Dékheulé a 7 km au nord de Mbacké-Cayor où repose Mame Mor Anta Sally, la vénérée Sokhna Anta Ndiaye cousine germaine de Sokhna Diarra et mère de Cheikh Anta Mbacké et Cheikh Hafiya Mbacké tous frères de CHEIKH AHMADOU BAMBA.
C’est cette terre qu’avait choisie Mame Mor Anta Sally Mbacké comme sa dernière demeure. Le village semble, aujourd’hui, sombrer dans l’oubli, bien qu’il ait vécu un jour de gloire, le 26 octobre 1986, lors de la commémoration du centenaire de la mort de Lat Diop Diop. Le « magal » annuel dédié à Mame Mor Anta Sally est également un fait marquant à Dékheulé.
Deux communautés, wolof et peulh, cohabitent à Dékheulé dans le souvenir d’un passé commun et partagent la lutte contre les misères de l’oubli. De par la présence et de Mame Mor Anta Sally Mbacké, le village de Dékheulé aurait pu être un haut lieu touristique avec des activités culturelles régulières.
Dans la partie peulh du village de Dékheulé qui jouxte le site, on se souvient encore de cette journée du 26 octobre 1986 pour dire que depuis cette visite du président Abdou Diouf, ce site n’est plus que l’ombre de lui-même. Les vieux du village rappellent qu’on leur avait promis la construction d’un village moderne, doté d’infrastructures sociales de base comme une école, un poste de santé, un lotissement, de l’eau potable, de l’électricité, etc.
Cependant, la partie wolof du village prend son envol avec le « magal » annuel dédié à Mame Mor Anta Sally. Depuis 1975, date de la première rénovation du mausolée de Mame Mor Anta Sally sur instruction de Serigne Abdou Lahad Mbacké, différentes actions ont été menées pour l’entretien du site. Mame Balla Mbacké, membre de la commission culturelle du « magal » de Dékheulé, raconte que Serigne Abdou Khadre Mbacké, Serigne Cheikh Awa balla Mbacké ou encore Sokhna Fatou Dia, fille de Serigne Touba, avaient l’habitude de s’y rendre annuellement. Il a indiqué qu’au début, c’est Serigne Bassirou Mbacké qui organisait un « gamou » avant que Serigne Mourtada Mbacké décide d’en faire un « magal ». Le village venait d’être ravagé par un incendie, et Serigne Mourtada Mbacké a procédé à sa reconstruction avant d’y installer un de ses fils, Serigne Fallou Mbacké. Depuis lors, ce dernier y a installé ses quartiers et y tient un grand « daara » où étudient de nombreux enfants venus de tous les villages environnants.
Serigne Fallou Mbacké est revenu sur les raisons de la célébration de cette journée suivant les recommandations de son défunt père, Serigne Mourtala Mbacké. Le marabout explique que c’est dans la plus grande sobriété que cette journée se tient. Elle se résume essentiellement à la lecture du Coran, des « khassida », des prières pour l’illustre homme qui y est enterré, de son épouse Sokhna Anta Ndiaye Mbacké.
UN MAGAL ANNUEL DÉDIÉ À MAME MOR ANTA SALLY MBACKÉ
La communauté mouride célébrera le 22 février 2014 le « magal » annuel de Dékheulé dédié au père du fondateur de cette confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cette journée de prières et de communion a été une occasion de revisiter la vie et l’œuvre de cet homme.
De son vrai nom, Mohamed Abiboula Mbacké, on l’appelait Mor Anta Sally. À l’époque, on appelait Mor tous ceux qui avaient une grande connaissance des livres saints. Mor signifie, selon la tradition, l’érudit, l’agrégé. Son amour du savoir islamique l’a amené à faire de nombreux voyages dans les plus grands foyers religieux de l’époque pour apprendre toutes les doctrines. De retour au Cayor, plus précisément à Mbacké Cadior, il s’y installe définitivement et ouvrit son école. L’école de Mame Mor Anta Sally avait la particularité d’être un condensé de toutes les connaissances islamiques. Elle était très populaire et réputée complète en termes de connaissances dispensées.
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké était non seulement son élève, mais aussi son assistant dans la gestion. Leurs rapports étaient empreints de confiance et de respect mutuels, rapporte-t-on. Dans un ses livres, Serigne Touba parle de son père et le qualifie « d’imam des savants ». Mame Mor Anta Sally a demandé à être enterré à Dékheulé auprès de ses parents dans la foi. La fondation de certaines localités historiques lui est attribuée. C’est le cas du village de Khourou Mbacké (1854), Porokhane (1871), Patar (1876), lieu de résidence où reposent son fils ainé Serigne Baye Anta et son frère Cheikh Ibra Faty, Mbacké Cayor (1880), berceau du mouridisme. Il a fondé ce village à son retour du Rip où il officiait auprès de l’Almamy Maba Diakhou Bâ. Selon la tradition, c’est suite à une demande formulée par Lat Dior auprès de l’Almamy pour avoir un guide religieux que Mame Mor Anta Sally s’installa à Mbacké Kadior.
Le « magal » est donc le seul moyen de sortir ce village de sa torpeur habituelle due non seulement à son enclavement, mais aussi à son manque d’infrastructures. Le chef de village, Alé Diène, renseigne que Dékheulé est une cité essentiellement religieuse, agricole et pastorale. Il reconnait que son village est dépourvu presque de toutes les commodités infrastructurelles mis à part le poste de santé. Mais il s’en remet à Dieu en disant que la seule chose qui les préoccupent, c’est de se conformer aux recommandations du marabout dans la religion et la culture de la terre. Parlant du quotidien, Alé Diène souligne que le village, sur appui de Serigne Mourtala Mbacké de son vivant, a été électrifié et est approvisionné en eau potable. Un de ses rêves, c’est de voir l’école française du village ouvrir ses portes après la construction l’année dernière d’une première salle de classe.
Alé Diène estime qu’on ne peut pas parler de difficultés ou de besoins du village sans évoquer le bitumage de la route, de part et d’autre, vers Thilmaklha (à 3km) et vers Darou Moukhty en passant par Fass Touré. En effet, pou venir à Dékheulé, on peut passer soit par Mékhé, Pékesse, Thilmakha ou aller jusqu’à Darou Mousty pour rentrer par Fass Touré. Mais dans les deux cas, on sera accueilli par la latérite construite pour la première fois en 1986, à l’occasion de la visite du président Abdou Diouf lors du centenaire de la mort de Lat Dior Diop.
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