Le caractère privilégié du Cheikh a été reconnu pendant les derniers jours de sa vie aussi bien par le fidèle adepte que l’ennemi hypocrite parce qu’attesté par ses conquêtes spirituelles exceptionnelles et l’adhésion massive des gens à sa confrérie et l’abondance autour de lui de toutes sortes de biens. Le même caractère est confirmé également par le témoignage d’un compagnon d’enfance, en l’occurrence Mbacké NIANG le patriarche d’Afé, qui m’a dit que lui-même et le Cheikh avaient été sevrés le même jour et avaient par la suite été envoyés à la même école coranique. Et Mbacké NIANG d’ajouter : « Depuis son enfance, votre père avait l’habitude de s’isoler. S’en étant aperçu, notre maître nous disait, quand nous allions apprendre nos leçons : “Allez apprendre avec application, mais éloignez-vous de Serigne Bamba ! Qu’aucun ne le rejoigne sous l’arbre où il apprend ses leçons, car il n’est pas comme vous” » ! Voyez cette différence déjà reconnue par ses parents ! Cette reconnaissance a été rendue possible grâce à sa politesse, sa douceur, son obéissance à leurs ordres et son refus de leur disputer un quelconque intérêt mondain, qualités qui ont écarté toute jalousie de la part de ses proches.
Voici du reste une curieuse anecdote racontée par Mbacké NIANG : « Par Dieu, le Cheikh est étonnant. Je me souviens qu’un jour durant notre enfance où nous sortîmes du village de Nioro (ancien fief de Maba Diakhou situé dans la province du Saloum comme nous l’avons dit précédemment), à peine avions-nous commencé notre marche qu’il s’arrêta et dit : « Reposons-nous un peu avant de poursuivre notre marche. J’ai l’impression qu’en ce moment les gens sont en train de se battre au Sine ». Cette province se trouvait à trois jours de route. Pourtant quand les soldats revinrent, ils affirmèrent que la bataille dirigée au Sine par Mahmud Ndari, le successeur du conquérant Maba cité plus haut, faisait rage à l’instant même où le Cheikh l’évoquait.
Extrait Minanoul Bakhil Khadim
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