Le troisième khalife général des mourides, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké naquit le 23ème jour du mois de Ramadan de l’an 1332 de l’Hégire, soit en 1914 du calendrier grégorien, à Diourbel. Sa mère s’appelait Sokhna Mariama Diakahté. A sa naissance, son vénéré père Cheikh Ahmadou Bamba lui prédit un destin hors du commun, et en présence de ses plus proches disciples le Cheikh déclara à cette occasion : « Priez pour lui afin qu’Allah lui accorde longue vie car, en lui, je place un espoir immense. »
Serigne Khadim Gaydel Lô, à travers un témoignage sur son illustre guide Serigne Abdoul AHad, est d’ailleurs revenu en large sur la grandeur de celui que l’on appelait si affectueusement le bâtisseur en ces termes : « Il est avant tout un homme d’une grande pureté qui a marqué son temps par sa véracité exemplaire. Mais Serigne Abdoul Ahad était également un modèle qui a marqué son temps avec ses sermons éloquents, son identité mouride cultivé et son dynamisme affiché. Il avait une foi inébranlable envers Serigne Touba. Il ne s’est jamais regardé comme un membre de la sainte famille de Serigne Touba mais un disciple véridique de son Maître. Il était un homme doté d’un engagement infaillible, perpétuel et sans relâche envers le Serviteur du Prophète. »
Pour ce qui est de ses réalisations, toujours dans le cadre de son témoignage sur la vie et l’œuvre de Serigne Abdoul Ahad, Serigne Khadim Lô nous apprend que :
« Serigne Abdoul Ahad a initié dans le mouridisme des travaux de grandes envergures dont l’extension de la cité religieuse. En effet, Il avait lotissé de multiples hectares de terrain qu’il cédait moyennant la somme symbolique de 50f par terrain. Il affirmait que chaque mouride doit avoir une maison à Touba qui sera le témoin de sa maison au paradis devant Serigne Touba. Il avait en même temps renforcé l’éclairage dans toute la ville de Touba.
Dans le domaine sanitaire, Touba avec son statut de communauté rurale n’avait que des infirmiers d’état, Borom Bellel s’est distingué en réclamant pour la ville des médecins et des hôpitaux qui seront construits au fur et à mesure durant son khalifat. On peut citer ainsi l’hôpital de Ndamatou.
En voirie, L’éclairage et la réhabilitation du marché Ocass, jadis très sombre et salle, fait partie de ses réalisations à Touba. Il avait créé aussi beaucoup de routes, une gare routière et particulièrement une autoroute à 2 voies à l’entrée de la ville de Touba qui réceptionne chaque jour d’importantes délégations étrangères.
Connaissant les enjeux de la sécurité, Serigne Abdoul Ahad avait initié une politique de sécurité publique méconnue mais très réussie en créant un poste de gendarmerie et en autorisant l’utilisation des chiens de la Légion de Gendarmerie d’Intervention de Mbao pour lutter contre les narcotrafiquants. A l’incompréhension de cette initiative d’amener des chiens à Touba, il énonça une phrase qui est restée gravée à jamais dans les mémoires : « Les chiens ne peuvent être reconnus que par des chiens» ; une réponse courte mais qui a suffi à calmer les chuchotements à l’époque.
Pour solutionner le problème de l’eau potable à Touba, Cheikh Abdoul Ahad entama un vaste programme de construction de plusieurs forages dont celui qui porte aujourd’hui son nom qui est à Darou Khoudoss et qui a été inauguré avec le président Senghor. Ce forage Baye Lahat et celui de Ndamatou figurent parmi les plus importants.
Cheikh Abdou Ahad a fait revivre la source d’eau bénite de Aynou Rahmati en affirmant sa suprématie sur toute autre source bénite à Touba. Il transforma ainsi le puits en forage tout en recommandant aux mourides de le consommer pour y trouver la grâce de Serigne Touba.
Durant son magistère, le monde intellectuel mouride était très dispersé et peu représenté. Conscient de l’enjeu, Baye Lahad mena un combat de sensibilisation pour motiver les jeunes intellectuels mourides au sein des universités et des écoles à se regrouper et former des Dahiras au service du mouridisme. Lorsque des étudiants ont créé un cadre dénommé « jeunes mourides », il remplaça ce nom par un autre nom propice tout en leur sermonnant que Serigne Touba n’a pas de « seun (poubelle en wolof)». Ainsi s’affirmaient les premiers intellectuels mourides à savoir Abdoulaye Wade, Cheikh Bamba Dieye, Madické Niang, Atou Diagne etc…. ;
Sur le plan culturel et religieux, il avait imposé un changement de comportements radical à tous les mourides, basé sur un engagement véridique. Il recomposa même le langage des disciples grâce à son éloquence et ses vertus linguistiques. Cheikh Abdou Ahad avait aussi renforcé les liens avec les familles des cheikhs et grands compagnons de Serigne Touba.
Son amour pour l’éducation et la science était très élevé. Il insista sur le fait qu’un érudit de la dimension de Cheikhoul Khadim doit avoir sa propre bibliothèque. A cet effet, il créa Daaray Kamil ou la bibliothèque KhadimRassoul. Pour l’équiper avec de grands ouvrages du monde islamique, il envoya une délégation composée entre autre de Serigne Moustapha Saliou et de Serigne Modou Mamoune Niang en Egypte à la bibliothèque islamique de l’université d’Al Azhar. Tout ceci pour permettre aux habitants de Touba d’avoir accès aux grandes œuvres islamiques.
La mosquée de Touba fut au centre des grands travaux de Cheikh Abdou Ahad Mbacké. Après que son khalife et grand frère Serigne Fallou Mbacké eut construit et inauguré la grande mosquée de Touba de la plus belle manière, Serigne Abdoul Ahad s’est donné la mission de l’étendre des quatre cotés pour augmenter la surface de prière. Ainsi, l’extension du joyau de Touba fut entreprise avec des objectifs clairs.
Il avait aussi lancé un appel pour la construction d’une grande résidence au nom de Serigne Touba. Il appela ainsi le projet « Keur Mag Moom » qui a connu un franc succès. Cette résidence entièrement financée par les mourides servait de lieu d’accueil et d’hébergement pour les hôtes de Touba… »
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