Discours Gamou 2018
Serigne khadim lo Gaydel
Chers talibés,
Voici un jour bien unique pour tout musulman ! Il est le jour de la venue sur terre d’un prophète, symbole de la miséricorde du Seigneur. Une telle venue est aussi la preuve si besoin en était que notre Créateur bienveillant se soucie de notre salut. En nous gratifiant d’un envoyé, Il met aussi à notre disposition tous les éléments favorisant notre réussite sociale et religieuse. Ceci est au-delà une marque de considération du Seigneur . Et cette gratification pour l’humain atteint son point culminant quand il s’agit de la naissance du Prophète Mohammed (PSL) . En effet l’apparition du sceau des Prophètes fut l’élément le plus décisif de la marche de l’humanité. Elle représente la fin de la période des ténèbres et l’avènement d’une civilisation musulmane telle que voulue par Allah.
Rien qu’en cela, la célébration de la naissance par l’action de Gamou mérite une attention soutenue.
Nonobstant pour vous population de Baghdad cette commémoration revêt un caractère particulier. Il est d’abord le jour le plus important de notre calendrier d’activités. Au demeurant elle correspond plutôt à l’achèvement d’une Autorisation séculière dont nous ne saurions déroger. Et apres plus de vingt ans de commémoration, nous ne pouvons que remercier le Seigneur de nous avoir couvert de la grâce Divine . Mais il ne peut qu’en etre ainsi car les prières de Serigne Saliou qui en fut l’initiateur et l’instigateur continueront toujours de couvrir cet evenement . S’il un tel evenement lui tenait a cœur c’est parce que le premier mouride de Cheikhoul Khadim – à savoir son fils Cheikh Saliou – comprit de tout temps tous les bienfaits qui en seraient attachés. A ce propos Cheikhoul Khadim nous renseigne dans Jazboul Quolob : Ta’zimuhu bis sunnati, yaquduna lil jannati, bihizdiyadul minnati, li mukhlisin mu’azzamu … Sa célébration conformément à la sunna nous conduit vers le paradis. Par elle, les bienfaits augmentent en faveur du sincère qui glorifie.
Fa man yu’azzim mawlida, nabiyinna babil huda, fala yuhasabu khada fahtariman wa azzimi … Quiconque célèbre la naissance de la meilleure créature, en l’occurrence le plus louange ; celui-là est comme un martyr ayant combattu à Badr et ce, sans illusion.
Fa kullu man anfaqa fi wawlidihil mucharrati, malan bi khayri sarafi, walaw bi qadri dirhami… Celui qui a fait une dépense à l’occasion de la célébration de son anniversaire en biens, sans gaspillage fut –ce l’équivalent d’un dirham .
Fa innahu kaman hadar, yawma hunaynin wa sabar. Wa yawma badrin wa nasar khayral wara mufahhimi..Celui-là est comme quelqu’un ayant été présent le jour de “hunayn “ avec patience et le jour de Badr puis ayant soutenu la meilleure créature qui facilite la compréhension
Fa man yu’azzim mawlida, nabiyinna babil huda, fala yuhasabu khada indal hisabi mufhimi …Celui qui célèbre la naissance de notre prophète qui est la porte de la bonne guidée ne sera pas contrôle demain au moment du règlement des comptes désarmant .
Pour tout musulman lucide, ce jour de Gamou correspond à l’avènement de la délivrance. Cheikhoul Khadim nous enseigne que cette nuit est bien celle que l’on attendait : bihan najatu wal falah ma’as tifa’in niqami… la nuit de la délivrance, de la prospérité accompagnée de joie et de réussite; celle de l’avantage et de la vertu avec l’éloignement des tourments.
Aussi le symbolisme qui entoure cette nuit de naissance permet de comprendre que rien ne sera plus comme avant. En effet, parmi les merveilles de la naissance, on note que le Palais de Kisra de l’empereur de Perse fut ébranlé et quatorze de ses balcons s’effondrèrent. L’eau du lac de Tibériade Sivah diminua, le feu de Fars en Perse s’éteignit (selon de nombreux récits, l’incendie perdura et fit rage pendant un millier d’années). La sécurité des Cieux fut augmentée, étant rempli de nombreux gardes empêchant les démons de se cacher.
On serait tente de dire que ce symbolisme est a juste titre du fait de la place de choix du prophète Mohammed (PSL). En effet lorsque le Seigneur rendit le décret Divin de la création ; il commença par la Réalité mohammadienne. De cette réalité découle l’existence de tous les mondes, supérieurs et inférieurs, et de tout cela englobe comme écosystèmes. Allah offrit même un privilège à Sayyidina Muhammad (PSL) en l’informa de sa Prophétie, alors qu’Adam n’avait rien d’âme et de corps.
Un autre symbole corrélatif est le suivant : Quand Allah a créé Sayyidina Adam (PSL), Il lui a inspiré ceci : « Oh, Seigneur, pourquoi m’as-tu donné le surnom d’Abou Muhammad (le père de Mohammed) ? » Allah lui répondit : «Oh, Adam, levez la tête ». Il leva la tête et vit la lumière de Seyyidina Muhammad (PSL) dans la canopée du Trône. Quand Adam demanda ce qu’il en était, Il lui répondit : «C’est la lumière d’un Prophète de votre progéniture. Son nom dans les cieux est Ahmad, et sur la Terre, il est prénommé Muhammad. Si ce n’était pas pour lui, vous ne serez pas, ni le ciel, ni la terre ».Voilà pourquoi Cheikhoul Khadim écrit à ce propos dans le Jazboul Quolob : Salli ‘ala man ju’ila .khayru nabiyin fuddila .hina abunan jadala fi timihi wa azzimi… Prie sur celui qui a été consacré meilleur prophète, rendu précellent lorsque l’aïeul était voilé dans la boue et glorifie-le. »
Quel bel état alors pour le meilleur du genre humain dont Cheikh Ahmadou Bamba semble en saisir la quintessence plus que tout le monde. Serigne Touba fit de la quête de la réalité mohamadienne la raison unique de sa vie sur terre. Dès l’entame de sa vie, il vit naître et grandir en lui un amour inégalable pour l’élu. Ainsi, ne décidait t-il d’aller immigrer vers Médine sachant que son rapprochement du Tombeau du Prophète était la seule manière dont il pouvait abreuver sa soif. Il l’aimait plus que tout au monde et ce dernier le lui rendit bien en le décorant du titre de Khadim Rassoul.
La célébration du Prophète Mohammed (PSL) s’impose pour tout musulman car le lion de Badr développa des qualités morales exceptionnelles. Bon guide, il est aussi celui dont les pierres de la rue disaient des bénédictions. De même, les gouttes de sa sueur furent collectées comme parfum par ses disciples. Jusqu’à la naissance du dernier messager de Dieu, le 17 Rabi `ul Awwal en l’an de l’Eléphant (Aam` ul-Fill) [correspondant à 570 de notre ère], les peuple étaient dans une grande pauvreté de pensée, d’attitudes individuelles et sociales. La péninsule arabique, par exemple, était atteinte d’une crise sociale, économique et politique. Le prophète apporta une révolution radicale au niveau des mœurs. Ainsi certes il fut le seul qui le fit en une nuit, le Miraj. Mais son plus grand miracle fut d’entreprendre la libération de l’humanité. Comme une lampe qui éclaire (Siraj am Muniira), il entreprit une reforme sociale qui sauva les peuples. Le Coran en atteste amplement dans ce verset : Sourate 21 :107 Wama arsalnaka illa rahmatan lil’alamiina (Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers).
Ainsi, il apporta une religion de paix, de justice et d’ouverture d’esprit. Mais qu’en est-il de cet héritage aujourd’hui ?
Si l’on jette un regard critique sur la situation du monde musulman ; on dénombre beaucoup de contraintes. Les événements qui ont émané de ces dix dernières années sont amers. Que cela soit dans la région d’Irak, en Syrie, au Yémen, en Cisjordanie, à Gaza, en Birmanie les crises se succèdent dans la Oummah. Si elles ne sont pas l’œuvre des états musulmans eux-mêmes engagés dans une folle course de contrôle idéologique ; elles opposent ces mêmes états musulmans à d’autres. Face à un tel état de fait ; il est impératif pout tout musulman soucieux de sa foi d’appréhender cette réalité et de déterminer son devoir individuel envers la nation islamique. Cette responsabilité est individuelle de prime abord car elle ne saurait être laissée à la charge des érudits religieux, des élites intellectuelles et politiques ou des états islamiques tout court dont les intérêts divergent parfois de la masse . Nous devons tous travailler à trouver un remède à la grande souffrance dans laquelle le monde musulman est plongé.
Dans cette dynamique il est de notre responsabilité personnelle de confronter les gouvernements musulmans sur leur conduite si cela s’avère nécessaire. Au demeurant, les peuples doivent exiger de la part de leurs élus l’exemplarité et demander une réponse concrète par rapport à leurs actes. Par exemple, le dernier assassinat du journaliste Kassogghi en Turquie par un groupe en recherche de légitimité politique en Arabie Saoudite devrait émouvoir plus d’un chacun. L’islam est le premier à défendre le droit à la critique. De surcroit, le coran demande de considérer l’incrédulité et le crime comme ennemis.
En outre, des solutions concrètes devraient être apportées aux problèmes d’analphabétisme ou de mal alphabétisation. Dans le cas du Sénégal qui nous concerne, il est nécessaire de trouver des solutions qui durent face à la crise de l’école Sénégalaise. Ce pays ne pourra jamais se développer avec l’état actuel de l’enseignement. En cela nous passons même outre le débat sur le fait de prendre les réalités locales telles que prônées par Cheikh Anta DIOP ou la promotion du franco Arabe telle que faite par Cheikh Mourtalla . Mais un pays où le corps estudiantin est en grève quatre mois de l’année scolaire avant de passer le bâton aux au corps enseignant ne peut prétendre à aucun développement, quelque soit la quantité de pétrole et de gaz trouvée en son sous-sol.
Aussi il ne faut surtout pas que la communauté musulmane se confonde dans le sectarisme et la division. En cela nous les oulémas devront se garder de s’identifier sur les divergences interconfessionnelles pour adopter une attitude de passivité. A contrario cette terre de Bagdad est le symbole de cette union. Elle se voit fouler tous les jours par tous les Oulémas de toutes les voies. Ma relation si étroite avec le khalife de Ndiassane en est une illustration. Sa disparition est une perte pour toute la Oummah et que Dieu lui rétribue a juste titre le travail sans relâche qu’il accomplit pour l’union de la Oummah. Les musulmans doivent s’identifier comme appartenant à une seule et indivisible communauté. La même croyance d’Idah et la même foi Iman doivent être les armes qui doivent nous permettre de battre en brèche le territorialisme national. Certes, nous aurons des divergences et des différences d’opinion. Cependant cultivons entre musulmans la civilité dans la démarche. En cela, les guides politiques ont un rôle de premier plan à jouer. Il faut pacifier l’espace politique en se gardant de certain discours, particulièrement en cette période d’élections. Deux leaders politiques appartenant à la communauté confessionnelle et ayant fait allégeance au même guide qui est Cheikhoul Khadim doivent prendre de la hauteur et se garder de certaines attitudes a tout moment de campagne électorale .De même qu’ils se gardent de politique politicienne ou de faire des promesses électorales qu’ils ne pourront point tenir. Qu’il symbolise la sanction d’un régime ou l’approbation de la démarche ; le vote est une action de citoyennete participative. Donc je vous exhorte vous mes talibes de retirer toutes vos cartes d’électeurs pour exercer ce droit ! Mais après le vote, donnons-nous la main pour tacler sérieusement les problèmes dont ce pays est confrontés que ce soit au niveau économique et au niveau social. Une prospérité ne peut se faire dans la désunion. Il me plairait un jour de voir un slogan sérieux de benno defar Sénégal réunir tous les acteurs de la vie politique sénégalaise.
Aussi je ne saurais finir sans présenter mes remerciements les plus vifs à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette Gamou 2018 ; en commençant par le khalife général des mourides et les autorités politiques. Aussi une mention spéciale à mes talibés du monde entier. Votre fidélité à ma personne et votre engagement quotidien pour la réussite de la mission que Cheikhou khadim m’a confiée est à louer. Je vous tiens dans mon cœur et mes prières pour tout un chacun de vous sont quotidiennes.
Serigne khadim lo gaydel
