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PASSPASS : La constance du Cheikh à l’origine de la pérennité de son Grand Magal

Si le Magal est un évènement qui échappe à l’usure du temps jusqu’au centenaire c’est qu’il consacre un homme de Dieu constant dans ses idées et dans sa pratique jusqu’à être hautement récompensé. Oui ! Cheikhoul khadim se définit d’abord par la constance. Une constance dans la parole et dans les écrits, de même que dans l’idéologie de paix et la reconnaissance réitérée au Seigneur qui l’a gratifié. En un mot le Magal commémore une constance : celle synonyme de la persévérance dans l’action, de la ténacité dans les idées, de l’opiniâtreté dans la démarche, de la fidélité face au pacte signé à Darou khoudoss avec le Prophète Mohammad (psl).

(…) A l’analyse de sa jeunesse à Mbacké Kadjor, du temps où il servit dans le Daara de son père comme assistant professeur, Serigne Touba semblait être diffèrent de tous. Sa vie ne se résumait qu’à l’adoration du Seigneur.  Évoluant dans un contexte de réelle corruption sociale, morale et politique, il comprit très tôt que le plus difficile serait de préserver la pureté de son idéal en ne se transigeant jamais de la lettre de la Sounna pure. Pour cela il choisit comme méthode la voie du Djihadul nafs qui se caractérise par des exercices de la mortification permettant de dominer ses passions. Il comprit que les vicissitudes d’une époque ne sauraient ex-nihilo transformer subitement la pureté de l’eau de Zam zam en acide. Dès lors il s’arcbouta dans les principes fondamentaux de la religion en entreprenant de faire de son wird principal le Saint Coran. 

Ainsi l’on comprend mieux ses décisions révolutionnaires de l’époque comme celle de ne pas succéder à son père comme cadi du roi ou de son détachement de toute voie soufie pour choisir la sienne. Tout ceci, démontrant si besoin en était qu’il ne transigerait jamais sur le concept de l’Unicité de Dieu.

Dès lors les prémisses d’une confrontation avec les Toubabs se dessinaient car ces derniers avaient une optique claire : faire douter les masses dans leur foi en essayant de ridiculiser les chefs religieux. Ne leur donnaient-ils pas le nom de cet oiseau oisif appelé Marabout ? Mais face à ce projet Serigne Touba comme d’autres resta stoïque. La particularité ici c’est qu’en trente-trois de privation de liberté, ils ne puissent avoir aucune preuve de l’amoindrissement de sa foi. La fermeté dans l’action devint alors son attitude face à cette action de terreur visant à faire douter un des plus saints.

A tout moment il sera prêt à proclamer l’unicité de Dieu. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser la prière devant le conseil privé ou la lettre magistrale qu’il servit en Mai 1903 à l’administration coloniale qui le convoqua dans un délai de huit jours pour s’expliquer sur ses présupposés agissements de rébellion armée.  Dans cette lettre conservée dans les archives du Sénégal, on note de sa réponse sèche que les sept ans d’exil n’avaient en rien attiédi sa constance. Il écrit à cet effet : « de la part d’Ahmadou fils d’Ahmadou au commandant Ndiareme : C’est le captif de Dieu qui rend cette réponse. Un captif de Dieu qui se suffit de son Maitre. Il fait connaître au commandant de Ndiareme que paix soit sur celui qui marche dans le sentier droit. Après ceci, il fait connaître qu’il a reçu sa lettre et lui fait savoir comme réponse qu’il est le captif de Dieu et ne reconnaît pas d’autre maitre que Lui et ne rend hommage qu’à Lui seul, le Très haut, le Vénéré, le Riche, le Grand. Paix soit à celui qui marche dans le droit chemin. »

Une telle lettre équivalait au peloton d’exécution à l’époque. Mais il avait fini de démontrer du reste que s’ils tentaient de nouveau la garde rapprochée de Badr n’était jamais loin comme les iles du Gabon en furent témoins.

Extrait discours Serigne Khadim Gaydel Lô, Magal Touba 2017

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