« Cheikh Abdoul Ahad est avant tout un être d’une grande pureté qui a marqué son temps par sa véracité exemplaire. Il était certes un modèle qui a fait l’unanimité avec ses sermons éloquents et pleins de sens, son identité mouride cultivé et son dynamisme affiché. Il avait une foi inébranlable envers Serigne Touba. Baye Lahad ne s’est jamais regardé comme un descendant du Cheikh, mais il se comportait toujours comme un disciple authentique envers son Maître Cheikh Ahmadou Bamba ; d’où son engagement infaillible, perpétuel et sans relâche envers ce dernier, et ses propos peuvent en témoigner : « à chaque fois qu’un travail voué à Serigne Touba est bouclé, qu’on en commence un autre. » Servir le fondateur du mouridisme était sa raison d’être. Dans l’éducation qu’il dispensait, le principe de « l’engagement » (djàyanté), revenait fréquemment, d’ailleurs il le définissait comme un aller sans retour.
Le véridique. Voici le mot idéal pour qualifier le tempérament et la manière d’être de Cheikh Abdoul Ahad Mbacké car il avait un penchant inconditionnel pour la vérité en toutes circonstances. Ce qui a d’ailleurs valu, à tous ceux qui ont subi son éducation, un comportement véridique dans la droiture absolue.
Serigne Aboul Ahad était, également, d’une piété incomparable, un grand homme de Dieu. Il passait toute la nuit à prier, et juste après la prière de l’aube il buvait du café Touba avant de se mette à déclamer lui-même, haut et fort, les xassaïdes de Khadim Rassoul.
Les deniers moments de Cheikh Abdoul Ahad furent d’une rare émotion, surtout pour ce qui est de ses dernières communions avec les disciples. En effets Bay Lahad s’est d’abord entretenu avec les fils de guides religieux dont il avait en charge l’éducation spirituelle et leur fit savoir, entre autre, que l’avenir leur réservait un meilleur sort comparée à leurs ascendants ; à cette rencontre il y avait en ma présence de Serigne Cheikh Diaxao ibn Serigne Bassirou Sarr, entre autre. Ce fut ensuite autour des enfants, puis des femmes. Enfin le prédécesseur de Serigne Abdoul Khadre Mbacké au khalifat de Serigne Touba s’en alla rencontrer les disciples résidants (ndogos tarbiya) pour leur révéler où était Serigne Touba et quel était la finalité de leurs actions.
Pour ce qui est de ma relation avec Cheikh Abdoul Ahad, nous avions une relation tellement proche au point qu’il passait parfois des nuits entières avec moi dans une même pièce, chose qui semblait d’ailleurs assez symbolique aux yeux de Serigne Souhaïbou Mbacké, son frère maternel. Khadim Bamba était le patronyme par lequel il m’appelait et il suivait à la lettre mes études. En plus, Cheikh Abdoul Ahad s’occupait personnellement de tout ce tout ce qui touchait à mon bien être et à mon éducation. Il fut le premier à m’offrir le « wird makhouze » (symbole de la mouridiya), en soulignant à Serigne Moustapha Lô mon père, que mon bas âge ne pouvait en aucun cas être préjudiciable à son usage, car le bien n’est jamais trop tôt pour un homme bien.
Un Jour Cheikh Abdoul m’a dit: «Tout ce que tu as à dire, c’est tout ce que tu préfères. Je suis sûr qu’il était autant que possible. »
Propos recueillis par khadimrassoul.net en 2012
