Jar Jaari Serigne Touba

Jar Jari Serigne Touba [2]: Bamba; l’incarnation de la résistance et ses adeptes

Son fondateur, Ahmadou Bamba (1850 ou 55-1927), appartenait à une famille installée depuis plusieurs générations dans le pays wolof (au Djolof particulièrement). De tradition islamique ancienne, elle avait cependant entretenus des relations étroites et noué des alliances avec des alliances avec des dynasties royales comme celle des Guééj.

Son père, Momar Anta Sali, avait été nommé cadi du royaume par le Damel Lat Dior (qu’il suivit dans son exil au Saloum, auprès de Maba) dont il avait épousé la nièce. Ahmadou Bamba, lui-même, vécut un moment dans l’entourage du souverain sans doute en compagnie de son père, avant de prendre ses distances pour parfaire ses connaissances et se consacrer à Dieu. Il parait qu’il exerçait des pressions sur son père pour qu’il renonce à son importante fonction de Cadi du Damel. Il aurait désavoué cette collaboration suspecte qui obligeait à rendre des jugements inspirés par le pouvoir et qui pouvaient être contraire aux lois islamiques. Il aurait condamné aussi l’attitude du célèbre marabout Khâli Madiakhaté Kala qui avait pris la succession de son père.

Sa réputation de savant et de saint lui attira rapidement beaucoup d’adeptes, au lendemain de la conquête, à la fin du XIXe siècle et au début du XXème. La confrérie qu’il créa au Baol attira des fidèles issus non seulement de cette région mais venant aussi du Cayor et du Djolof…

Ces adeptes étaient, souvent, des tiéddos (aristocrates, notables, hommes de castes, esclaves de la couronne) nouvellement convertis qui, ne pouvant plus soutenir ou servir la monarchie défunte, embrassaient l’islam et se mettaient au service du grand marabout qui refusait de se compromettre avec les conquérants et apparaissait, dès lors, comme une figure de proue de la résistance nationale. Les militaires français avaient employé des méthodes brutales pour briser la monarchie et soumettre les populations; les guerres incessantes contre les chefs politiques s’accompagnaient d’incendie de village, de capture de personnes, de rafles de bétail, d’enlèvement de greniers. La destruction du pouvoir, qui par elle-même décapitait la société et la privait d’organisation sociopolitique, était source de traumatisme aggravé par les violences de la conquête qui affectaient sévèrement les populations. Celles-ci n’avaient d’autres recours, pour suivre et se réorganiser, que de se mettre sous la protection des marabouts qui sont apparus, à cette période de crise, comme étant leurs chefs spirituels et temporels. Cheikh Ahmadou Bamba se révélera comme le guide, par excellence, de tous ceux qui ont subi le plus durement le choc de la conquête sans pour autant renoncer à la résistance qui était pour eux une sorte de survie. Celle-ci prendra une forme religieuse, la seule possible après la défaite des chefs politiques. C’est une forme de lutte courante que l’on observe chez des populations traversant une crise sociopolitique profonde. A la suite des conquêtes par des étrangers.

Nous avons vu que la conversation à l’islam, sous la monarchie païenne, était un refus de ce régime et particulièrement, de la traite esclavagiste qu’il pratiquait; après la conquête, elle sera un refus de la défaite et de la colonisation. Cheikh Ahmadou Bamba apparaît, aux yeux des masses, comme l’incarnation de la résistance et du nationalisme wolof…

Serigne Khadim Gaydel Lô

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