Yoone Wi

Serigne Abdou Khadre Mbacké: l’orthodoxie et le soufisme


Faire l’hagiographie, si sommaire soit elle, de Serigne Abdou Khadre MBACKE équivaut à se livrer à un exercice délicat eu égard à la dimension spirituelle incommensurable de l’homme.

Fils du très vénéré Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE et de la pieuse Sokhna Aminata BOUSSO (nièce de la sainte Mame Diarra BOUSSO),

cet ascète est né en 1914 une certaine nuit de vendredi de Mouharram (1e mois suivant le calendrier musulman) à Dâroul ‘Alîmil Khabîr plus connue sous le nom de Ndâme (petite localité située à quelques encablures de Touba).

Le jour de la cérémonie baptismale, Serigne Touba ordonna à son frère Mame Thierno Ibrahima d’aller présider l’office religieux. Par la même occasion, le saint-homme révéla à son homme de confiance que, par la grâce du nouveau-né, tous ceux qu’il rencontrera à l’aller comme au retour auront la Félicité dans l’au-delà.

Par conséquent, ceci pouvant expliquer cela, il n’était pas étonnant d’entendre que quiconque avait la chance de prier derrière Serigne Abdou Khadre verrait ses péchés absous. Au demeurant, un Hadith du prophète (PSL) nous apprend que « quiconque prie derrière quelqu’un qui jouit de la Miséricorde divine bénéficiera d’une rémission de ses péchés ».

Serigne Abdou Khadre a rempli les fonctions d’imam pendant vingt deux ans. C’est en effet suite au rappel à Dieu de Serigne Fallou MBACKE en 1968 qu’il accéda à cette dignité. Ces deux éminentes figures dont les mères ont le même patronyme que les « Mbousôbé »(famille de Sokhna Diarra) furent les seuls à assumer de façon concomitante les fonctions sacerdotales d’imam et de Khalif général des mourides.

Il convient de faire remarquer que Serigne Abdou Khadre n’assura la présidence de la prière du vendredi à la Grande Mosquée de Touba que pendant son séjour dans les lieux saints de l’Islam: il effectuait alors le pèlerinage à la Mecque. Il tenait à ce sacerdoce comme à la prunelle de ses yeux; c’est pourquoi les rares fois qu’il quittait Touba et quelles que soient la durée de son séjour et la délicatesse de sa mission, il retournait toujours le jeudi au plus tard à la ville sainte pour les besoins de la prière du vendredi.

Par ailleurs, Boroom Bagdad s’apprêtait à accomplir les cinq prières quotidiennes en revêtant ses plus beaux habits en vertu du verset coranique:  » ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de Salât, portez votre parure » (S 7 V 29).

En vérité, ce grand soufi s’est, sa vie durant, scrupuleusement conformé aux recommandations du Coran jusqu’aux menus détails, comme l’illustre cette anecdote pour le moins insolite:un jour les haut-parleurs de la Grande Mosquée de Touba diffusaient des versets coraniques et, au cours de l’audition, il repéra un verset devant déboucher sur une prosternation. Le saint homme qui était alors chez lui, devant une assistance médusée, descendit de son siège et se mit à se prosterner.

Cheikh Abdou Khadre fut initié au saint coran par son très-vénéré père qui le confia ensuite à Serigne Ndame Abdourahmane Lô auprès de qui il paracheva l’apprentissage coranique. Au terme de sa maîtrise du coran, il fut envoyé par le CHEIKH chez son oncle maternel Serigne Mbacké BOUSSO qui lui apprit les sciences religieuses.

Serigne Abdou Khadre fut remarquable de par son érudition et de par l’adoration de DIEU à laquelle il se livrait constamment. Il fut intransigeant dans l’exécution des actes de dévotion, notamment le deuxième (2e) pilier de l’Islam. A l’approche de l’heure de la prière, au milieu de l’assistance, il prit soudainement congé et d’un pas alerte se dirigea vers la mosquée qu’il eut construite dans son domicile. Il tint naturellement une telle détermination et un tel dévouement vis-à-vis de son SEIGNEUR de Cheikh Ahmadou Bamba dont toute la progéniture a hérité de ces qualités.

Du reste, tout chez cet imam rappelait le fondateur du mouridisme: le retentissement de son takbîr i.e la formule Allâhou Akbar, la résonance de sa voix, la délicatesse de son gestuel, la vélocité de sa démarche, sa vivacité et la spontanéité désarçonnante de ses réponses toujours empreintes de sagesse.

Cheikh Abdou Khadre se distinguait également par la crainte révérencielle de DIEU (Taqwâ) et par le culte de l’unicité divine (Tawhîd) avec toute la rigueur qui sied. A titre d’exemple, il n’hésitait pas à corriger un disciple qui appelait quelqu’un par le nom « Samad » (un des noms divins difficilement traduisible en français) en lui signifiant qu’on devait dire « Abdou Samad » (adorateur de DIEU).

Quatrième (4e) Khalif général du mouridisme, Cheikh Abdou Khadre succéda à Serigne Abdou Ahad MBACKE et n’assuma cette fonction que pendant onze (11) mois (du 19 juin 1989 au 13 mai 1990).

Ce sunnite hors pair introduisait toujours le pied droit en entrant dans une pièce et était souvent enturbanné, le pan du turban rabattu derrière à l’image du prophète (PSL). Sa simplicité vestimentaire ainsi que sa sobriété alimentaire furent exemplaires. Serigne Djily MBACKE était tellement frugal qu’il demanda un jour si une personne put manger la totalité d’un jaune d’oeuf!

Cheikh Abdou Khadre a fondé les localités de Bagdad et de Boustane où il avait des daaras et des domaines agricoles. Le travail est en effet un acte de dévotion en Islam et un pilier fondamental dans le mouridisme.

A l’instar de tous les fils de Cheikhoul Khadîm pour qui il vouait un très grand amour, Serigne Abdou Khadre troqua ce lien filial (père-fils) contre une relation spirituelle (maître-disciple). Lorsqu’on disait de Serigne Touba  » amul moroom » (il n’a pas son semblable), il rétorquait « moroomanté wul » (il est inégalable!)

La vie de l' »Imam des imams », privilège exclusif unanimement conféré (ce titre de reconnaissance lui fut du reste publiquement reconnu par le regretté Elhadji Mawdo Sylla, imam de la Grande Mosquée de Dakar), aura été marquée par la conformité aux recommandations divines, l’attachement indéfectible à la sounna de l’Envoyé de DIEU (PSL) et le service utile à ses confrères musulmans.

Il aimait bien le vocable « istiqâma » (rectitude) qu’il prodiguait aux disciples dans toutes ses recommandations. Le prophète reçut cette injonction divine: « demeure sur le droit chemin comme je te l’ai ordonné » (S11 V 112). Il nous fit cet aveu comme quoi c’est à force de penser à ce verset que ses cheveux eurent très tôt blanchi.

Puisse le TOUT-PUISSANT, par considération pour le Prophète Mouhammad (PSL) et par la grâce de son éminentissime Serviteur Khadim Rassoûl agréer l’oeuvre titanesque de Serigne Abdou khadre et nous faire bénéficier de son halo de sainteté et de spiritualité!

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