons le bien envers la société en ne causant nullement de trouble et en ne faisant guère régner un sentiment d’inquiétude.

Notre Prophète (PSL) nous dit: « Le musulman est le Frère du musulman, il ne l’opprime pas, il ne l’abandonne pas et ne le méprise pas. Celui qui apaise la peine d’un musulman, Allah lui apaisera une peine parmi les peines le Jour de la résurrection. Celui qui dissimule les défauts d’un musulman, Allah dissimulera les siens dans la vie d’ici-bas et dans l’au-delà. C’est là en que réside la crainte de Dieu (en disant cela il désigna sa poitrine). Rien n’est pire pour un homme que de mépriser son frère musulman. La personne du musulman est sacrée pour tout musulman ; son sang est sacré, ses biens sont sacrés et son honneur est sacré. » Rapporté par Mouslim.

Et dans un hadith, il dit: « Vous n’entrerez pas au Paradis tant que vous n’aurez pas la foi et vous n’aurez pas la foi tant que vous ne vous aimerez pas les uns les autres.» Rapporté par Mouslim, Al-İman, 93.

Ces hadiths mettent l’accent sur l’importance et la grandeur du devoir du croyant envers ses pairs.

  • La fraternité dans les enseignements de Serigne Touba :

Serigne Touba dit dans nahju hada-il hadj :

« La Voie de la Bonne Conduite consiste à montrer de l’indulgence au jeune, à l’instar d’un père et d’une mère, à respecter les grandes personnes

Et à traiter ton semblable comme toi-même, pour la face du créateur, qui occupe le Trône »

C’est à dire : La Voie de la Bonne Conduite, c’est que tu fasses preuve d’indulgence envers le jeune et que tu le traites comme son père l’aurait fait, avec tendresse, et sa mère, avec affection, et qu’ensuite tu respectes la grande personne, fut elle un esclave d’Abyssinie et que tu traites ton prochain comme tu voudrais qu’on te traite, et ce, pour la simple face de Dieu, le magnanime.

 « Et respecte les droits du détenteur de la majesté, le puissant, à leur endroit et pour sa face, comme l’expression du poète : « Sois clément – ô mon frère ! – envers l’ensemble des créatures et regarde-les d’un œil de bienveillance et d’affection. »

« Respecte les grands parmi elles ; fais preuve d’indulgence envers les petits parmi elles ; tiens compte, au-delà de chaque créature, des Droits de Celui Qui l’a créée.

On trouve dans la Sentence Prophétique : « Ma Communauté ne cessera de connaître le bonheur, tant que ses cadets considéreront leurs aînés et que ses aînés accorderont bienveillance à leurs cadets. »

Prends l’exemple de la conduite des Autorités Religieuses – que l’Agrément de DIEU le TRES-HAUT soit sur elles, toutes ensemble – ainsi, tu seras guidé dans la Bonne

 Partout où tu te trouves en compagnie des gens, au cours d’un voyage, assiste-les dans tout besoin qu’ils éprouvent

Offre leur ton service, surveille leurs montures et prends garde de leurs bagages en leur absence

Aide tes tous selon tes possibilités, mais trouve une excuse à leur égard Si tu es négligent »

Le Cheikh dit également dans jawharoun-nafis :

« Ensuite, il ne doit pas ridiculiser ou réprimander un musulman, ou l’injurier pour le confondre

Comme le regard porté sur le musulman et qui le toise, mais non celui dirigé sur le pervers, ou le transgresseur

 Mais il est un devoir pour lui (le Mukallaf), d’après la Législation, de manifester à celui-ci une froideur, dans le but de l’aider à se corriger »

C’est l’amour entre croyants qui engendre la fraternité et qui cimente la communauté autrement tout s’écroule. Sans fraternité, sans amour, sans union, l’équation n’est plus possible. Il ne faudrait pas oublier qu’: « Allah vient à l’aide du serviteur aussi longtemps qu’il aide son frère » (Muslim). En d’autres termes, venir en aide à son prochain (son frère) procure l’aide de son Seigneur.

Bien au-delà, la fraternité ne se limite pas à aider simplement son frère mais à souhaiter pour lui ce que nous souhaitons pour nous-même comme le dit notre bien-aimé, le Prophète, paix et salut sur lui : « Aucun d’entre vous n’est un véritable croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même » (Bukhari), d’où l’importance de l’union fraternel. L’islam dissipe la haine, la désunion et l’inimitié en prônant ainsi la fraternité: « Ne vous détestez pas, ne vous enviez pas les uns les autres et ne fuyez pas les uns les autres et soyez des serviteurs de Dieu, soyez frères. Il n’est pas permis à un musulman de fuir son frère au-delà de trois jours » (Bukhari).

Aussi bien dans les moments de joie que les moments de peine, la fraternité revigore et apaise les cœurs, elle contribue amplement à l’épanouissement sociétal. Les croyants bénéficient de plusieurs droits les uns par rapport aux autres comme s’adresser et se rendre le salut, répondre à l’invitation, rendre visite au malade, assister aux obsèques, aider l’autre dans les difficultés.

Rappelons que ceux qui partagent la nourriture et plus largement les biens nécessaires de la vie sont d’autant plus croyants puisque le prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Par Dieu il n’est pas croyant celui qui dormira rassasier et son voisin affamé ». L’hégire du prophète en est le parfait exemple. En effet, le Prophète, paix et salut sur lui, avait établi au début des liens de fraternité entre les émigrés mecquois (Mouhajirin) et les musulmans médinois (Ansar). En agissant ainsi il favorisa des actes de dévouement, d’amour et de sacrifice remarquables : « La nourriture d’une personne suffit pour deux ». Ceci en cohésion totale avec le commandement de l’entraide dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété dictée par Allah: « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété » (s.5 v. 2).

La fraternité peut se manifester à travers :

L’aide humanitaire : Elle représente la mise en pratique du verset : « Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez ». Le Coran illustre cette fraternité humanitaire à travers l’histoire de Zul-Qarnayn : « Ils dirent : « Ô Zul-Qarnayn, les Yajuj et les Majuj commettent du désordre sur terre. Est-ce que nous pouvons t’accorder un tribut pour construire une barrière entre eux et nous ? » Il dit : « Ce que Mon Seigneur m’a conféré vaut mieux que vos dons. Aidez-moi donc avec force et je construirai un remblai entre vous et eux. » » (s.18 v.94-96) ;

L’aide financière : Parmi les raisons de la prescription de la zakat, troisième pilier de l’islam, il figure l’entraide envers les nécessiteux. La zakat, œuvre d’utilité public, favorise ainsi une véritable solidarité sociale. En dehors de la zakat, on compte aussi des actes méritoires tel qu’aider son prochain avec une aumône. Le Prophète, paix et salut sur lui, a affirmé : « Celui qui s’efforce de rendre service à son frère quand il est dans le besoin, Allah est là pour lui rendre service ». Pour ainsi dire, celui qui fait du bien œuvre pour lui-même puisque ce bien retourne toujours vers lui : « Quiconque fait à Dieu un prêt sincère, Dieu le lui multiplie, et il aura une généreuse récompense » (s.57 v.11) ;

L’aide morale : Le prophète, paix et salut sur lui, dit : « Quiconque soulage un croyant d’une des situations affligeantes de ce monde, Allah le soulagera de l’une des situations affligeantes le Jour de la Résurrection. Quiconque rend les choses faciles à quelqu’une en difficulté, Allah lui rend les choses faciles dans ce monde et dans l’autre. Quiconque couvre un musulman, Allah le couvre dans ce bas-monde et dans l’autre. Allah aide son serviteur tant que celui-ci aide son frère » (Muslim). Cet hadith constitue une motivation idéale à la fraternité. Une fraternité qui se traduit par une assistance morale envers celui qu’un malheur frappe comme le fit Ibn Abbas lors d’une retraite spirituelle dans la mosquée. En effet, Il aperçut un homme triste et le questionna. L’homme lui révéla qu’il avait une dette envers quelqu’un, mais il ne pouvait pas le rembourser. Ibn Abbas lui proposa alors de se rendre chez cette personne en sortant de la mosquée. L’homme dit alors : « Mais n’es-tu pas en retraite spirituelle ! ». Ibn Abbas répondit avec les larmes aux yeux : « J’ai entendu le prophète dire : Pour celui qui se déplace pour aider un frère dans le besoin et résoudre son problème, la récompense sera meilleure qu’une retraite spirituelle de dix années ».

 En somme, la finalité de la fraternité est l’amour de l’autre en sachant qu’aimer son prochain revient à aimer Allah. A ce sujet, un homme était parti rendre visite à un frère dans un village. Sur le chemin Allah envoya un ange, sous forme humaine, à cet homme. L’ange lui demanda où se rendait-il, l’homme lui dit qu’il rendait visite à un frère dans ce village. L’ange lui demanda: « Y vas-tu pour lui demander un service ? ». L’homme dit : « Je vais le voir car je l’aime en Allah ». L’ange lui dit : «« Alors, je t’informe que je suis un ange d’Allah, et je t’annonce qu’Allah t’aime comme tu as aimé ton frère ». (Muslim)

Dès lors, il est temps de comprendre que la fraternité est essentielle dans cette vie aussi bien dans le domaine de la moralité que du relationnel sans quoi nous ne pouvons prétendre à un islam de croyance et d’humanisme. Par ailleurs, nous devons éduquer nos âmes pour œuvrer dans le bien en portant de l’intérêt à son prochain et ceci quel que soit sa situation. Pensons à ouvrir nos cœurs et à offrir notre amour pour Dieu. Gardons à l’esprit que le croyant ne goûtera à la foi que lorsqu’ « il aimera pour son frère ce qu’il aime pour lui ».

Tafsir Fall

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